ESWATINI: la monarchie critiquée pour la répression, accuse des « éléments étrangers »

Jeudi 1 Juillet 2021

Le roi Mswati III
L’Afrique du Sud et le Royaume-Uni ont critiqué jeudi la violente répression des manifestations contre la monarchie en Eswatini, le gouvernement du petit pays d’Afrique australe accusant des « éléments étrangers » et des « terroristes » de semer le trouble.
 
L’Afrique du Sud et le Royaume-Uni ont critiqué jeudi la violente répression des manifestations contre la monarchie en Eswatini, le gouvernement du petit pays d’Afrique australe accusant des « éléments étrangers » et des « terroristes » de semer le trouble.
 
La dernière monarchie absolue d’Afrique, anciennement appelée Swaziland, est secouée depuis quelques semaines par des heurts entre policiers et manifestants. Plusieurs personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessés, selon les militants pro-démocratie.
 
L’accès à internet est limité depuis mardi. Le gouvernement a instauré un couvre-feu nocturne, officiellement pour lutter contre le coronavirus.
 
Jeudi à Mbabane, les commerces et les banques étaient fermés, les stations-service à court d’essence, selon un correspondant de l’AFP sur place. Des files d’attente de personnes tentant de se réapprovisionner s’allongeaient devant les supermarchés. Dans la journée, quelques coups de feu ont retenti.
 
L’Afrique du Sud, puissance régionale dont dépend le royaume pour une grande partie de son approvisionnement, a exhorté jeudi « les forces de sécurité à faire preuve d’une retenue totale et à préserver les vies et les biens de la population ».
 
Le ministre britannique pour l’Afrique, James Duddridge, a déclaré sur Twitter que « l’escalade de la violence, y compris les pillages, est profondément préoccupante ». La veille, les Etats-Unis ont aussi demandé aux autorités à « faire preuve de retenue », appelant au calme.
 
La protestation, qui couvait depuis des semaines, est montée en puissance depuis lundi. Ces derniers jours, des centaines de jeunes en colère ont pillé des magasins et brûlé des commerces.
« Ces actes ne sont pas le fait d’Eswatiniens, mais de terroristes et de voyous », a argué à la radio nationale le Premier ministre du royaume, Themba Masuku, demandant aux habitants du pays de « ne pas se laisser duper par des éléments étrangers ».
 
Selon des militants pro-démocratie en début de semaine, au moins huit personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées lors d’affrontements avec la police. Mais le bilan pourrait être plus élevé, selon le secrétaire général du Front démocratique uni du Swaziland (SUDF), Wandile Dludlu, « plus de quarante cadavres ont été livrés dans différentes morgues », a-t-il déclaré à l’AFP.
Les autorités ont refusé de s’exprimer sur ces chiffres.
 
Des vidéos non vérifiées sur les réseaux sociaux montrent la police disperser violemment les manifestants. « Ces gens ne sont pas armés », a souligné M. Dludlu, dénonçant une répression digne d’une « dictature ».
 
Des témoignage recueillis par l’ONG Human Rights Watch, décrivent « des tirs indiscriminés sur les manifestants par les forces de sécurité et la violence de certains manifestants ».
 
Couronné en 1986 à l’âge de 18 ans, Mswati III, qui a 15 femmes et plus de 25 enfants, est décrié pour sa poigne de fer, ses frasques et son train de vie fastueux dans un pays dont les deux tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. (AFP)
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