Le président turc Recep Tayyip Erdogan se rendra à Paris vendredi pour s'y entretenir avec son homologue français Emmanuel Macron, au moment où Ankara semble vouloir rétablir ses relations avec l'Union européenne après une grave crise traversée en 2017.
Cette visite bilatérale, la plus importante du chef de l'Etat turc dans un pays de l'UE depuis le putsch manqué de juillet 2016, portera essentiellement sur les dossiers régionaux, comme le conflit syrien ou la question du statut de Jérusalem, mais Paris assure que la question des droits de l'homme sera également abordée.
En effet, l'ampleur des purges menées par Ankara après la tentative de coup d'Etat lui a valu de nombreuses critiques de ses partenaires européens, Berlin en première ligne, ramenant quasiment à l'arrêt les négociations au long cours sur sa candidature d'adhésion à l'UE.
Plus de 140.000 personnes ont été limogées et suspendues et plus de 55.000 ont été arrêtées, dont des universitaires, des journalistes et des militants pro-kurdes.
La chancelière allemande Angela Merkel a même annoncé début septembre être favorable à un arrêt de ces négociations, tandis qu'Emmanuel Macron a appelé quelques jours plus tard à "éviter les ruptures" entre l’UE et la Turquie, la qualifiant de "partenaire essentiel", tout en s'inquiétant de "dérives préoccupantes".
- 'Nouvel élan' -
M. Erdogan a ainsi déclaré la semaine dernière vouloir "avoir de bonnes relations avec l'UE et avec les pays de l'UE", dans le but de "réduire le nombre d'ennemis et augmenter le nombre d'amis".
Il a notamment salué le soutien de Paris, mais aussi de Berlin, sur sa vive condamnation de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par Washington.
"Ils ne nous ont pas laissés tomber sur cette question", avait estimé M. Erdogan.
"En se rapprochant de la France, pays majeur de l’UE, la Turquie tente de donner un nouvel élan à sa candidature européenne, surtout à un moment où le pays rencontre de nombreuses difficultés au Moyen-Orient (Syrie, Irak), et connait des tensions diplomatiques avec les Etats-Unis", analyse Jana Jabbour, docteure associée au CERI/Sciences Po, auteure de "La Turquie, l’invention d’une diplomatie émergente" (CNRS, 2017).
Il s'agit de la première visite du président turc en France depuis l'élection d'Emmanuel Macron en mai 2017, mais les deux hommes ont déjà eu l'occasion de se rencontrer lors de sommets internationaux.
Emmanuel Macron mène depuis son élection une diplomatie hyperactive afin d'imposer la France sur la scène internationale, revendiquant "un discours de vérité et de pragmatisme" avec ses homologues internationaux, comme le Russe Vladimir Poutine ou l'Américain Donald Trump.
Côté français, il s'agit ainsi, selon les analystes, de renforcer la coopération avec la Turquie sur des dossiers comme la lutte contre le terrorisme et la crise migratoire.
"Emmanuel Macron traite avec Ankara de façon pragmatique: considérant que la Turquie est un partenaire essentiel pour l’Europe sur ces dossiers, il tente d’engager Erdogan et de construire un nouveau rapport avec la Turquie, basé sur des intérêts mutuels", explique Mme Jabbour, selon laquelle "M. Macron ne sacrifiera pas (...) les relations turco-françaises sur l’autel de la défense des droits de l’homme".
- 'Faute de mieux' -
Pour Samim Akgönül, historien et politologue, enseignant à l'université de Strasbourg, le chef de l'Etat turc se rend à Paris "faute de mieux", puisqu'Ankara aurait, selon lui, préféré une visite à Berlin afin de rétablir les relations avec l'UE.
"Il fallait bien commencer quelque part", estime-t-il, peu optimiste sur la possibilité d'un appaisement des relations avec Bruxelles en 2018: "On peut voir un changement discursif, mais je ne pense pas que structurellement les relations puissent avancer", affirme-t-il.
Outre les questions politiques, les chefs d'Etat devraient aborder des questions économiques, souhaitant renforcer leurs relations dans ce domaine. Le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a ainsi déclaré dans un communiqué publié dimanche que la France est "un allié de premier plan" et "un important partenaire économique et commercial".
En 2016, les échanges entre les deux pays valaient 13,38 milliards de dollars, selon les chiffres d'Ankara.
