La population à Gaza « meurt de faim », a dénoncé mercredi un haut responsable de l’OMS, au moment où d’importants pays donateurs ont annoncé la suspension de leur aide à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
« C’est une population qui meurt de faim. C’est une population qui est poussée au bord du gouffre », a déclaré le directeur du programme des urgences sanitaires de l’Organisation mondiale de la santé, Michael Ryan, lors d’une conférence de presse à Genève.
« Les Palestiniens à Gaza sont en catastrophe massive… Si vous demandez si la catastrophe peut s’aggraver, oui absolument », a-t-il ajouté.
L’aide humanitaire entre au compte-gouttes dans ce territoire palestinien totalement assiégé par Israël suite à l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.
« Le nombre de calories consommées par les habitants de Gaza a systématiquement diminué et la qualité de l’alimentation a chuté. Les gens ne sont pas censés survivre avec de l’aide alimentaire pendant des mois et des mois ou des années », a expliqué Michael Ryan.
« Et si vous mélangez le manque de nourriture au surpeuplement ainsi qu’au froid et au manque d’abris, vous obtenez les conditions parfaites pour qu’il y ait une épidémie massive chez les enfants. » (Michael Ryan, directeur du programme des urgences sanitaires de l’OMS).
« Le risque de famine augmente chaque jour »
« À ce jour, plus de 100 000 habitants de Gaza sont soit morts, blessés, portés disparus ou présumés morts », a indiqué le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, pendant la conférence de presse.
« Le risque de famine est élevé et augmente chaque jour », a-t-il dit, alors que les opérations d’aide aux civils de l’UNRWA sont menacées après qu’Israël a accusé 12 des 30 000 employés régionaux de l’agence d’implication dans l’attaque du 7 octobre.
Plusieurs pays donateurs, dont les États-Unis, ont suspendu leur financement à l’UNRWA. Selon le Dr Tedros, cela aura « des conséquences catastrophiques pour la population à Gaza ».
L’URNWA estime « très importante » une enquête indépendante sur les allégations d’Israël, qui l’accuse « d’embaucher des terroristes » dans la bande de Gaza, a déclaré mercredi une porte-parole de cet organisme à Amman.
La semaine dernière, l’OMS a été accusée par l’ambassadrice israélienne auprès des Nations unies à Genève de « collusion » avec le Hamas, affirmant que l’agence onusienne avait « choisi d’ignorer » des preuves montrant, selon Israël, que le mouvement islamique avait utilisé les hôpitaux afin de mener des attaques, cacher des tunnels et des armes.
L’OMS a une nouvelle fois réfuté mercredi ces accusations.
« L’accusation de collusion […] est vraiment irresponsable, car elle pourrait mettre nos employés en danger. Mais je voudrais assurer à l’ambassadrice qu’il n’y a pas de collusion et que l’OMS réfute toute accusation. Nous sommes impartiaux et nous faisons notre travail », a affirmé le Dr Tedros. [AFP]