La plus haute autorité chiite d'Irak, Ali Sistani, a mis en garde contre les ingérences étrangères dans la contestation populaire, entrée vendredi dans son deuxième mois et qui réclame toujours "la chute du régime" en dépit des promesses de réforme des dirigeants.
En proie à des manifestations et des violences qui ont déjà fait plus de 250 morts, en majorité des manifestants, l'Irak est depuis quelques jours en pleine paralysie.
Les manifestants, qui réclamaient au départ des emplois, des services publics et la fin de la corruption, exigent aujourd'hui la chute de tout le système politique, un régime divisé selon les allégeances aux deux grands alliés de Bagdad, Téhéran et Washington, eux-mêmes ennemis jurés.
"Personne ne représente le peuple, ni l'Iran ni les partis ni les religieux. On veut (récupérer) notre pays", martèle à l'AFP Ali Ghazi, manifestant de 55 ans sur la place Tahrir de Bagdad.
Vendredi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont encore occupé cette place emblématique, martelant des slogans contre l'élite politique.
A la tombée de la nuit, des heurts ont éclaté le long du pont Al-Sinek, faisant plusieurs blessés, a indiqué un photographe de l'AFP, selon qui la police a encore fait usage de grenades lacrymogènes.
La contestation est "le défi le plus important pour le système post-2003", année de l'invasion américaine et de la chute de Saddam Hussein, selon le spécialiste de l'Irak Fanar Haddad.
Mais "les politiciens ne semblent pas l'avoir compris et tentent encore d'utiliser la situation pour marquer des points les uns contre les autres", a-t-il déclaré à l'AFP.
- Parlement "inutile" -
La situation avait toutefois semblé évoluer mardi, le populiste chiite Moqtada Sadr et le chef des paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi au Parlement, Hadi al-Ameri, indiquant vouloir "travailler ensemble" pour remplacer le Premier ministre Adel Abdel Mahdi.
M. Abdel Mahdi, qu'ils avaient porté au pouvoir il y a un an, a proposé de démissionner si les partis se mettaient d'accord sur un remplaçant. Mais le Parlement ne cesse de réclamer au Premier ministre de se présenter devant l'Assemblée, en vain.
Vendredi, M. Ameri a jugé que le "système parlementaire avait échoué et était inutile", appelant "à de profonds amendements constitutionnels".
M. Ameri "a fait un virage à 180 degrés", a assuré à l'AFP un responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat, un changement intervenu selon lui après que le guide suprême iranien a appelé mercredi "ceux qui se sentent concernés" à "répondre à l'insécurité" en Irak.
Jeudi, peu après la proposition du président Barham Saleh d'élections anticipées, sans convaincre dans la rue, la pression était montée d'un cran avec un défilé de voitures klaxonnant sous les drapeaux blancs du Hachd à Bagdad.
Cette démonstration de force avait fait redouter aux manifestants le début d'un mouvement qui s'opposerait au leur.
Avant même la reprise des manifestations le 24 octobre, après un premier épisode du 1er au 6 octobre, des combattants de Moqtada Sadr promettant de "protéger" les manifestants s'étaient aussi montrés en ville.
Le grand ayatollah Ali Sistani a mis en garde vendredi contre "le gouffre des tueries" au bord duquel se trouve, selon lui, l'Irak, pris en étau depuis 16 ans entre l'Iran et les Etats-Unis.
- Manifestants déterminés -
L'influent dignitaire chiite, qui n'a jusqu'ici pas retiré sa confiance au Premier ministre, a estimé que le changement devait être "le choix des Irakiens" uniquement: "aucune personne, aucun groupe, aucune partie régionale ou internationale ne peut confisquer la volonté des Irakiens et leur imposer son opinion".
Aux Etats-Unis, le chef de la diplomatie Mike Pompeo a appelé vendredi Bagdad à "écouter les demandes légitimes" des manifestants, jugeant que "les Irakiens méritaient la justice et que les responsables rendent vraiment des comptes".
Sur la place Tahrir, les sermons, tractations politiques et autres promesses d'élections anticipées n'entament pas la détermination des manifestants.
"Vous êtes tous des voleurs, qu'est-ce que vous avez fait depuis 2003?", lance Ali Ghazi, s'adressant à la classe politique conspuée par la rue dans l'un des pays les plus corrompus au monde.
Cette année-là, les Américains envahissaient le pays et instauraient un nouveau système politique de répartition des postes en fonction des confessions et des ethnies, qui n'a mené qu'au népotisme et clientélisme, accusent les manifestants.
Alors, tranche M. Haddad, "les promesses de nouvelles lois électorales et de comité pour des réformes constitutionnelles ne sont pas entendues" par les manifestants.
