FCFA, GAMBIE, YAVUZ-SELIM, MALI, PALESTINE… : La coalition Sàmm Li Nu Bokk/Alternative Solidaire fait le point

Mercredi 4 Janvier 2017

« La Conférence des Leaders de la Coalition Sàmm Li Nu Bokk/Alternative Solidaire (SLB/AS) s’est réunie en session ordinaire au siège du Parti « Citoyens pour l’Ethique et la Transparence- CET/Jariñ Sama Réew. A l’issue de ses délibérations, elle a décidé de rendre publique la déclaration suivante :
 
La Coalition SLB/AS présente tout d’abord ses vœux de paix, d’unité et de prospérité aux peuples d’Afrique et du monde entier pour l’année nouvelle 2017. Abordant ensuite la récente visite d’Etat du Président Macky Sall en France, la Conférence des Leaders a exprimé sa vive indignation devant ses propos relatifs au Franc CFA, présenté comme une « bonne monnaie, stable et à conserver ». Un tel aveu de servitude volontaire, ouvertement exprimé depuis l’étranger par le Chef d’un Etat réputé indépendant et souverain, est d’autant plus scandaleux que ce dernier n’ignore rien du processus en cours au sein de la CEDEAO pour la création d’une monnaie commune en 2020.
 
Sur un autre plan, les Leaders relèvent la même incohérence dans la capitulation du gouvernement face aux pressions inacceptables des autorités turques visant à imposer leur propre solution et interlocuteur pour la gestion des établissements d’enseignement du groupe Yevuz Salim au Sénégal. Outre la protestation légitime des parents d’élèves contre cette violation de leur droit de choisir librement l’éducation à donner à leurs enfants, pareille atteinte à la sécurité juridique des investissements privés étrangers, ainsi spoliés au bénéfice d’un Etat dictatorial, pose le problème de la dignité et de la souveraineté de notre pays, qu’il convient de défendre et de préserver à tout prix.
 
En ce qui concerne la crise post-électorale en Gambie, la Coalition félicite chaleureusement le peuple frère gambien pour la magistrale leçon de maturité politique administrée le 1er décembre 2016 au dictateur putschiste Yaya Jammey. Elle se réjouit également de la position de fermeté sur les principes démocratiques, adoptée tant par la CEDEAO et l’union Africaine (UA) que par l’ONU face à la volte-face inadmissible du Président sortant. Les Leaders engagent donc la délégation des chefs d’Etat ouest-africains conduite par Mme Helen Johnson Sirleaf à poursuivre ses efforts de médiation et de persuasion pour ramener à la raison le dictateur déchu par le suffrage populaire. En tout état de cause,  la Coalition considère que le recours à la force armée de l’ECOMOG contre Jammey et son clan est gros de dangers pour toute la sous-région et ne devrait en aucune façon se faire sous commandement sénégalais, contrairement à la décision du Sommet de la CEDEAO en date du 17 décembre 2016, à Abuja.
 
Cela pour plusieurs raisons : d’abord les funestes précédents des interventions militaires sénégalaises en Gambie (Fodé Kaba, 1981) et en Guinée-Bissau (Gabu, 1998) ; ensuite, la présence de la fraction ultra-séparatiste du MFDC aux côtés du dictateur déchu ; enfin et surtout l’existence d’une masse significative de populations civiles entremêlées (gambiennes, sénégalaises et binationales), bien au-delà des zones frontalières des deux Etats. Toute intervention armée du Sénégal, déclarée ou non, serait susceptible de dégénérer en une inutile guerre civile fratricide. D’où la nécessité de miser prioritairement sur la mobilisation des forces de résistance démocratique et non violente des masses gambiennes, soutenues par les peuples frères africains, pour neutraliser la capacité de nuisance du clan Jammey et assurer l’installation du Président élu.
 
A propos du non-respect des Accords d’Alger sur le Mali et du pourrissement de la situation de « ni guerre, ni paix » qui en résulte, les Leaders de la Coalition rappellent qu’au départ, c’est l’agression militaire franco-anglo-américaine contre la Libye du colonel Kadhafi, qui a permis l’éclosion du mouvement sécessionniste armé de l’Azawad au Nord Mali. Aussi, est-ce la poursuite de cette guerre plus ou moins secrète en Libye, sous couvert de l’OTAN, qui entretient la déstabilisation de tout le Sahel et au-delà, de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, sous le prétexte de « lutter contre le terrorisme islamiste ». L’arrêt de la désintégration programmée de l’Etat libyen sur le modèle somalien est le préalable incontournable du rétablissement de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans notre sous-région.
 
Par ailleurs, la Coalition salue l’heureuse initiative du Sénégal qui, en sa qualité de membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, a pris le relais de l’Egypte défaillante en portant, avec la Malaisie, le Venezuela et la Nouvelle-Zélande, la résolution 2334 qui condamne fermement la politique sioniste de colonisation des territoires palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, obstinément poursuivie par l’Etat d’Israël en violation délibérée de la légalité internationale. Ce faisant, le gouvernement du Sénégal reste fidèle à sa tradition diplomatique, constante depuis 1975 qu’il préside le Comité onusien pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Les Leaders dénoncent le chantage et les menaces intolérables des autorités israéliennes et invitent donc le gouvernement sénégalais à faire preuve de la plus grande fermeté devant cette vaine gesticulation diplomatique, qui n’est qu’une tempête dans un verre d’eau !
 
S’agissant du discours du 31 décembre 2016 du Président Macky Sall, la Coalition déplore les silences éloquents sur le bilan du faux référendum constitutionnel de 2016 et sur les multiples problèmes soulevés par les prochaines élections législatives de 2017. Tout indique sa volonté constante de trancher de façon unilatérale et autoritaire les contentieux politiques, alors qu’en matière électorale, la définition consensuelle des règles du jeu démocratique aurait dû être systématique.
 
L’Assemblée nationale du Sénégal quant à elle, loin comme d’habitude des vraies préoccupations des populations des villes et des campagnes, vient encore de s’illustrer de façon scandaleuse en décidant de voter le projet de loi portant le nombre de députés de 150 à 165 sous le fallacieux prétexte d’assurer la représentation des Sénégalais(es) de la diaspora au sein de cette institution !...
 
Pour terminer, la Conférence des Leaders appelle les parties membres de la Coalition SLB/AS à resserrer et fortifier les rangs du mouvement patriotique et démocratique, tout en consolidant le cadre d’unité d’action de l’opposition regroupée autour de la Plateforme en trois points du Front pour la Défense du Sénégal (FDS) /MànkooWattuSenegaal. »
Dakar, le 03 janvier 2017, La Conférence des Leaders 

 
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