Discours sur l’état de l’Union - Joe Biden devant le Congrès pour trouver de l’élan face à Trump

Jeudi 7 Mars 2024

Le démocrate de 81 ans, face à des Américains qui doutent selon les sondages de sa capacité à encaisser un second mandat, sait que jeudi soir, ce qu’il dira importera moins que la manière dont il le dira.

 

Bafouillera-t-il ? Trébuchera-t-il ? Confondra-t-il des noms ou des dates pendant une allocution qui dure généralement plus d’une heure ?

 

Avant d’entrer en scène devant des millions de téléspectateurs, Joe Biden a fait mine de prendre conseil par visioconférence auprès de comédiens qui ont endossé son rôle au cinéma ou à la télévision.

 

« Racontez-nous comment vous travaillez pour nous, et comment vous nous donnez de l’espoir », lui a conseillé Morgan Freeman, président confronté à une météorite qui menace de détruire la Terre dans le film Deep Impact (1998).

 

Gaza et OTAN

 

La Maison-Blanche a commencé à distiller les principaux messages du président, sur l’économie et la politique étrangère.

 

Joe Biden va ainsi annoncer au Congrès qu’il a ordonné à l’armée américaine d’établir un port à Gaza pour acheminer davantage d’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, à l’heure où sa politique de ferme soutien à Israël suscite la colère de l’électorat musulman et d’origine arabe.

 

Il a aussi invité le premier ministre suédois Ulf Kristersson à venir l’écouter, le jour où son pays rejoint formellement l’OTAN.

 

L’objectif est bien sûr de se distinguer de Donald Trump. Le républicain a affirmé qu’il « encouragerait » la Russie à s’en prendre aux pays de l’alliance de défense si ceux-ci ne payaient pas leur part.

 

L’ancien président a prévu de « corriger » en direct les propos de son rival. Il a accusé jeudi son rival d’avoir transformé les États-Unis en « film d’horreur », et réclame de débattre avec lui, sans attendre la tenue, cet été, des conventions d’investiture des deux partis.

 

Joe Biden et Donald Trump ont écrasé toute concurrence dans les primaires, et vont donc tout droit, sauf évènement imprévu, vers un duel lors de la présidentielle du 5 novembre, comme en 2020.

 

« Mister Speaker »

 

À 21 h heure locale au Capitole, le responsable du protocole de la Chambre des représentants clamera la formule rituelle adressée au chef de cette institution : « Monsieur le Speaker, le président des États-Unis ! »

 

Mais c’est en candidat que Joe Biden s’avancera entre les travées, et c’est un discours de campagne qu’il déroulera.

 

Le président estime en avoir « fait plus en trois ans que la plupart des autres présidents en huit », en matière économique.  

 

Il se présente en candidat de la classe moyenne face aux entreprises « avides » et aux grandes fortunes qui ne payent pas « leur juste part » d’impôt.

 

Le président va donc s’engager à taxer davantage les multinationales et les milliardaires – ce qui implique de gagner non seulement la Maison-Blanche en novembre, mais aussi de reprendre le contrôle du Congrès.

 

« Déclin »

 

Sur tous les plans, Joe Biden voudra se distinguer de Donald Trump, dépeint en partisan des riches, en menace pour le droit à l’avortement, et en danger pour la démocratie.

 

L’ancien président, cerné de poursuites judiciaires, promet de « venger » la défaite de 2020, qu’il n’a jamais reconnue.  

 

Jusqu’ici, rien ne semble entamer la ferveur qu’il suscite auprès de ses partisans. Son emprise sur le parti républicain n’a fait que croître, malgré des résultats souvent décevants de ses candidats aux élections locales, et malgré la menace d’une condamnation pénale.

 

Le patron de la Chambre des représentants, le très conservateur Mike Johnson, a publié jeudi un message embrassant la rhétorique du « déclin » de l’Amérique chère à Donald Trump.

 

Un montage vidéo d’une minute trente, sur fond de musique angoissante, affirme que l’immigration illégale, la criminalité, le trafic de drogue, l’inflation et les troubles internationaux sont hors de contrôle, par la faute de Joe Biden. [AFP]

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