"Elles sont vues comme des écrans de fumée dont la classe politique se sert pour se sauver et conserver ses privilèges", juge-t-il.
En proie à des manifestations et des violences qui ont déjà fait plus de 250 morts, en majorité des manifestants, l'Irak est depuis quelques jours en pleine paralysie.
Les manifestants, qui réclamaient au départ des emplois, des services publics et la fin de la corruption, exigent aujourd'hui la chute de tout le système politique, un régime divisé selon les allégeances aux deux grands alliés de Bagdad, Téhéran et Washington, eux-mêmes ennemis jurés.
"Personne ne représente le peuple, ni l'Iran ni les partis ni les religieux. On veut (récupérer) notre pays", martèle à l'AFP Ali Ghazi, manifestant de 55 ans sur la place Tahrir de Bagdad.
Vendredi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont encore occupé cette place emblématique, martelant des slogans contre l'élite politique.
A la tombée de la nuit, des heurts ont éclaté le long du pont Al-Sinek, faisant plusieurs blessés, a indiqué un photographe de l'AFP, selon qui la police a encore fait usage de grenades lacrymogènes.
La contestation est "le défi le plus important pour le système post-2003", année de l'invasion américaine et de la chute de Saddam Hussein, selon le spécialiste de l'Irak Fanar Haddad.
Mais "les politiciens ne semblent pas l'avoir compris et tentent encore d'utiliser la situation pour marquer des points les uns contre les autres", a-t-il déclaré à l'AFP.
- Parlement "inutile" -
La situation avait toutefois semblé évoluer mardi, le populiste chiite Moqtada Sadr et le chef des paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi au Parlement, Hadi al-Ameri, indiquant vouloir "travailler ensemble" pour remplacer le Premier ministre Adel Abdel Mahdi.
M. Abdel Mahdi, qu'ils avaient porté au pouvoir il y a un an, a proposé de démissionner si les partis se mettaient d'accord sur un remplaçant. Mais le Parlement ne cesse de réclamer au Premier ministre de se présenter devant l'Assemblée, en vain.
Vendredi, M. Ameri a jugé que le "système parlementaire avait échoué et était inutile", appelant "à de profonds amendements constitutionnels".
M. Ameri "a fait un virage à 180 degrés", a assuré à l'AFP un responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat, un changement intervenu selon lui après que le guide suprême iranien a appelé mercredi "ceux qui se sentent concernés" à "répondre à l'insécurité" en Irak.
Jeudi, peu après la proposition du président Barham Saleh d'élections anticipées, sans convaincre dans la rue, la pression était montée d'un cran avec un défilé de voitures klaxonnant sous les drapeaux blancs du Hachd à Bagdad.
Cette démonstration de force avait fait redouter aux manifestants le début d'un mouvement qui s'opposerait au leur.
Avant même la reprise des manifestations le 24 octobre, après un premier épisode du 1er au 6 octobre, des combattants de Moqtada Sadr promettant de "protéger" les manifestants s'étaient aussi montrés en ville.
Le grand ayatollah Ali Sistani a mis en garde vendredi contre "le gouffre des tueries" au bord duquel se trouve, selon lui, l'Irak, pris en étau depuis 16 ans entre l'Iran et les Etats-Unis.
- Manifestants déterminés -
L'influent dignitaire chiite, qui n'a jusqu'ici pas retiré sa confiance au Premier ministre, a estimé que le changement devait être "le choix des Irakiens" uniquement: "aucune personne, aucun groupe, aucune partie régionale ou internationale ne peut confisquer la volonté des Irakiens et leur imposer son opinion".
Aux Etats-Unis, le chef de la diplomatie Mike Pompeo a appelé vendredi Bagdad à "écouter les demandes légitimes" des manifestants, jugeant que "les Irakiens méritaient la justice et que les responsables rendent vraiment des comptes".
Sur la place Tahrir, les sermons, tractations politiques et autres promesses d'élections anticipées n'entament pas la détermination des manifestants.
"Vous êtes tous des voleurs, qu'est-ce que vous avez fait depuis 2003?", lance Ali Ghazi, s'adressant à la classe politique conspuée par la rue dans l'un des pays les plus corrompus au monde.
Cette année-là, les Américains envahissaient le pays et instauraient un nouveau système politique de répartition des postes en fonction des confessions et des ethnies, qui n'a mené qu'au népotisme et clientélisme, accusent les manifestants.
Alors, tranche M. Haddad, "les promesses de nouvelles lois électorales et de comité pour des réformes constitutionnelles ne sont pas entendues" par les manifestants.
"Elles sont vues comme des écrans de fumée dont la classe politique se sert pour se sauver et conserver ses privilèges", juge-t-il.