Par Ndongo Samba Sylla (Economiste, chercheur à la Fondation Rosa Luxembourg)
A la différence des décideurs et des analystes économiques, le Sénégalais lambda ne dispose pasd’instruments et d’indicateurs sophistiqués pour évaluer la conjoncture. Pourtant, son bon sens économique est rarement pris en défaut. Quel est le secret de cette perspicacité du Sénégalais ordinaire ?
Dans la mesure où l’objectif ultime des politiques économiques est d’améliorer significativement les conditions matérielles d’existence des citoyens ordinaires, l’évaluation subjective par ces derniers de leur bien-être constitue un indicateur de taille. Le cuisinier en herbe pourra dire tout ce qu’il veut sur la qualité du plat qu’il a servi à ses hôtes. Au bout du compte, l’avis de ses hôtes doit emporter conviction.
La vérité est que notre gouvernement utilise dans sa communication politique des indicateurs qui sont importants pour lui et ses partenaires au développement mais qui ne sont nullement pertinents pour les Sénégalais ordinaires. Que le taux de croissance augmente, argument principal du régime de Macky Sall, n’implique pas ipso facto que la situation économique des Sénégalais ordinaires s’améliore. Si la croissance est extravertie ou tirée par des secteurs employant peu de travailleurs (ex les télécoms), elle n’aura pas d’impact significatif sur la majorité. Or, ceci semble bien être le cas du Sénégal d’aujourd’hui.
Croissance, évolution des inégalités et situation de l’emploi sont inséparables
Les grands projets initiés dans le cadre du Plan Sénégal Emergent sont confiés pour l’essentiel à de grands groupes étrangers qui emploient peu de main-d’œuvre locale, achètent peu d’inputs locaux et paient peu d’impôts et de taxes. Dans de telles conditions, la Production domestique va croître plus rapidement que le Revenu national. Le nombre d’infrastructures va augmenter mais seule une infime partie des revenus associés à leur construction et à leur exploitation va être captée par les entreprises et les ménages locaux. Le gouvernement va dire que la production augmente, les populations vont répliquer :Deuk bi dafa Macky.
Il ne suffit donc pas de dire que l’économie sénégalaise se porte bien parce qu’elle enregistre des taux de croissance importants. Il faut aller plus loin et montrer (i) qui bénéficie de cette croissance (étude sur les inégalités de revenus) et (ii) combien d’emplois décents ont été créés nets (étude sur l’emploi). Tant que la croissance économique n’est pas analysée en parallèle avec l’évolution des inégalités et la situation de l’emploi, il est vain de la considérer comme un indicateur de bien-être pertinent pour la majorité de la population.
Au-delà, il faut également souligner que la croissance économique du régime de la seconde alternance résulte d’une conjoncture favorable (baisse des cours du pétrole, ce qui allège la facture des importations toutes choses égales par ailleurs ; réévaluation du dollar, ce qui favorise la compétitivité-prix de nos exportations toutes choses égales par ailleurs et accroît leur valeur en FCFA), d’une bonne pluviométrie et d’un rythme d’endettement public qui paraît peu soutenable. Elle ne procède pas encore d’une transformation structurelle portée par le secteur industriel et la petite production agricole.
A la différence des décideurs et des analystes économiques, le Sénégalais lambda ne dispose pasd’instruments et d’indicateurs sophistiqués pour évaluer la conjoncture. Pourtant, son bon sens économique est rarement pris en défaut. Quel est le secret de cette perspicacité du Sénégalais ordinaire ?
Dans la mesure où l’objectif ultime des politiques économiques est d’améliorer significativement les conditions matérielles d’existence des citoyens ordinaires, l’évaluation subjective par ces derniers de leur bien-être constitue un indicateur de taille. Le cuisinier en herbe pourra dire tout ce qu’il veut sur la qualité du plat qu’il a servi à ses hôtes. Au bout du compte, l’avis de ses hôtes doit emporter conviction.
La vérité est que notre gouvernement utilise dans sa communication politique des indicateurs qui sont importants pour lui et ses partenaires au développement mais qui ne sont nullement pertinents pour les Sénégalais ordinaires. Que le taux de croissance augmente, argument principal du régime de Macky Sall, n’implique pas ipso facto que la situation économique des Sénégalais ordinaires s’améliore. Si la croissance est extravertie ou tirée par des secteurs employant peu de travailleurs (ex les télécoms), elle n’aura pas d’impact significatif sur la majorité. Or, ceci semble bien être le cas du Sénégal d’aujourd’hui.
Croissance, évolution des inégalités et situation de l’emploi sont inséparables
Les grands projets initiés dans le cadre du Plan Sénégal Emergent sont confiés pour l’essentiel à de grands groupes étrangers qui emploient peu de main-d’œuvre locale, achètent peu d’inputs locaux et paient peu d’impôts et de taxes. Dans de telles conditions, la Production domestique va croître plus rapidement que le Revenu national. Le nombre d’infrastructures va augmenter mais seule une infime partie des revenus associés à leur construction et à leur exploitation va être captée par les entreprises et les ménages locaux. Le gouvernement va dire que la production augmente, les populations vont répliquer :Deuk bi dafa Macky.
Il ne suffit donc pas de dire que l’économie sénégalaise se porte bien parce qu’elle enregistre des taux de croissance importants. Il faut aller plus loin et montrer (i) qui bénéficie de cette croissance (étude sur les inégalités de revenus) et (ii) combien d’emplois décents ont été créés nets (étude sur l’emploi). Tant que la croissance économique n’est pas analysée en parallèle avec l’évolution des inégalités et la situation de l’emploi, il est vain de la considérer comme un indicateur de bien-être pertinent pour la majorité de la population.
Au-delà, il faut également souligner que la croissance économique du régime de la seconde alternance résulte d’une conjoncture favorable (baisse des cours du pétrole, ce qui allège la facture des importations toutes choses égales par ailleurs ; réévaluation du dollar, ce qui favorise la compétitivité-prix de nos exportations toutes choses égales par ailleurs et accroît leur valeur en FCFA), d’une bonne pluviométrie et d’un rythme d’endettement public qui paraît peu soutenable. Elle ne procède pas encore d’une transformation structurelle portée par le secteur industriel et la petite production agricole.