Les forces de sécurité tunisiennes ont pris d’assaut, samedi 11 mai soir, la Maison de l’avocat à Tunis et arrêté Sonia Dahmani...Mardi, lors d’une émission de télévision, Sonia Dahmani a lancé d’une façon ironique : « De quel pays extraordinaire parle-t-on ? », en réponse à un autre chroniqueur qui venait d’affirmer que les migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne cherchaient à s’installer en Tunisie. Cette déclaration a été jugée par certains utilisateurs sur les réseaux sociaux comme « dégradante » pour l’image de la Tunisie.
Jeudi, Mme Dahmani avait reçu une convocation, à laquelle elle n’a pas donné suite, pour comparaître vendredi devant un juge d’instruction sans que les motifs ne soient précisés, selon Me Msaddek. Elle avait expliqué à la presse qu’elle refusait de se présenter devant la justice « sans connaître les raisons de cette convocation ». En raison de son absence, le juge d’instruction chargé de cette affaire a émis un mandat d’amener à son encontre.
Selon des médias, Mme Dahmani fait l’objet d’une enquête notamment pour diffusion de « fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique » et « incitation à un discours de la haine », en vertu du décret-loi 54.
Ce décret, promulgué en septembre 2022 par le président Kaïs Saied, punit jusqu’à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d’information et de communication pour « rédiger, produire, diffuser [ou] répandre de fausses nouvelles (…) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique ».
En un an et demi, plus de 60 personnes, parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saied, ont fait l’objet de poursuites sur la base de ce texte, selon le Syndicat national des journalistes. [Le Monde avec AFP]