Grève des transporteurs routiers et des pêcheurs, mouvement de grogne des taxis, des ambulances et des agriculteurs... En Espagne, l'inflation record attise la colère contre le gouvernement, pressé d'agir au plus vite face à la flambée des prix de l'énergie.
"Contenir les prix, protéger l'emploi": autour de ce mot d'ordre, plusieurs milliers de personnes ont défilé mercredi dans une soixantaine de villes espagnoles, à l'appel d'associations de consommateurs et des deux principaux syndicats, Commissions ouvrières (CCOO) et UGT.
Objectif de ces rassemblements, qui s'ajoutent à une longue liste de débrayages depuis 10 jours: appeler à des "mesures urgentes" face à l'inflation, qui a atteint en février son plus haut niveau depuis 35 ans (7,6%), en raison principalement de l'envolée des prix de l'énergie.
Cette situation "touche directement le porte-monnaie des travailleurs" et "met le pays dans une situation de grande difficulté économique", a souligné Unai Sordo, secrétaire général de CCOO. "Il faut que le gouvernement soit courageux" et agisse de façon "efficace", a-t-il ajouté.
Un message appuyé par plusieurs manifestants, à l'image d'Eduardo Martin Bejarano, retraité de 71 ans présent à la manifestation madrilène. "Le chauffage et l'électricité sont devenus hors de prix (...) Or pour l'instant, il y a beaucoup de discours mais peu de mesures concrètes", regrette-t-il.
- "gilets jaunes" -
L'Espagne est confrontée depuis le 14 mars à une grève illimitée des camionneurs, lancée par une plateforme de transporteurs indépendants. Ce mouvement perturbe fortement l'approvisionnement des supermarchés et met en difficulté de nombreuses entreprises.
Le gouvernement affronte également une grève des pêcheurs, qui ont cessé le travail lundi pour trois jours à l'appel d'une fédération regroupant près de 9.000 embarcations, et des chauffeurs de taxis, qui ont organisé mercredi des opérations escargots, notamment à Barcelone.
La colère s'est aussi étendue aux éleveurs et aux agriculteurs, touchés de plein fouet par la hausse du coût des engrais et des carburants: près de 150.000 d'entre eux ont manifesté dimanche à Madrid, vêtues pour beaucoup de chasubles fluorescents rappelant le mouvement des "gilets jaunes".
Ce mouvement de grogne sociale, le plus important depuis l'arrivée au pouvoir en 2018 du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, a reçu le soutien des partis d'opposition, et en particulier de Vox (extrême droite), qui a organisé samedi ses propres rassemblements.
Cette formation ultra-nationaliste, en plein essor, surfe sur le mécontentement d'une partie de la population, notamment dans les zones rurales, en accusant le gouvernement de "ruiner les classes moyennes".
Une situation inconfortable pour l'exécutif, qui a pris ces derniers mois de multiples mesures pour augmenter les bas salaires et contenir les prix de l'énergie mais voit ses efforts réduits à néant par la spirale inflationniste.
- "Agir de façon unie" -
Soucieux de désamorcer les critiques, Pedro Sanchez a promis voilà dix jours un "plan national" sur l'impact de la guerre en Ukraine, avec de fortes baisses d'impôts. Une enveloppe de 500 millions d'euros a par ailleurs été proposée pour compenser la hausse du prix du gazole pour les transporteurs.
"Nous vivons un moment extraordinairement complexe", a souligné lors d'un point presse mercredi M. Sanchez, en disant vouloir faire son maximum pour "amortir" l'impact de la hausse des prix. Le Premier ministre s'est dit "convaincu" de parvenir à un accord "cette semaine" avec les transporteurs.
L'exécutif reste cependant évasif sur les contours et l'ampleur globale de son plan, M. Sanchez cherchant à obtenir au préalable une réponse commune de l'UE face à la crise énergétique lors du sommet de jeudi à Bruxelles: l'UE doit "agir de façon unie" pour "réduire les prix de l'énergie", a-t-il insisté mardi.
Madrid exhorte depuis des mois l'UE à modifier le mécanisme qui couple les prix de l'électricité au marché du gaz. Cet appel est resté vain jusqu'à présent, mais Pedro Sanchez - qui a multiplié depuis mi-mars les rencontres avec ses homologues européens - espère un revirement à la faveur du contexte ukrainien.
