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Facebook dévoile sa cryptomonnaie Libra avec des ambitions élevées

Mardi 18 Juin 2019

Facebook dévoile sa cryptomonnaie Libra avec des ambitions élevées
SAN FRANCISCO/NEW YORK (Reuters) - Facebook a dévoilé mardi une cryptomonnaie baptisée Libra qui doit lui permettre de s'imposer dans les paiements, les services financiers et le commerce en ligne dans le monde entier à partir des milliards d'utilisateurs de ses différents réseaux sociaux.
 
"Nous sommes convaincus que le monde a besoin d'une devise numérique mondiale qui combine les attributs des meilleures devises du monde : elle doit être stable, soumise à une inflation faible, acceptée partout dans le monde et fongible. La devise Libra est conçue pour répondre à tous ces besoins", affirme Facebook dans la présentation de son projet.
 
Contesté pour son exploitation des données personnelles de ses utilisateurs, le groupe de Mark Zuckerberg s'efforce de donner des garanties sur son projet, dont le but est "de développer une devise et une infrastructure financière mondiales simples, au service de milliards de personnes".
Libra, dont le lancement est prévu au premier semestre 2020, sera une devise numérique fonctionnant à partir de la technologie blockchain, censée assurer la transparence et la sécurité de toutes les transactions.
 
Pour garantir sa stabilité, elle sera adossée à une réserve d'actifs "de faible volatilité, tels que des titres gouvernementaux dans des devises provenant de banques centrales stables et réputées".
Enfin, Facebook s'est associé à 28 partenaires tels que les spécialistes des paiements Mastercard et Visa, des entreprises commerciales comme Iliad, Spotify ou Uber et des sociétés de capital investissement comme Andreessen Horowitz. Aucune banque ne participe pour l'instant.
 
FACEBOOK PROMET D'ÊTRE UN "MEMBRE PARMI D'AUTRES"
 
Tous ces acteurs, qui pourraient atteindre la centaine d'ici le lancement de cette cryptomonnaie, seront regroupés au sein de l'association Libra, une organisation indépendante à but non lucratif basée à Genève, en Suisse, dont chaque membre disposera d'un droit de vote sur les décisions importantes relatives à cet écosystème financier qu'entend développer Facebook.
 
Le groupe de Menlo Park (Californie) promet de n'être, à terme, "qu'un membre parmi d'autres" de cette association.
 
Ces garde-fous pourraient ne pas suffire à convaincre les autorités à travers le monde.
"Que Facebook crée un instrument de transaction, pourquoi pas. En revanche, que ça devienne une monnaie souveraine, il ne peut pas en être question", a réagi Bruno Le Maire mardi.
 
La France, qui préside le G7 cette année, a demandé un rapport sur le sujet pour le mois prochain aux banques centrales des sept pays membres, a ajouté le ministre français de l'Economie et des Finances.
 
Facebook nourrit de grandes ambitions pour ce projet Libra. Il espère que cette devise non seulement facilitera les transactions entre consommateurs et entreprises à travers le monde mais aussi qu'elle donnera pour la première fois accès à des services financiers aux personnes ne disposant pas de compte en banque.
 
Facebook a ainsi créé une filiale baptisée Calibra, qui fournira des portefeuilles numériques permettant d'épargner, de dépenser et d'envoyer des libras. Calibra sera connecté aux services de messagerie du groupe, qui semble ainsi faire le pari qu'il pourra engranger des revenus à partir des paiements et des transactions effectués via WhatsApp et Messenger.
 
DES DOUTES SUBSISTENT
 
Le nom de cette cryptomonnaie s'inspire de l'unité de poids des Romains (Libra en latin-NDLR), du signe astrologique de la Balance (Libra en anglais-NDLR) et du mot français "liberté", a dit David Marcus, un ancien dirigeant de PayPal responsable du projet chez Facebook.
 
"Liberté, justice et argent, c'est exactement ce que nous essayons de faire ici", a-t-il déclaré.
Des doutes subsistent néanmoins sur la viabilité de ce projet.
 
Facebook fait ainsi l'objet d'une attention renforcée à la suite d'une série de scandales liés à l'utilisation des données personnelles de ses utilisateurs et les autorités, politiques comme réglementaires, pourraient s'inquiéter de cette offensive dans les services financiers via le monde largement dérégulé des cryptomonnaies, accusé de favoriser le blanchiment d'argent, le trafic de drogues et le financement du terrorisme.
 
Des dirigeants de Facebook affirment que des contacts ont été noués avec des régulateurs aux Etats-Unis et ailleurs sur ce projet, sans plus de détails.
 
Sri Shivananda, directeur technologique de PayPal, a déclaré à Reuters que le projet n'en était encore qu'à ses "tout, tout premiers jours".
 
Jorn Lambert, vice-président exécutif chargé des solutions numériques chez Mastercard, partage cet avis et prévient que beaucoup d'éléments doivent encore être réunis avant de procéder au lancement effectif de la libra. Si ce projet rencontre trop d'obstacles réglementaires, "nous pourrions ne pas le lancer", a-t-il dit.
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