Elections en RDC: Tshisekedi salué par la foule pendant cinq heures

Mardi 27 Novembre 2018

Des dizaines de milliers de personnes ont accompagné pendant plus de cinq heures l'un des candidats de l'opposition congolaise, Félix Tshisekedi, pour son retour mardi à Kinshasa à 26 jours de l'élection présidentielle qu'il assure pouvoir remporter avec 60% des voix.

Félix Tshisekedi et son allié, Vital Kamerhe, ont mis toute l'après-midi pour parcourir la quinzaine de kilomètres entre l'aéroport de Ndjili et la commune de Limete, où se trouve le domicile du candidat et le siège de son parti, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

Vêtu d'une curieuse chemise blanche portant ses initiales (le F en bleu, le T en rouge), coiffé du béret des "combattants" de l'UDPS, M. Tshisekedi a largement pris le temps de saluer la foule de ses sympathisants depuis le toit ouvrant d'une voiture.

La police a tiré des gaz lacrymogène pour obliger le cortège a accéléré le pas, sans grand succès, a constaté un journaliste de l'AFP au milieu de la foule sur le boulevard Lumumba.

Aucune estimation crédible du nombre de participants étaient disponibles en fin de soirée.

"Nous avons cinq policiers blessés, dont deux grièvement. Deux véhicules de la police sont aussi endommagés. Nous avons ramené le candidat président jusqu'à son domicile, sans autres incidents", a indiqué à l'AFP Sylvano Kasongo, patron de la police de Kinshasa.

MM. Tshisekedi et Kamerhe rentraient d'une tournée en Europe et en Afrique alors que la campagne a officiellement commencé depuis jeudi dernier pour l'élection présidentielle à un tour prévue le 23 décembre.
 
RDCongo: principaux candidats à la présidentielle / © AFP / Vincent LEFAI
"Nous irons avec le peuple et nous allons gagner", a déclaré à l'aéroport M. Tshisekedi.

"Nous atteindrons carrément les 60% de l'électorat", a-t-il assuré au côté de M. Kamerhe à leur descente d'un vol régulier en provenance d'Addis Abeba.

MM. Tshisekedi et Kamerhe veulent aller aux élections "avec ou sans" la "machine à voter" que veut utiliser la commission électorale. 

Cet écran tactile permettant aux électeurs de choisir leurs candidats et d'imprimer leurs bulletins de vote est rejetée par d'autres opposants qui dénoncent une "machine à tricher".

"Nous n'allons pas demander au peuple congolais de ne pas aller voter, ce serait un boulevard ouvert pour Kabila", a souligné Félix Tshisekedi, en référence au président Joseph Kabila, contraint par la Constitution de quitter le pouvoir qu'il occupe depuis janvier 2001.

"Nous allons déployer des témoins partout pour qu'il n'y ait pas de tricheries", a-t-il promis.
 
Des partisans du candidat de l'opposition congolaise Félix Tshisekedi et de son directeur de campagne Vital Kamerhe fuient des tirs de gaz lacrymogènes à Kinshasa, le 27 novembre 2018. / © AFP / John WESSELS
MM. Tshisekedi et Kamerhe ont scellé une coalition vendredi dernier à Nairobi, avec un accord sur le partage des postes en cas de victoire: Félix Tshisekedi président, Vital Kamerhe Premier ministre.

M. Tshisekedi, 55 ans, est le président et le candidat de l'UDPS, fondée par son père, l'opposant historique Etienne Tshisekedi, décédé à Bruxelles le 1er février 2017.

M. Kamerhe, 59 ans, est un ancien président de l'Assemblée nationale, ex-directeur de campagne de M. Kabila pour la présidentielle de 2006, passé à l'opposition depuis 2011.

Les bastions de M. Tshisekedi se trouvent à l'ouest (Kasaï et Kinshasa). M. Kamerhe, originaire de Bukavu (Sud-Kivu, est), a encouragé la partie orientale du pays à voter pour M. Tshisekedi.

Avant leur pacte, ils s'étaient retirés au bout de 24 heures d'un précédent accord entre sept opposants conclu à Genève. Cet accord désignait à la surprise générale l'outsider Martin Fayulu "candidat unique de l'opposition".

M. Fayulu avait également été salué par des milliers de personnes à son retour à Kinshasa mercredi dernier.

Après l'échec d'une union de l'opposition, M. Tshisekedi est l'un des trois principaux candidats à l'élection présidentielle du mois prochain avec Martin Fayulu, soutenu par les opposants Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, et le "dauphin" désigné du président Kabila, l'ancien ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary.
 
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