En Tunisie, Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse, cible d’une arrestation musclée

Lundi 13 Mai 2024

La chroniqueuse Sonia Dahmani

Les forces de sécurité tunisiennes ont pris d’assaut, samedi 11 mai soir, la Maison de l’avocat à Tunis et arrêté Sonia Dahmani...Mardi, lors d’une émission de télévision, Sonia Dahmani a lancé d’une façon ironique : « De quel pays extraordinaire parle-t-on ? », en réponse à un autre chroniqueur qui venait d’affirmer que les migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne cherchaient à s’installer en Tunisie. Cette déclaration a été jugée par certains utilisateurs sur les réseaux sociaux comme « dégradante » pour l’image de la Tunisie. 

 

Jeudi, Mme Dahmani avait reçu une convocation, à laquelle elle n’a pas donné suite, pour comparaître vendredi devant un juge d’instruction sans que les motifs ne soient précisés, selon Me Msaddek. Elle avait expliqué à la presse qu’elle refusait de se présenter devant la justice « sans connaître les raisons de cette convocation ». En raison de son absence, le juge d’instruction chargé de cette affaire a émis un mandat d’amener à son encontre. 

 

Selon des médias, Mme Dahmani fait l’objet d’une enquête notamment pour diffusion de « fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique » et « incitation à un discours de la haine », en vertu du décret-loi 54. 

 

Ce décret, promulgué en septembre 2022 par le président Kaïs Saied, punit jusqu’à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d’information et de communication pour « rédiger, produire, diffuser [ou] répandre de fausses nouvelles (…) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique ». 

 

En un an et demi, plus de 60 personnes, parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saied, ont fait l’objet de poursuites sur la base de ce texte, selon le Syndicat national des journalistes. [Le Monde avec AFP]

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