L’émissaire américain pour la Corne de l’Afrique va se rendre jeudi et vendredi en Éthiopie pour appeler à une solution pacifique dans ce pays, où des groupes rebelles menacent de marcher sur la capitale Addis Abeba.
Les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui affrontent l’armée éthiopienne depuis an dans le nord, ont affirmé ce week-end avoir pris les villes de Dessie et de Kombolcha, situées à un carrefour routier stratégique à 400 kilomètres au nord d’Addis Abeba.
Dans le même temps, l’Armée de libération oromo (OLA), un groupe rebelle allié au TPLF, a annoncé s’être emparé de localités plus au sud, le long de l’autoroute menant à la capitale.
« Si les choses continuent dans la dynamique actuelle, alors (la prise d’Addis Abeba) est une question de mois, si ce n’est de semaines », a déclaré mercredi à l’AFP le porte-parole de l’OLA, Odaa Tarbii, assurant que la chute du premier ministre Abiy Ahmed est « courue d’avance ».
Mercredi soir, un porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a affirmé que cette organisation tentait à présent, aux côtés de l’OLA, de prendre le contrôle de Kemissie, à quelque 325 kilomètres de la capitale.
« Les opérations communes se poursuivront dans les jours et les semaines à venir », a ajouté Getachew sur Twitter.
Le gouvernement dément toute progression des rebelles, mais a décrété mardi l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire, tandis que les habitants d’Addis Abeba étaient appelés à s’organiser pour défendre leur ville.
Les communications sont coupées dans une grande partie du nord de l’Éthiopie et l’accès à cette zone des journalistes est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des positions sur le terrain.
Détentions
L’escalade des derniers jours inquiète la communauté internationale.
« Les États-Unis sont de plus en plus préoccupés par l’ampleur croissante des opérations de combat et des violences intercommunautaires », a déclaré mercredi un porte-parole de la diplomatie américaine, annonçant la visite jeudi et vendredi en Éthiopie de son émissaire pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman.
Mercredi, le premier ministre Abiy Ahmed a accusé l’alliance rebelle de « détruire le pays », le transformant en Libye ou en Syrie.
A Addis Abeba, des habitants inquiets affirmaient mercredi leur soutien au gouvernement. « Ce sont des ennemis de l’Éthiopie, ils doivent (être) écartés et, pour cela, nous devons tous nous soumettre à l’état d’urgence », estime Azmeraw Berhan, un travailleur indépendant.
Dans le cadre de l’état d’urgence, les autorités pourront enrôler « tout citoyen en âge de combattre et possédant une arme » ou suspendre des organes d’information soupçonnés d’« apporter un soutien moral direct ou indirect » au TPLF, selon le média d’État Fana Broadcasting Corporate.
Getachew Reda a qualifié ces mesures de « carte blanche pour emprisonner ou tuer des Tigréens ».
Deux avocats traquant les détentions arbitraires de Tigréens ont affirmé mercredi à l’AFP avoir reçu des informations faisant état de dizaines de personnes arrêtées par la police à Addis Abeba depuis l’annonce de l’état d’urgence.
Déclenché en novembre 2020, le conflit au Tigré connaît un spectaculaire revirement ces derniers mois.
Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, avait proclamé la victoire le 28 novembre, après avoir envoyé l’armée dans la région pour destituer les autorités dissidentes issues du TPLF qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires fédérales.
Mais en juin, les combattants partisans du TPLF ont repris l’essentiel de la région. Le gouvernement a alors retiré ses troupes et déclaré un cessez-le-feu unilatéral le 28 juin, mais les rebelles ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l’Afar et de l’Amhara.
« Crimes contre l’humanité »
La période du 3 novembre au 28 juin a été marquée par de nombreuses exactions dont « certaines peuvent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité », estiment le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme et la Commission éthiopienne des droits de l’homme dans une enquête commune rendue publique mercredi.
Ce rapport évoque notamment exécutions extrajudiciaires, tortures, enlèvements, violences sexuelles — dont des viols collectifs de femmes et d’hommes — et pillages.
Le Haut-Commissariat a dit avoir également recensé des exactions commises après la période couverte par l’enquête, qui ont en particulier abouti à la mort en septembre de 47 civils dans le village amhara de Chenna, tenu par le TPLF.
Abiy Ahmed a souligné que ce rapport n’établissait aucune preuve d’un génocide au Tigré, mais la Haute-commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet a répondu que l’enquête n’avait permis ni d’établir ni d’écarter ces accusations qui requièrent une enquête plus approfondie.