Que se passera-t-il en l'absence d'accord ? Ces derniers jours, l'exécutif a assuré qu'il agirait de façon indépendante et adopterait des mesures via un décret-loi le 29 mars. Une date jugée trop tardive par certains manifestants, qui rappellent que d'autres pays, comme la France et l'Italie, ont déjà adopté des mesures d'urgence. (AFP)
"Contenir les prix, protéger l'emploi": autour de ce mot d'ordre, plusieurs milliers de personnes ont défilé mercredi dans une soixantaine de villes espagnoles, à l'appel d'associations de consommateurs et des deux principaux syndicats, Commissions ouvrières (CCOO) et UGT.
Objectif de ces rassemblements, qui s'ajoutent à une longue liste de débrayages depuis 10 jours: appeler à des "mesures urgentes" face à l'inflation, qui a atteint en février son plus haut niveau depuis 35 ans (7,6%), en raison principalement de l'envolée des prix de l'énergie.
Cette situation "touche directement le porte-monnaie des travailleurs" et "met le pays dans une situation de grande difficulté économique", a souligné Unai Sordo, secrétaire général de CCOO. "Il faut que le gouvernement soit courageux" et agisse de façon "efficace", a-t-il ajouté.
Un message appuyé par plusieurs manifestants, à l'image d'Eduardo Martin Bejarano, retraité de 71 ans présent à la manifestation madrilène. "Le chauffage et l'électricité sont devenus hors de prix (...) Or pour l'instant, il y a beaucoup de discours mais peu de mesures concrètes", regrette-t-il.
- "gilets jaunes" -
L'Espagne est confrontée depuis le 14 mars à une grève illimitée des camionneurs, lancée par une plateforme de transporteurs indépendants. Ce mouvement perturbe fortement l'approvisionnement des supermarchés et met en difficulté de nombreuses entreprises.
Le gouvernement affronte également une grève des pêcheurs, qui ont cessé le travail lundi pour trois jours à l'appel d'une fédération regroupant près de 9.000 embarcations, et des chauffeurs de taxis, qui ont organisé mercredi des opérations escargots, notamment à Barcelone.
La colère s'est aussi étendue aux éleveurs et aux agriculteurs, touchés de plein fouet par la hausse du coût des engrais et des carburants: près de 150.000 d'entre eux ont manifesté dimanche à Madrid, vêtues pour beaucoup de chasubles fluorescents rappelant le mouvement des "gilets jaunes".
Ce mouvement de grogne sociale, le plus important depuis l'arrivée au pouvoir en 2018 du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, a reçu le soutien des partis d'opposition, et en particulier de Vox (extrême droite), qui a organisé samedi ses propres rassemblements.
Cette formation ultra-nationaliste, en plein essor, surfe sur le mécontentement d'une partie de la population, notamment dans les zones rurales, en accusant le gouvernement de "ruiner les classes moyennes".
Une situation inconfortable pour l'exécutif, qui a pris ces derniers mois de multiples mesures pour augmenter les bas salaires et contenir les prix de l'énergie mais voit ses efforts réduits à néant par la spirale inflationniste.
- "Agir de façon unie" -
Soucieux de désamorcer les critiques, Pedro Sanchez a promis voilà dix jours un "plan national" sur l'impact de la guerre en Ukraine, avec de fortes baisses d'impôts. Une enveloppe de 500 millions d'euros a par ailleurs été proposée pour compenser la hausse du prix du gazole pour les transporteurs.
"Nous vivons un moment extraordinairement complexe", a souligné lors d'un point presse mercredi M. Sanchez, en disant vouloir faire son maximum pour "amortir" l'impact de la hausse des prix. Le Premier ministre s'est dit "convaincu" de parvenir à un accord "cette semaine" avec les transporteurs.
L'exécutif reste cependant évasif sur les contours et l'ampleur globale de son plan, M. Sanchez cherchant à obtenir au préalable une réponse commune de l'UE face à la crise énergétique lors du sommet de jeudi à Bruxelles: l'UE doit "agir de façon unie" pour "réduire les prix de l'énergie", a-t-il insisté mardi.
Madrid exhorte depuis des mois l'UE à modifier le mécanisme qui couple les prix de l'électricité au marché du gaz. Cet appel est resté vain jusqu'à présent, mais Pedro Sanchez - qui a multiplié depuis mi-mars les rencontres avec ses homologues européens - espère un revirement à la faveur du contexte ukrainien.
Que se passera-t-il en l'absence d'accord ? Ces derniers jours, l'exécutif a assuré qu'il agirait de façon indépendante et adopterait des mesures via un décret-loi le 29 mars. Une date jugée trop tardive par certains manifestants, qui rappellent que d'autres pays, comme la France et l'Italie, ont déjà adopté des mesures d'urgence. (AFP)