Le Parquet national financier (PNF) a requis de mettre en procès l’homme d’affaires français Vincent Bolloré pour soupçons de corruption dans l’enquête sur l’attribution frauduleuse de la gestion des ports de Lomé au Togo et de Conakry en Guinée entre 2009 et 2011, a rapporté le quotidien Le Monde vendredi 7 juin.
Saisis depuis 2013, les magistrats parisiens soupçonnent le groupe Bolloré d’avoir utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Euro RSCG (devenue Havas) pour décrocher frauduleusement la gestion des ports de Lomé et Conakry au bénéfice de sa filiale Bolloré Africa Logistics (anciennement appelée SDV), au moment des présidentielles en 2010 au Togo et en Guinée.
Vincent Bolloré, tête de proue du groupe et onzième fortune de France, Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré à l’époque, et Jean-Philippe Dorent, directeur international chez Havas, avaient demandé en 2021 une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité pour éviter un long procès pénal.
Les trois avaient reconnu les faits, lors d’une audience publique, et accepté une peine de 375 000 euros d’amende, mais le tribunal avait refusé de l’homologuer, avant de renvoyer le dossier à l’instruction.
Vincent Bolloré avait contesté auprès de la Cour de cassation ce revers procédural qui selon lui porte atteinte à sa présomption d’innocence, mais la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français a validé fin novembre 2023 la procédure, ouvrant la voie à un nouveau procès pénal. Lundi, le PNF a requis un procès pour corruption active d’agent public étranger contre l’industriel breton de 74 ans et Alix, pour abus de confiance pour ce dernier, et pour complicité de corruption active pour Bolloré et Dorent, rapporte Le Monde.
‘’Une demande de non-lieu sera présentée au juge d’instruction’’, ont indiqué Céline Astolfe et Olivier Baratelli, les deux avocats qui défendent Vincent Bolloré et son groupe, qui rappellent que ‘’les faits étant contestés depuis le premier jour dans un dossier juridiquement vide.’’
Selon les deux avocats, le ‘’faux pas’’ de la non-validation de la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité en 2021 ‘’prive définitivement les parties du droit à être jugées de manière impartiale et objective’’. [AA]