France: L'exécutif ne dévie pas de sa ligne sur l'immigration

Lundi 15 Janvier 2018

PARIS (Reuters) - Le gouvernement a affiché dimanche sa détermination à mener à bien sa politique en matière d‘immigration en dépit du flot de critiques provenant du monde associatif et de l‘opposition mais aussi des réserves au sein de la majorité.
 
Le projet de loi qui doit être présenté le mois prochain doit permettre de concilier “humanité” et “fermeté”, selon l‘exécutif, confronté là à un nouveau type de controverse après une année 2017 dominée par les réformes économiques et sociales.
 
“C‘est un projet de loi totalement équilibré”, a déclaré le ministre de l‘Intérieur, Gérard Collomb, à qui reviendra la tâche de défendre le texte au Parlement et devant l‘opinion publique, dans une interview au Parisien Dimanche.
 
“Il reprend deux grands principes : la France doit accueillir les réfugiés, mais elle ne peut accueillir tous les migrants économiques”, a ajouté l‘ex-socialiste.
 
En 2017, a-t-il encore dit, “100.000 personnes ont déposé une demande d‘asile, 85.000 n‘ont pas été admises aux frontières. Il est impossible d‘accueillir dignement 185 000 personnes par an. C‘est une ville comme Rennes.”
 
Son projet de loi contiendra selon lui des mesures visant à faciliter l‘intégration, comme l‘allongement de certaines titres de séjour, la facilitation de l‘accès à la carte de résident pour les parents d‘un réfugié mineur ou l‘extension de la réunification familiale aux frères et soeurs d‘un mineur.
 
Le ministre insiste également sur l‘ouverture, dans les mois à venir, de 200 places dans les Centres d‘accueil et d‘examen des situations (CAES) dans chaque région.
 
Toutefois, il n‘est pas question de revenir sur la circulaire contestée du 12 décembre dernier, instaurant des contrôles de migrants au sein des centres d‘hébergement d‘urgence, là encore selon Gérard Collomb.
 
“LIGNE DIFFICILE À TENIR”
 
Une vingtaine d‘associations, parmi lesquelles Emmaüs, Médecins du monde et le Secours catholique, ont annoncé mercredi qu‘elles saisissaient le Conseil d‘Etat pour réclamer la suspension de cette mesure, qui revient selon elles à faire un “tri” des plus démunis selon leur nationalité.
 
“Cette circulaire a été extrêmement caricaturée, mais elle est assez nuancée”, s‘est défendu le ministre de l‘Intérieur.
 
“On est (...) là sur une ligne qui est difficile, qui est une ligne à la fois d‘humanité et de fermeté”, a pour sa part jugé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, sur BFM TV, résumant ainsi la philosophie du juste milieu revendiquée par la majorité.
 
Car, a-t-il poursuivi, “la gauche considère qu‘on est à deux doigts du fascisme et la droite considère que c‘est le laxisme généralisé. C‘est sans doute que nous sommes dans le vrai.”
L‘ancien élu socialiste a cependant laissé entendre que le gouvernement serait ouvert à des amendements de la majorité.
 
A gauche, les responsables politiques sont unanimes dans leurs critiques de la politique gouvernementale, décrite comme répressive, de même que les dirigeants syndicaux, à l‘image de Laurent Berger, de la CFDT, et de Philippe Martinez, de la CGT.
 
Au sein même de la majorité, certains se sont dits “froissés” par la circulaire du mois dernier.
Parallèlement, l’écrivain et prix Nobel de littérature J.M.G Le Clézio a dénoncé dans l‘hebdomadaire L‘Obs de cette semaine un “déni d‘humanité insupportable”.
 
Le président des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a adressé au pouvoir une critique inverse en comparant le projet de loi Collomb à un “catalogue de mesures techniques qui ne changeront rien à la vague migratoire”.
 
“Avec Emmanuel Macron, les immigrés clandestins resteront sur notre sol. Ils seront même de plus en plus nombreux”, a ajouté le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes dans une interview au Journal du dimanche.
 
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