Me Papa Leyti Ndiaye, un des avocats de la défense
Les oreilles de Serigne Bassirou Guèye ont sifflé hier! Et pas que légèrement. Pendant plusieurs heures, et comme s’ils attendaient la proche fin de leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont fait usage de munitions lourdes et suffocantes ciblées sur «le procureur d’une partie de la société sénégalaise.» L’expression est venue de Me Pape Leyti Ndiaye, conseil des prévenus Khalifa Ababacar Sall, Ibrahima Yatma Diaw et Mbaye Touré. Devant une assistance nombreuse, Me Ndiaye, décontracté et offensif, a mis en exergue pour le tribunal les reniements, contradictions et partis-pris du procureur de la République.
«Il donne l’impression de chercher un résultat, mais pas la justice», a souligné l’avocat sous les murmures approbateurs des partisans des prévenus. Comme pour soutenir cette impression, Me Diop a rapporté pour sa part les propos d’un magistrat de la chambre d’accusation auquel il a fait dire: «nous, on est pressés (de boucler cette affaire)».
Pour Me Wagane Faye, le procureur se comporte dans ce dossier comme un « ennemi des prévenus, oubliant aux vestiaires le principe fondamental et intangible de la présomption d’innocence». Le même grief est repris par Me Youssouf Camara contre les parties civiles et le procureur de la république. «Ce n’est pas la justice qui les intéresse, c’est d’obtenir la tête de nos clients qui les motive» à l’issue d’un procès qu’il assimile à «une foire aux malhonnêtetés.»
Comme la plupart de ses autres confrères, Me Leyti Ndiaye a rappelé cette curiosité qui a consisté, pour le juge d’instruction Samba Sall, à tirer in extenso son ordonnance de renvoi du réquisitoire du procureur Serigne Bassirou Guèye. «Monsieur le président, il y a eu deux jours d’écart entre ces deux documents», a précisé l’avocat.
«Un procureur ne doit pas jouer avec loi», a-t-il ajouté non sans dire haut et fort que «le maître des poursuites» a allègrement violé la loi. Notamment en chargeant les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (Dic) d’interpeller «à plusieurs reprises» Mbaye Touré en l’absence de ses avocats, ce qui est contraire au Règlement n°5 de la Cour de justice de l’Uemoa sur la garde à vue dans l’espace communautaire.
Concernent les huit (8) infractions collées à Mbaye Touré, Me Pape Leyti Ndiaye s’est résolu à en démontrer leur caractère farfelu tout en ciblant «la plus risible» d’entre elles, le délit de blanchiment. «Monsieur le président, les éléments constitutifs du délit de faux» relevé par le magistrat instructeur et le procureur ne sont pas constitués.
D’où le caractère non opérant des délits subséquents comme le blanchiment et le détournement de deniers publics. Avant lui, c’est Me Boubacar Kane, avocat de Mbaye Touré, qui s’était évertué à montrer en quoi il n’a pu y avoir de détournements de deniers publics. «Sans détournement de deniers publics, l’association de malfaiteurs va porter sur quoi», a-t-il demandé au tribunal.