Christopher Blair
Aux Etats-Unis, Christopher Blair rédige des articles de fausses informations, générant des millions de vues sur Internet. Si selon lui, ces contenus sont clairement satiriques, une partie des internautes conservateurs croit en leur véracité.
Christopher Blair, 48 ans, gère huit sites en ligne et cinq pages Facebook à domicile, depuis sa maison située dans l'Etat du Maine. Les affirmations de ses articles sont «absurdes» rappelle-t-il, comme cette publication qui assurait que le mandat du président américain Donald Trump pourrait être prolongé de trois ans.
Mais de nombreuses personnes, qui pensent que ces contenus sont basés sur des faits, les partagent contribuant ainsi à la propagation de fausses informations sur Internet. Les avertissements sont pourtant nombreux. «Satire», «Faux fact-check», «Rien sur cette page n'est vrai», peut-on lire sur les publications de Christopher Blair.
Ces alertes sont visibles dès qu'une personne clique sur un article, au lieu de le partager directement en ne se fiant qu'au titre. Mais souvent, les internautes ne cliquent pas.
«La vérité ne compte plus»
Christopher Blair, «troll progressiste» autoproclamé, qui se décrit comme militant, assure connaître son «audience» conservatrice grâce à des années d'expérience. Et il n'en a pas une grande estime.
«Nous informons ces personnes qu'elles sont en train de partager des articles satiriques, mais cela ne change rien», dit-il. «La vérité ne compte plus pour elles. La seule chose qui leur importe est de continuer à nourrir leurs sentiments de haine et de peur.»
La désinformation est un problème majeur dans la course à la présidentielle de 2020, mais, pour Christopher Blair, il est clair que ses lecteurs ont déjà leur opinion et que ses contenus «n'auront pas d'impact sur le scrutin».
Christopher Blair a tout d'abord essayé de débattre avec des internautes sur des pages internet conservatrices, mais «cela ne marche pas», selon lui. «On ne fait que vous insulter et vous dire que vous détestez l'Amérique». Il a donc changé de stratégie.
Christopher Blair a commencé par «'troller' pour rire» - troller consiste à chercher la polémique et à parasiter une discussion volontairement. Puis, sa démarche a évolué. Il essaie désormais «d'inculquer la vérité à ceux qui ne peuvent pas apprendre d'une autre façon.»
Pages surveillées
«Les personnes qui partagent nos contenus ne s'intéressent pas à la vérité. Ils partagent 500 choses par jour, souvent des publications emplies de mensonges haineux. Quand ils partagent quelque chose que nous avons produit, nous avons la possibilité de les mettre face à leurs responsabilités», indique-t-il.
Il existe un groupe de «plusieurs centaines de trolls», qui «surveille les pages» et informe les personnes partageant et commentant les articles qu'il s'agit de contenus satiriques. «La logique et la raison n'ont pas d'effet sur ces gens, mais ils sont sensibles à la honte», explique Christopher Blair.
Certains ne voient cependant pas cette approche comme utile ou inoffensive. «Ce type de contenus érode notre socle de vérités partagées, et sans cela, il est difficile de continuer à être une société qui se rassemble et prend des décisions collectives», selon Graham Brookie, directeur du centre de recherche spécialisé sur les questions de désinformation du centre de réflexion Atlantic Council.
Un travail à plein temps
Avant de lancer son site satirique «America's Last Line of Defense» («La dernière ligne de défense de l'Amérique») en 2016, Christopher Blair était un blogueur politique. Il reçoit aujourd'hui des revenus publicitaires liés à son réseau de sites web, qui compte 26 millions de pages vues revendiquées en 2019, mais refuse d'en divulguer le montant exact.
«Est-ce que je gagne de l'argent grâce à cela? Oui», déclare-t-il. «Est-ce que je suis en train de devenir riche et de me faire 300'000 dollars par an? Non.» «C'est un travail à plein temps.»
Même s'il produit des contenus controversés, Christopher Blair, surnommé le «parrain de la désinformation», affirme qu'il y a des limites qu'il se refuse à franchir. Il n'irait pas jusqu'à écrire un article affirmant que la date d'une élection aurait changé par exemple.
