Dimanche, pour notre commun vouloir de vie commune

Vendredi 22 Février 2019

Le vote, c’est dimanche. Les Sénégalais sont appelés à élire celui qui sera amené à présider à leur destinée pour les 5 ans à venir. Ce premier tour offre le choix entre la continuité avec un président sortant, qui se prévaut d’un bilan, et ses 4 opposants qui proposent chacun une nouvelle dynamique, exposée pendant ces 21 jours de campagne électorale. C’est une chance, un honneur, un privilège pour le citoyen appelé à procéder à un tel choix. Par conséquent, il en découle une lourde responsabilité pour celui qui sera désigné vainqueur par les urnes. A lui de mériter la confiance des Sénégalaises et des Sénégalais dans un pays où presque tout est urgence et priorité : santé, formation, éducation, infrastructures, emplois, services sociaux de base, sécurité, etc.
 
Mais pour le prochain président de la République, il s’agira surtout de consolider notre commun vouloir de vie commune partant des débats agités au sein de l’opinion ces dernières années.  Il y a d’abord le renforcement des bases de notre système démocratique. A l’épreuve des différentes échéances électorales, l’on constate une nécessité de faire ancrer davantage la culture démocratique dans notre pays. La démocratie ne relève pas d’une simple formule. C’est une culture. Ce n’est pas simplement le suffrage universel, c'est-à-dire la possibilité d’aller déposer son bulletin dans une urne électorale. Une simple élection ne fait pas la démocratie. La démocratie, ce ne sont pas seulement des textes de loi. Elle repose aussi sur des valeurs qui ne sont pas forcément des règles codifiées, mais ont toutes leur place dans l’ordre social et impriment une culture démocratique qui fait que, par exemple, lorsqu’on perd une élection, on reconnait sa défaite et félicite son challenger. C’est éviter de marginaliser l’opposition, ne pas réprimer tout point de vue contraire à celui de la majorité, s’abstenir de modifier les règles constitutionnelles pour s’éterniser au pouvoir, assurer une justice pour tous.
 
Parmi ces valeurs, il y a aussi le respect de la parole donnée, faire valoir le mérite républicain en mettant en avant la compétence. La démocratie, c’est aussi la stabilité des institutions. Un pays a besoin d’institutions capables, fiables, et transparentes avec un parlement puissant et non une simple chambre d’enregistrement, avec des parlementaires qui ne sont plus confinés aux applaudissements. Il faut aussi des forces de sécurité bien formées, des juges et des journalistes indépendants, un secteur privé et une société civile forts.
 
Il y a ensuite le renforcement de la gouvernance. Ces dernières années, la gestion des affaires publiques a été au centre des débats de nos concitoyens. Au sein de l’opinion, il y a un réel besoin de transparence et de bonne gouvernance. La gouvernance est devenue une dimension clé des politiques et réformes en faveur de la lutte contre la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement économique. Face à une demande sociale complexe et croissante, elle est devenue une dimension du bien-être des populations et un facteur-clé de succès dans la gestion des politiques de développement. 
 
Cette transparence postule l’accès des citoyens à l’information, la publication des délibérations et le débat public, la responsabilité des gouvernants, la reddition des comptes. Lorsque le gouvernement fait de la culture du secret sa marque, cela aura pour conséquences : le renforcement des inégalités dans l’accès à l’information, le renforcement des prérogatives de l’administration face aux citoyens, l’impossibilité d’assurer un contrôle de légalité des actes de l’administration, le développement des formes dévoyées d’information qui prennent les contours de la propagande, le développement de la corruption, la patrimonialisation du pouvoir, etc. Si la transparence se veut l’opposée du secret, il n’en demeure pas moins nécessaire de préserver une zone de confidentialité dans l’action publique. Cela peut être le cas dans le domaine de la sécurité. Mais dans le cas d’espèce aussi, il faut s’ingénier à assurer un secret transparent. 
 
Il y a enfin la préférence nationale, sujet qui s’est largement invité dans le débat avec la présence des multinationales et du capital étranger et français en particulier. Dans un monde globalisé, le Sénégal qui veut bâtir une économie développée, peut-il se passer du capital étranger ? La mondialisation et l’économie de marché se sont imposés à tous les Etats et le Sénégal a fait le choix de l’ouverture depuis longtemps en signant des traités de libre échange, en adhérant à des grands ensembles politiques. Le Sénégal à l’instar des autres pays africains a besoin de financement et de l’expertise étrangère pour mettre en valeur ses nombreuses ressources. Le gouvernement a un rôle central à jouer pour trouver l’équilibre entre la nécessité de recourir aux multinationales et l’obligation de préserver les intérêts nationaux. Cela passe nécessairement par le respect des règles de bonne gouvernance, la rationalisation et la transparence dans les incitations fiscales, le renforcement de capacité des administrations fiscales face à l’armada d’experts du Capital.
 
L’attachement à notre souveraineté ne postule pas une culture du repli sur soi. Loin s’en faut, notre économie a besoin de l’apport du capital étranger avec en ligne de mire l’intérêt national. Il s’agira de maintenir un équilibre entre le besoin de recours à l’expertise technique et aux moyens financiers des autres et la préservation de nos intérêts pour pouvoir faire face aux urgence et priorité dans les domaines de la santé, la formation, l’éducation, les infrastructures, l’emploi, l’accès aux services sociaux de base, la sécurité.
 
Dimanche donc, allons aux urnes pour notre commun vouloir de vie commune.
 
Ousmane Ibrahima DIA (Journaliste APS)
 
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