Les douze mois de conflit ont également plongé le nord de l’Éthiopie dans une grave crise humanitaire, avec plusieurs centaines de milliers de personnes au bord de la famine. (AFP)
Les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui affrontent l’armée éthiopienne depuis an dans le nord, ont affirmé ce week-end avoir pris les villes de Dessie et de Kombolcha, situées à un carrefour routier stratégique à 400 kilomètres au nord d’Addis Abeba.
Dans le même temps, l’Armée de libération oromo (OLA), un groupe rebelle allié au TPLF, a annoncé s’être emparé de localités plus au sud, le long de l’autoroute menant à la capitale.
« Si les choses continuent dans la dynamique actuelle, alors (la prise d’Addis Abeba) est une question de mois, si ce n’est de semaines », a déclaré mercredi à l’AFP le porte-parole de l’OLA, Odaa Tarbii, assurant que la chute du premier ministre Abiy Ahmed est « courue d’avance ».
Mercredi soir, un porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a affirmé que cette organisation tentait à présent, aux côtés de l’OLA, de prendre le contrôle de Kemissie, à quelque 325 kilomètres de la capitale.
« Les opérations communes se poursuivront dans les jours et les semaines à venir », a ajouté Getachew sur Twitter.
Le gouvernement dément toute progression des rebelles, mais a décrété mardi l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire, tandis que les habitants d’Addis Abeba étaient appelés à s’organiser pour défendre leur ville.
Les communications sont coupées dans une grande partie du nord de l’Éthiopie et l’accès à cette zone des journalistes est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des positions sur le terrain.
Détentions
L’escalade des derniers jours inquiète la communauté internationale.
« Les États-Unis sont de plus en plus préoccupés par l’ampleur croissante des opérations de combat et des violences intercommunautaires », a déclaré mercredi un porte-parole de la diplomatie américaine, annonçant la visite jeudi et vendredi en Éthiopie de son émissaire pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman.
Mercredi, le premier ministre Abiy Ahmed a accusé l’alliance rebelle de « détruire le pays », le transformant en Libye ou en Syrie.
A Addis Abeba, des habitants inquiets affirmaient mercredi leur soutien au gouvernement. « Ce sont des ennemis de l’Éthiopie, ils doivent (être) écartés et, pour cela, nous devons tous nous soumettre à l’état d’urgence », estime Azmeraw Berhan, un travailleur indépendant.
Dans le cadre de l’état d’urgence, les autorités pourront enrôler « tout citoyen en âge de combattre et possédant une arme » ou suspendre des organes d’information soupçonnés d’« apporter un soutien moral direct ou indirect » au TPLF, selon le média d’État Fana Broadcasting Corporate.
Getachew Reda a qualifié ces mesures de « carte blanche pour emprisonner ou tuer des Tigréens ».
Deux avocats traquant les détentions arbitraires de Tigréens ont affirmé mercredi à l’AFP avoir reçu des informations faisant état de dizaines de personnes arrêtées par la police à Addis Abeba depuis l’annonce de l’état d’urgence.
Déclenché en novembre 2020, le conflit au Tigré connaît un spectaculaire revirement ces derniers mois.
Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, avait proclamé la victoire le 28 novembre, après avoir envoyé l’armée dans la région pour destituer les autorités dissidentes issues du TPLF qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires fédérales.
Mais en juin, les combattants partisans du TPLF ont repris l’essentiel de la région. Le gouvernement a alors retiré ses troupes et déclaré un cessez-le-feu unilatéral le 28 juin, mais les rebelles ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l’Afar et de l’Amhara.
« Crimes contre l’humanité »
La période du 3 novembre au 28 juin a été marquée par de nombreuses exactions dont « certaines peuvent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité », estiment le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme et la Commission éthiopienne des droits de l’homme dans une enquête commune rendue publique mercredi.
Ce rapport évoque notamment exécutions extrajudiciaires, tortures, enlèvements, violences sexuelles — dont des viols collectifs de femmes et d’hommes — et pillages.
Le Haut-Commissariat a dit avoir également recensé des exactions commises après la période couverte par l’enquête, qui ont en particulier abouti à la mort en septembre de 47 civils dans le village amhara de Chenna, tenu par le TPLF.
Abiy Ahmed a souligné que ce rapport n’établissait aucune preuve d’un génocide au Tigré, mais la Haute-commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet a répondu que l’enquête n’avait permis ni d’établir ni d’écarter ces accusations qui requièrent une enquête plus approfondie.
Les douze mois de conflit ont également plongé le nord de l’Éthiopie dans une grave crise humanitaire, avec plusieurs centaines de milliers de personnes au bord de la famine. (AFP)