Force-Covid : «une initiative salutaire mais ce ne sera pas suffisant» (Cheikh Mbacké Sène)

Vendredi 20 Mars 2020

La décision du président de la République de mettre en place un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force-Covid) est une « initiative salutaire » dans l’objectif d’«atténuer les effets dus à la pandémie de maladie à coronavirus sur l’économie nationale », indique l’expert en intelligence économique Cheikh Mbacké Sène dans une note parvenue à Impact.
 
«Le président Macky Sall et le ministre Amadou Hott ont pris des mesures courageuses et significatives devant permettre de sauvegarder nos entreprises toutes tailles confondues, de préserver des emplois et de soutenir les acteurs socio-économiques les plus vulnérables, en particulier ceux qui n’ont pas de revenus réguliers comme les travailleurs indépendants, les journaliers, les auto-entrepreneurs, les petits commerçants et autres artisans », souligne l’économiste.
 
Dans le même document, M. Sène affirme «l’importance pour les acteurs économiques et les ménages de sentir l’Etat à leurs côtés en ces temps difficiles, mais également de maintenir intacte la confiance des entrepreneurs, opérateurs économiques, commerçants, artisans, travailleurs du public et du privé.»
 
Toutefois, ce fonds, doté d’un budget de 64 milliards de francs Cfa, ne suffira pas à faire atteindre les buts espérés par le gouvernement s’il n’est pas mis en place «une cellule de veille et de réflexion pour une bonne cartographie des impacts et des acteurs socio-économiques impactés » par les conséquences de la crise sanitaire, avertit Cheikh Mbacké Sène. « 
 
« Le fonds à lui seul ne suffira pas. Il aura fortement besoin d’une efficacité de gestion incontestable pour l’analyse en temps quasi réel de l’évolution des impacts. C’est cela qui permettra de statuer sur les mesures ad hoc éventuelles à mettre en œuvre pour endiguer les effets de la pandémie », explique-t-il.
 
Dans la foulée, il estime que «l’Etat doit en même temps réfléchir à des mesures fiscales, douanières et sociales pour calmer les inquiétudes et encourager les entrepreneurs à ne pas recourir à des suppressions d’emplois. Ce sera un bon prétexte pour travailler avec les banques et les organismes de crédit de façon intelligente sans dérégler leurs plans financiers.» Ce soutien pourrait se concrétiser par «des reports de délais fiscaux, d’échéances fiscales décalées, de simplification/clarification des déclarations fiscales rectificatives prévues dans le cadre de la loi de finances en vigueur.»
 
Avec les banques, Cheikh Mbacké Sène suggère que l’Etat explore «les possibilités de reporter, sans intérêts, les échéances de crédit bancaire et de leasing dues au titre de la présente période, les paiements des redevances dues par les PME concernant l’eau, l’électricité, les télécoms.»
 
Une autre piste réside, selon lui, dans des «abattements de charges sociales et fiscales sur salaires au titre des 2 et 3e trimestres de 2020 à toute entreprise impactée qui s’engagerait à préserver ses emplois.»
 
Toutes ces mesures préconisées auraient forcément un coup financier avec beaucoup de «sacrifices». Des moyens que le Sénégal «devrait aller chercher en interne et à l’international», indique Cheikh Mbacké Sène. «Je suis de ceux qui pensent que la Chine doit effacer définitivement les dettes du Sénégal par décence et à titre de…redevance morale.»
 
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