France - Le gouvernement Barnier déjà sous le feu des critiques de la gauche et de l’extrême droite

Dimanche 22 Septembre 2024

Le chef du gouvernement français Michel Barnier

Le premier ministre français Michel Barnier a promis dimanche de faire des « compromis », au lendemain de la présentation de son gouvernement, sous la menace d’une censure de la gauche et de l’extrême droite au Parlement.

 

À la tête d’un cabinet critiqué comme un attelage fragile entre le camp du président Emmanuel Macron et la droite, M. Barnier a précisé dimanche soir sur la chaîne France 2 ses priorités sur certains des dossiers les plus clivants, la fiscalité, la dette ou les retraites.

 

Le premier ministre de droite promet notamment de ne « pas alourdir encore l’impôt sur l’ensemble des Français », mais estime que « les plus riches doivent prendre part à l’effort de solidarité » : « maîtriser les dépenses, ça peut se faire notamment avec des prélèvements ciblés sur les personnes fortunées, ou certaines grosses entreprises ».

 

« Une grande partie de notre dette est émise sur les marchés internationaux, extérieurs, il faut garder la crédibilité de la France », a-t-il ajouté, alors que le déficit public du pays s’affiche à plus de 5 % du PIB, au-delà de la limite européenne de 3 %.

 

Le budget, urgence numéro un

 

L’élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est l’urgence numéro un, M. Barnier ayant qualifié la « situation budgétaire » de la France de « très grave ».

 

Signe de son importance, il a voulu garder un œil sur ce dossier explosif en mettant sous sa tutelle directe le ministre macroniste des Comptes publics, Laurent Saint-Martin.

 

Dimanche soir, M. Barnier a également promis de « prendre le temps d’améliorer la réforme des retraites ». Mais en aura-t-il le temps ?

 

La gauche a déjà promis la censure du nouvel exécutif. Le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a appelé à se « débarrasser aussitôt que possible » de ce « gouvernement des perdants », qui n’a selon lui « ni légitimité ni futur ».

 

Annoncé officiellement samedi soir, le nouvel exécutif fait en effet la part belle au parti du président Macron, Renaissance, et une bonne place à celui de droite Les Républicains (LR). Deux formations pourtant sorties en net recul des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, provoquées par la dissolution controversée de l’Assemblée nationale par M. Macron, après la déroute du camp présidentiel aux élections européennes.

 

Les 39 ministres participeront à leur premier Conseil des ministres lundi à 9 h (heure de l’Est), au palais présidentiel de l’Élysée autour du chef de l’État.

 

Le gouvernement devra réussir à s’imposer face à une Assemblée fragmentée en trois blocs irréconciliables : la gauche, arrivée première aux élections en juillet, mais absente de l’exécutif, le centre droit macroniste et l’extrême droite, en position d’arbitre.

 

L’attelage est marqué à droite, avec notamment comme ministre de l’Intérieur le LR Bruno Retailleau, au profil conservateur sur les sujets de société et très ferme sur l’immigration.

 

Une tendance qui a d’emblée alimenté les tensions entre le premier ministre et les parlementaires du camp présidentiel.

 

L’ex-premier ministre Gabriel Attal, chef de file des députés macronistes, a déclaré dimanche qu’il allait demander à M. Barnier des garanties sur l’accès à la procréation médicalement assistée, le droit à l’avortement et les droits LGBT. Les « grandes lois » de « progrès social ou sociétal » seront « préservées », lui a répondu, le soir sur France 2, le chef du gouvernement.

 

« Gouvernement réactionnaire »

 

À gauche, cet exécutif a été dénoncé comme « un gouvernement réactionnaire en forme de bras d’honneur à la démocratie » par le patron des socialistes, Olivier Faure, qui entend déposer rapidement une motion de censure à l’Assemblée.

 

L’ONG environnementale Greenpeace a estimé qu’il semblait « déjà enfermé dans les logiques dépassées de l’ancien monde » face à l’urgence climatique.  

 

Quant à Marine Le Pen, la cheffe des députés du parti d’extrême droite du Rassemblement national (RN), qui détient entre ses mains la survie du nouvel exécutif à l’Assemblée, elle l’a jugé « éloigné du désir de changement et d’alternance » exprimé lors des législatives de l’été. [AFP]

 
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