Dans la section «À propos» de ses sites internet, Christopher Blair a glissé une réponse à ses détracteurs. «Si vous lisez ces trucs et pensez que des gens raisonnables peuvent les croire véridiques, vous devriez sortir, tout de suite, et aller vous acheter un sens de l'humour.» (ats/nxp)
Christopher Blair, 48 ans, gère huit sites en ligne et cinq pages Facebook à domicile, depuis sa maison située dans l'Etat du Maine. Les affirmations de ses articles sont «absurdes» rappelle-t-il, comme cette publication qui assurait que le mandat du président américain Donald Trump pourrait être prolongé de trois ans.
Mais de nombreuses personnes, qui pensent que ces contenus sont basés sur des faits, les partagent contribuant ainsi à la propagation de fausses informations sur Internet. Les avertissements sont pourtant nombreux. «Satire», «Faux fact-check», «Rien sur cette page n'est vrai», peut-on lire sur les publications de Christopher Blair.
Ces alertes sont visibles dès qu'une personne clique sur un article, au lieu de le partager directement en ne se fiant qu'au titre. Mais souvent, les internautes ne cliquent pas.
«La vérité ne compte plus»
Christopher Blair, «troll progressiste» autoproclamé, qui se décrit comme militant, assure connaître son «audience» conservatrice grâce à des années d'expérience. Et il n'en a pas une grande estime.
«Nous informons ces personnes qu'elles sont en train de partager des articles satiriques, mais cela ne change rien», dit-il. «La vérité ne compte plus pour elles. La seule chose qui leur importe est de continuer à nourrir leurs sentiments de haine et de peur.»
La désinformation est un problème majeur dans la course à la présidentielle de 2020, mais, pour Christopher Blair, il est clair que ses lecteurs ont déjà leur opinion et que ses contenus «n'auront pas d'impact sur le scrutin».
Christopher Blair a tout d'abord essayé de débattre avec des internautes sur des pages internet conservatrices, mais «cela ne marche pas», selon lui. «On ne fait que vous insulter et vous dire que vous détestez l'Amérique». Il a donc changé de stratégie.
Christopher Blair a commencé par «'troller' pour rire» - troller consiste à chercher la polémique et à parasiter une discussion volontairement. Puis, sa démarche a évolué. Il essaie désormais «d'inculquer la vérité à ceux qui ne peuvent pas apprendre d'une autre façon.»
Pages surveillées
«Les personnes qui partagent nos contenus ne s'intéressent pas à la vérité. Ils partagent 500 choses par jour, souvent des publications emplies de mensonges haineux. Quand ils partagent quelque chose que nous avons produit, nous avons la possibilité de les mettre face à leurs responsabilités», indique-t-il.
Il existe un groupe de «plusieurs centaines de trolls», qui «surveille les pages» et informe les personnes partageant et commentant les articles qu'il s'agit de contenus satiriques. «La logique et la raison n'ont pas d'effet sur ces gens, mais ils sont sensibles à la honte», explique Christopher Blair.
Certains ne voient cependant pas cette approche comme utile ou inoffensive. «Ce type de contenus érode notre socle de vérités partagées, et sans cela, il est difficile de continuer à être une société qui se rassemble et prend des décisions collectives», selon Graham Brookie, directeur du centre de recherche spécialisé sur les questions de désinformation du centre de réflexion Atlantic Council.
Un travail à plein temps
Avant de lancer son site satirique «America's Last Line of Defense» («La dernière ligne de défense de l'Amérique») en 2016, Christopher Blair était un blogueur politique. Il reçoit aujourd'hui des revenus publicitaires liés à son réseau de sites web, qui compte 26 millions de pages vues revendiquées en 2019, mais refuse d'en divulguer le montant exact.
«Est-ce que je gagne de l'argent grâce à cela? Oui», déclare-t-il. «Est-ce que je suis en train de devenir riche et de me faire 300'000 dollars par an? Non.» «C'est un travail à plein temps.»
Même s'il produit des contenus controversés, Christopher Blair, surnommé le «parrain de la désinformation», affirme qu'il y a des limites qu'il se refuse à franchir. Il n'irait pas jusqu'à écrire un article affirmant que la date d'une élection aurait changé par exemple.
Dans la section «À propos» de ses sites internet, Christopher Blair a glissé une réponse à ses détracteurs. «Si vous lisez ces trucs et pensez que des gens raisonnables peuvent les croire véridiques, vous devriez sortir, tout de suite, et aller vous acheter un sens de l'humour.» (ats/nxp)