En séjour à Dakar, Petit Boubé justifie les surfacturations dans l’achat d’armes du ministère sénégalais de l’Environnement

Vendredi 18 Aout 2023

Rencontré par nos confrères du mensuel «Jeune Afrique» (août 2023), le sulfureux homme d’affaires nigérien qui a arraché un contrat de vente d’armes de 45 milliards FCFA à l’état du Sénégal en 2022 reconnait les surfacturations appliquées à ce marché exécuté sans appel d’offres et les justifie par les facilités de paiement accordées à la partie sénégalaise ainsi que les contraintes bancaires que son entreprise doit supporter.


Aboubacar HIMA alias Petit Boubé

 

Le courtier transnational en achat d’armes le plus célèbre en Afrique de l’Ouest était à Dakar au mois de juin. Aboubacar Hima alias Petit Boubé, rencontré par « Jeune Afrique », en a profité pour répondre aux accusations de corruption et de surfacturation dans le contrat d’armement signé avec le ministère sénégalais de l’Environnement pour une valeur de 45 milliards de francs CFA.
 

« Au Sénégal, le contrat court sur cinq ans, sans avance de l’Etat au démarrage. Qui va accepter cela, attendre des années pour être payé, à part moi ? On parle de surfacturation, mais que fait-on des risques, des intérêts bancaires à payer, etc. », se défend le sulfureux homme d’affaires nigérien.

 
Il précise au passage qu’il « fréquente Alassane Ouattara », le président ivoirien, mais ne connait « pas personnellement » le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall.
 
En octobre 2022, le consortium de journalistes d’investigations Organized crime and corruption reporting project (OCCRP) révèle comment Petit Boubé a obtenu ce marché sans appel d’offres avec l’appui des plus hautes autorités sénégalaises, en relation avec des partenaires israéliens eux-mêmes proches du régime sénégalais.
 
Ce contrat a été signé au nom de l’entreprise du Nigérien par le sieur David Benzaquen, ex-employé d’un marchand d’armes israélien, indique OCCRP. Cette entreprise avait été créée deux mois plus tôt au nom de Lavie Commercial BrokersLavie. Les principales composantes du stock sont des fusils d’assaut, des armes semi-automatiques, etc.
 

« (…) C’est la jalousie qui provoque cela (toutes ces fausses accusations). Il y a un acharnement contre les hommes d’affaires africains », a confié Petit Boubé à nos confrères.

 
Interpellé sur un autre scandale lié à la fourniture d’armes à l’armée nigériane sous le régime de l’ex président Goodluck Jonathan et accusé (encore) de surfacturation, défaut de livraison et malversation, Aboubacar Hima révèle :
 

« Si nous l’avions pas fait, il n’y aurait pas eu de présidentielle au Nigéria en 2015 car Boko Haram l’aurait empêché. (…) Tout ce qui m’a été commandé a été livré. Je m’étais pour cela auprès de fournisseurs étrangers et nous n’avons pas été payés entièrement par l’Etat (fédéral). »


En attendant, Petit Boubé se pavane un peu partout dans le monde où l’appellent ses intérêts professionnels. De Paris à Prague en passant par Accra et Dubaï. Pour Conakry, il annonce le lancement au cours de ce mois d’août une société de sécurité privée dédiée à la protection des « ambassades, des entreprises ou des hôtels ». Un projet qu’il dit béni par le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte guinéenne.
 
 




Nombre de lectures : 458 fois