A N’Djamena, personne ne doute que le Conseil constitutionnel validera, jeudi 16 mai, la victoire de Mahamat Idriss Déby au premier tour de l’élection présidentielle, trois ans après que celui-ci a été hissé par un groupe de généraux sur le fauteuil de son défunt père, en dehors de toute cadre légal.
Cette légitimation d’un pouvoir héréditaire par la voie des urnes sera particulièrement difficile à avaler pour son principal rival, Succès Masra. L’opposant, devenu premier ministre en janvier, conteste les résultats et revendique 73 % des suffrages lors du scrutin du 6 mai, selon son propre décompte...
Mais faute de pouvoir abattre sa dernière carte, celle de la mobilisation dans la rue, Succès Masra se retrouve hors jeu et acculé. Il ne reste donc aux Transformateurs que les voies légales de contestation, sans grand espoir, certes, mais qui lui donnent au moins le temps de réfléchir à une porte de sortie honorable.
Dimanche, Succès Masra est venu lui-même déposer son dossier de recours au Conseil constitutionnel, présidé par Jean-Bernard Padaré, ancien porte-parole du parti de Déby père. Dans la requête, ses avocats documentent, pêle-mêle, des refus d’accès aux bureaux de vote ou aux opérations de dépouillement, l’absence de listes électorales dans certains bureaux, des urnes emportées par des militaires ou encore l’arrestation de 79 militants des Transformateurs en marge du vote. [Le Monde]