Espagne: le ministre de la Culture démissionne, coup dur pour Sanchez

Jeudi 14 Juin 2018

Le ministre de la Culture espagnol Maxim Huerta a démissionné mercredi une semaine après sa nomination, suite à des révélations sur ses déboires passés avec le fisc, un premier coup dur pour le tout nouveau gouvernement du socialiste Pedro Sanchez.

Salué sur la scène internationale pour avoir nommé il y a une semaine le gouvernement le plus féminin de l'histoire de l'Espagne, et pour avoir accepté lundi d'accueillir en Espagne les migrants de l'Aquarius, Sanchez a dû subitement passer mercredi en mode gestion de crise.

En cause, des révélations de la presse espagnole sur les déboires passés avec le fisc de son ministre de la Culture et des Sports, Maxim Huerta - écrivain, journaliste et ancien animateur d'une émission vedette en Espagne - devenu selon les médias espagnols le ministre au mandat le plus bref depuis le retour de la démocratie en Espagne en 1977.

Devant la presse, au siège de son ministère, Maxim Huerta, a annoncé sa démission vers 17H00 GMT, tout en clamant son innocence.

"J'ai payé cette amende deux fois, la première auprès du ministère des Finances (...) et je la paye maintenant une deuxième fois, ici, en étant conscient que l'innocence ne vaut rien devant cette meute", a-t-il dénoncé.

C'est le journal en ligne El Confidencial qui a lâché cette bombe politique en révélant mercredi que Huerta avait été contraint de payer l'an dernier plus de 360.000 euros au fisc après avoir déclaré, entre 2006 et 2008, ses revenus personnels à travers une société pour payer moins d'impôts.

Le ministre, dont la nomination au sein de l'exécutif avait été une réelle surprise en raison de son côté "people", a assuré qu'un tel mécanisme n'"était pas illégal à ce moment-là". Il a argué du fait que cela était courant chez les "journalistes, avocats, architectes ou artistes".

Il avait par ailleurs été défendu en début de journée par d'autres membres de l'exécutif.

Le gouvernement a annoncé dans la soirée le nom du nouveau ministre, José Guirao, qui a été à la tête du musée madrilène Reina Sofia de 1994 à 2001.

- Déjà critiqué sur le sport -

Dès la révélation de cette affaire, les appels à la démission de M. Huerta se sont multipliés, à gauche et à droite, mettant la pression sur le gouvernement.

"Nous n'allons pas soutenir des comportements qui nous rappellent le Parti populaire" (PP) du conservateur Mariano Rajoy, avait notamment lancé Pablo Iglesias, numéro un du parti de gauche radicale Podemos, l'une des principales forces à avoir porté au pouvoir M. Sanchez le 1er juin.

M. Sanchez avait pris la tête du gouvernement après le vote d'une motion de censure socialiste ayant renversé Mariano Rajoy, coulé par la condamnation de son Parti Populaire (PP) dans un méga-procès pour corruption.

De nombreux internautes et médias ont par ailleurs ressorti une vidéo de février 2015 dans laquelle Pedro Sanchez, alors chef de l'opposition, jurait à la télévision que s'il apprenait qu'un membre de la direction de son parti avait utilisé une société pour payer moins d'impôts, celui-ci serait immédiatement limogé.

Après la démission de Maxim Huerta, Podemos s'est félicité.

"Le gouvernement et le président défendaient ce matin le maintien de M. Huerta mais l'Espagne n'est plus ce qu'elle était (...) les citoyens ne tolèrent plus ces choses. Je félicite le gouvernement pour avoir su écouter et rectifier mais je félicite surtout les gens", a déclaré Iglesias, pris lui aussi en mai dans une polémique autour de l'achat d'une coûteuse villa avec piscine près de Madrid.

Maxim Huerta, également chargé du portefeuille des Sports, avait déjà été critiqué peu après sa désignation, des internautes ayant exhumé d'anciens tweets dans lesquels il assurait détester le sport.
 
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