En Chine, face à la crise de la pollution atmosphérique, la bicyclette fait son retour

Mercredi 5 Juin 2019

La voiture a remplacé la bicyclette comme principal moyen de transport dans de nombreuses villes chinoises, mais avec la pollution de l'air qui devient un problème majeur pour le pays, la bicyclette fait son retour, grâce notamment à la technologie numérique.


Autrefois, les bicyclettes dominaient les rues des villes de la Chine, et le pays était considéré comme le « royaume de la bicyclette ».  Mais, au cours des quatre dernières décennies, la prospérité économique et l'urbanisation spectaculaires ont fait de l'automobile le principal moyen de transport, contribuant à une détérioration marquée de la qualité de l'air.
 
A Hangzhou, une ville dans l'Est de la Chine que l'explorateur italien Marco Polo décrivait comme « la ville la plus belle et la plus splendide du monde », la pollution atmosphérique a un effet dévastateur. Selon des données soutenues par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l'air y est bien supérieure au niveau de sécurité de l'OMS.
 
Pour améliorer la santé publique et l'environnement, les autorités de Hangzhou ont misé sur le vélo, qui, associé à la technologie numérique, contribue à réduire la pollution. D'autres villes suivent désormais leur exemple.
 
Au cours de la dernière décennie, le gouvernement local a amélioré les infrastructures cyclables, telles que les pistes et les signalisations à destination des cyclistes, et a fourni près de 86.000 vélos publics. Une carte à puce permet aux utilisateurs d'accéder facilement à tous les moyens de transport public, du vélo au bateau en passant par le bus.
 
« Au total, il y a eu 760 millions de déplacements, soit près de la moitié de la population de la Chine », déclare Tao Xuejun, Directeur général du Service public des bicyclettes de Hangzhou. « Jusqu'à présent, plus de 400 villes en Chine ont adopté notre projet. Notre rêve est de promouvoir notre modèle en Chine et dans le monde entier ».
 
Selon M. Tao, grâce à ces initiatives, le cyclisme est devenu un choix populaire tant pour les citoyens locaux que pour les touristes. Les efforts de l'entreprise publique ont été récompensés par une reconnaissance internationale, notamment par le Prix international Ashden pour le déplacement durable en 2017.
 
Une application mobile qui plante des millions d'arbres
 
Au-delà d’être à la tête de la résurgence du cyclisme en Chine, Hangzhou a également mis en place une façon novatrice d'encourager des modes de vie plus durables, avec une application qui aide à stopper la désertification, à réduire la pollution atmosphérique et à planter des millions de nouveaux arbres. 
 
Le mini-programme « Ant Forest », un projet basé à Hangzhou d’Alipay, le géant chinois de l'application de paiement et des modes de vie, incite les utilisateurs à prendre de petites décisions écologiques dans leur vie quotidienne, telles que faire du vélo plutôt que de conduire pour aller au travail, ou recycler des vêtements.
 
« Chaque fois que j'entreprends des activités de réduction du carbone, je suis récompensée par des points d’énergie verte », explique Annie Hao, associée chez Ant Financial, la société mère d'Alipay. « Quand j'accumule assez de points virtuels, un vrai arbre est planté ».
Selon Mme Hao, plus de 13 millions d'arbres ont été plantés, grâce aux actions des 300 millions d'utilisateurs de l'application.
 
Beijing a réduit d’un tiers la concentration de particules fines dans l'air
 
La capitale chinoise, Beijing, est l'un des exemples les plus connus de pollution atmosphérique nuisible à la qualité de vie dans une ville.
 
Au cours des deux dernières décennies, Beijing a connu une augmentation significative et visible de la pollution atmosphérique. Selon l’un des principaux auteurs du Bilan sur 20 ans de la lutte contre la pollution de l’air à Beijing, cette croissance est attribuée à une combinaison de facteurs, dont les polluants liés au charbon, la croissance du transport motorisé, en particulier les camions de fret logistique, l'industrie lourde et la poussière des bâtiments et des routes.
 
Les particules fines sont de minuscules particules invisibles dans l'air qui sont, en grande partie, responsables des décès et des maladies dus à la pollution atmosphérique. Les plus petites et les plus mortelles sont les particules « PM2,5 », qui contournent les défenses de l'organisme et se logent dans les poumons, la circulation sanguine et le cerveau. Les entreprises, les bâtiments publics et les ménages sont responsables d'environ la moitié des émissions de PM2,5.
 
A ce jour, la pollution de l'air par les particules fines dans l'atmosphère de Beijing est encore 7,3 fois supérieure au niveau de sécurité annuel de l'OMS.
 
Toutefois, en travaillant ensemble et s’appuyant sur des outils juridiques, économiques et technologiques à leur disposition, les collectivités locales et régionales ont réussi à réduire d’un tiers la concentration de particules fines dans l'air, dépassant l'objectif fixé par le Conseil d'État, principal organe administratif de la Chine.
 
« Beijing a réalisé des améliorations impressionnantes de la qualité de l'air en peu de temps », a déclaré Dechen Tsering, la Directrice du Bureau régional Asie-Pacifique de l'ONU pour l'environnement.
 
« C'est un bon exemple qui démontre comment une grande ville d'un pays en développement peut équilibrer la protection de l'environnement et la croissance économique », a-t-elle souligné.
La Chine accueille cette année l’édition 2019 de la Journée mondiale de l'environnement des Nations Unies, le 5 juin.  Elle a choisi pour thème la pollution atmosphérique. (news.un.org)
 
 
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