Le Conseil d'État a statué, lundi, contre la région Hauts-de-France, ordonnant le versement de 287 000 euros au lycée Averroès pour l'année scolaire 2022-2023. La région avait auparavant refusé de verser cette subvention à l'établissement privé musulman, invoquant des préoccupations financières passées.
Le lycée Averroès, basé à Lille, combat ce refus de paiement depuis 2019. La région s'oppose au versement du "forfait d'externat", une subvention normalement garantie à tous les établissements privés sous contrat.
Selon BFMTV, la Cour souligne que les motifs de refus de la région sont "insuffisamment motivés" et ne répondent pas à une "condition d’urgence".
Pour rappel, en février, le lycée Averroès à Lille a été notifié que l'État avait décidé de lui couper toute subvention. Prise le mois de décembre 2023, la mesure a été entérinée en février par le tribunal administratif de la ville, alors que le lycée musulman est accusé notamment de donner des enseignements "contraires" aux "valeurs de la République", des accusations que rejette l'administration du lycée en question.
La controverse ne s'arrête pas là pour l'établissement. En effet, le lycée espère également contester la résiliation de son contrat avec l'État, prévue pour la rentrée de septembre. Le préfet du Nord a initié cette mesure, reprochant à l'établissement certaines pratiques pédagogiques.
En parallèle, le lycée a lancé une cagnotte en ligne pour assurer son fonctionnement pour l'année scolaire 2024, indépendamment de l'issue de ses démarches administratives. Cette initiative a déjà récolté plus de 468 000 euros, selon BFMTV.
Pour rappel, lors d'une conférence de presse à laquelle avait participé le correspondant d'Anadolu à Paris en décembre dernier, les avocats du lycée privé musulman Averroès de Lille, Me William Bourdon, Me Vincent Brengarth, Me Paul Jablonski et le directeur de l'établissement Éric Dufour, avaient dénoncé une "cabale organisée politiquement" visant "un lycée dont l'excellence a été reconnue, mais qui dérange par l'identité qu'il porte".
Accusant l'ancien préfet du Nord d'être "l'homme lige" du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, les avocats de l'établissement avaient fait état d'une décision qui "s'inscrit dans une forme de nouveau maccarthysme à la française".
Anadolu avait ensuite demandé aux avocats s'ils considéraient que ces mesures prises à l'encontre du lycée musulman étaient de nature islamophobe. Ils avaient précisé que l'islamophobie n'est pas une notion "consacrée juridiquement" et qu'ils inscriraient leur ligne de défense dans un contexte de "discrimination" et de "disproportion". [AA]