Par ailleurs, la Turquie a signé en novembre une lettre d'intention avec la France et l'Italie ouvrant la voie à l'achat par Ankara de missiles sol-air au consortium franco-italien Eurosam. (AFP)
Cette visite bilatérale, la plus importante du chef de l'Etat turc dans un pays de l'UE depuis le putsch manqué de juillet 2016, portera essentiellement sur les dossiers régionaux, comme le conflit syrien ou la question du statut de Jérusalem, mais Paris assure que la question des droits de l'homme sera également abordée.
En effet, l'ampleur des purges menées par Ankara après la tentative de coup d'Etat lui a valu de nombreuses critiques de ses partenaires européens, Berlin en première ligne, ramenant quasiment à l'arrêt les négociations au long cours sur sa candidature d'adhésion à l'UE.
Plus de 140.000 personnes ont été limogées et suspendues et plus de 55.000 ont été arrêtées, dont des universitaires, des journalistes et des militants pro-kurdes.
La chancelière allemande Angela Merkel a même annoncé début septembre être favorable à un arrêt de ces négociations, tandis qu'Emmanuel Macron a appelé quelques jours plus tard à "éviter les ruptures" entre l’UE et la Turquie, la qualifiant de "partenaire essentiel", tout en s'inquiétant de "dérives préoccupantes".
- 'Nouvel élan' -
M. Erdogan a ainsi déclaré la semaine dernière vouloir "avoir de bonnes relations avec l'UE et avec les pays de l'UE", dans le but de "réduire le nombre d'ennemis et augmenter le nombre d'amis".
Il a notamment salué le soutien de Paris, mais aussi de Berlin, sur sa vive condamnation de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par Washington.
"Ils ne nous ont pas laissés tomber sur cette question", avait estimé M. Erdogan.
"En se rapprochant de la France, pays majeur de l’UE, la Turquie tente de donner un nouvel élan à sa candidature européenne, surtout à un moment où le pays rencontre de nombreuses difficultés au Moyen-Orient (Syrie, Irak), et connait des tensions diplomatiques avec les Etats-Unis", analyse Jana Jabbour, docteure associée au CERI/Sciences Po, auteure de "La Turquie, l’invention d’une diplomatie émergente" (CNRS, 2017).
Il s'agit de la première visite du président turc en France depuis l'élection d'Emmanuel Macron en mai 2017, mais les deux hommes ont déjà eu l'occasion de se rencontrer lors de sommets internationaux.
Emmanuel Macron mène depuis son élection une diplomatie hyperactive afin d'imposer la France sur la scène internationale, revendiquant "un discours de vérité et de pragmatisme" avec ses homologues internationaux, comme le Russe Vladimir Poutine ou l'Américain Donald Trump.
Côté français, il s'agit ainsi, selon les analystes, de renforcer la coopération avec la Turquie sur des dossiers comme la lutte contre le terrorisme et la crise migratoire.
"Emmanuel Macron traite avec Ankara de façon pragmatique: considérant que la Turquie est un partenaire essentiel pour l’Europe sur ces dossiers, il tente d’engager Erdogan et de construire un nouveau rapport avec la Turquie, basé sur des intérêts mutuels", explique Mme Jabbour, selon laquelle "M. Macron ne sacrifiera pas (...) les relations turco-françaises sur l’autel de la défense des droits de l’homme".
- 'Faute de mieux' -
Pour Samim Akgönül, historien et politologue, enseignant à l'université de Strasbourg, le chef de l'Etat turc se rend à Paris "faute de mieux", puisqu'Ankara aurait, selon lui, préféré une visite à Berlin afin de rétablir les relations avec l'UE.
"Il fallait bien commencer quelque part", estime-t-il, peu optimiste sur la possibilité d'un appaisement des relations avec Bruxelles en 2018: "On peut voir un changement discursif, mais je ne pense pas que structurellement les relations puissent avancer", affirme-t-il.
Outre les questions politiques, les chefs d'Etat devraient aborder des questions économiques, souhaitant renforcer leurs relations dans ce domaine. Le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a ainsi déclaré dans un communiqué publié dimanche que la France est "un allié de premier plan" et "un important partenaire économique et commercial".
En 2016, les échanges entre les deux pays valaient 13,38 milliards de dollars, selon les chiffres d'Ankara.
Par ailleurs, la Turquie a signé en novembre une lettre d'intention avec la France et l'Italie ouvrant la voie à l'achat par Ankara de missiles sol-air au consortium franco-italien Eurosam. (AFP)