Jordan Bardella et Emmanuel Macron
Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen est arrivé en tête dimanche des élections européennes, en devançant d'environ 0,9% la liste soutenue par le président Emmanuel Macron, tandis que les écologistes ont pris une surprenante troisième place.
Marqué par une participation nettement plus élevée que prévu à 50,12%, le premier scrutin intermédiaire depuis le début du quinquennat a confirmé le duo de tête attendu et acté la recomposition de la scène politique enclenchée lors de la présidentielle de 2017. Il a aussi été riche en surprises, avec le crash des Républicains de Laurent Wauquiez - à un plus bas historique - et la dégringolade de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
Selon les résultats publiés par le ministère de l'Intérieur, le mouvement d'extrême droite et sa tête de liste Jordan Bardella s'imposent avec 23,31% des suffrages, en deçà de son score des européennes de 2014 (24,9%). Le RN est devenu «le premier parti mais surtout (...) le mouvement de la future alternance», s'est félicitée Mme Le Pen.
La liste Renaissance pro-Macron menée par l'ex-ministre Nathalie Loiseau suit à 22,41%, un score inférieur au résultat d'Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle (24%). Une dizaine de points derrière, les écologistes d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) surprennent en obtenant 13,47%, alors qu'ils étaient donnés sous les 10% par les sondages.
«Score honorable»
«La catastrophe annoncée pour Macron n'a pas eu lieu, le RN réalise un score important mais pas spectaculaire comparé à celui de 2014», a résumé Zaki Laïdi, politologue au Cevipof.
L'entourage du chef de l'Etat a défendu un «score honorable» dans un contexte national difficile, avec la crise des «gilets jaunes», sur fond de poussée eurosceptique en Europe. Mais «quand on termine deuxième, on ne peut pas dire qu'on a gagné», a reconnu le Premier ministre Edouard Philippe.
Emmanuel Macron s'était beaucoup engagé dans la campagne en affirmant sa détermination à battre le RN. Pari manqué. Pour autant, l'Elysée a annoncé que le chef de l'Etat n'allait pas changer de cap et même «intensifier l'acte 2 de son quinquennat». Mais pour le RN, «le pouvoir en place essuie un véritable échec», a fustigé M. Bardella, devant des partisans enthousiastes.
Dans un bar de l'Est parisien, on a également sabré le champagne pour célébrer la tête de liste d'EELV, Yannick Jadot, qui a salué «une vague verte européenne», en faisant allusion à la percée des Verts allemands au-delà des 20%. Alors que tous les candidats ont verdi leurs programmes, «les électeurs ont préféré ceux qui ont toujours défendu l'écologie», a commenté auprès de l'AFP Daniel Boy, professeur à Sciences-Po.
L'ambiance était en revanche plombée chez les Républicains qui réalisent le pire score de l'histoire de la droite (8,48%), très loin du résultat de l'UMP en 2014 (20,81%). «La droite traverse une crise profonde, tout est à reconstruire», s'est désolé la tête de liste François-Xavier Bellamy. Cette reconstruction «sera longue et exigeante», a reconnu le patron du parti, Laurent Wauquiez, fragilisé.
LFI loin du compte
Les mines étaient lugubres aussi à LFI (6,31%), qui termine très loin des 19,58% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. «Très décevant», a jugé ce dernier, le visage sombre. Quant à l'alliance Parti Socialiste-Place Publique, elle recueille 6,19%, là aussi son plus mauvais score à des européennes, mais qui lui permet au moins de garder des eurodéputés, ce qui était la priorité N.1.
PS et LR, qui ont gouverné alternativement la France pendant plus de 35 ans (1981-2017), dépassent à peine les 15% cumulés ce dimanche. «Les anciens clivages ne sont plus», a commenté Edouard Philippe.
Les autres listes ont obtenu moins des 5% nécessaires pour envoyer des représentants au Parlement européen. Un nombre record de 34 listes, dont deux issues des «gilets jaunes» à 0,5% cumulé, concouraient à cette élection qui renouait avec une circonscription nationale unique. Le parti animaliste a obtenu un score surprenant de 2,1%.
Sur les 79 sièges dévolus à la France au Parlement européen, le RN et LREM obtiendront chacun une vingtaine de sièges, alors que les grandes manœuvres vont commencer à Strasbourg et Bruxelles pour bâtir des groupes et construire une majorité. Malgré les victoires de Marine Le Pen en France, Matteo Salvini en Italie et Nigel Farage au Royaume-Uni, la poussée eurosceptique semble avoir été contenue.
Mais si le Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates (S&D) restent les deux principales formations de l'hémicycle européen, ils perdent leur capacité à réunir à eux seuls une majorité. Ils devront composer avec les écologistes, qui passent de 52 à 67 sièges, et les Libéraux (Alde), dont le parti d'Emmanuel Macron, qui obtiennent 108 sièges contre 69 actuellement.
Mme Le Pen espère, avec la Ligue de Matteo Salvini arrivée sans surprise en tête en Italie, fédérer une large alliance de partis nationalistes, eurosceptiques et populistes. Leur groupe parlementaire, l'ENL, est crédité de 55 sièges contre 37. (afp/nxp)
Marqué par une participation nettement plus élevée que prévu à 50,12%, le premier scrutin intermédiaire depuis le début du quinquennat a confirmé le duo de tête attendu et acté la recomposition de la scène politique enclenchée lors de la présidentielle de 2017. Il a aussi été riche en surprises, avec le crash des Républicains de Laurent Wauquiez - à un plus bas historique - et la dégringolade de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
Selon les résultats publiés par le ministère de l'Intérieur, le mouvement d'extrême droite et sa tête de liste Jordan Bardella s'imposent avec 23,31% des suffrages, en deçà de son score des européennes de 2014 (24,9%). Le RN est devenu «le premier parti mais surtout (...) le mouvement de la future alternance», s'est félicitée Mme Le Pen.
La liste Renaissance pro-Macron menée par l'ex-ministre Nathalie Loiseau suit à 22,41%, un score inférieur au résultat d'Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle (24%). Une dizaine de points derrière, les écologistes d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) surprennent en obtenant 13,47%, alors qu'ils étaient donnés sous les 10% par les sondages.
«Score honorable»
«La catastrophe annoncée pour Macron n'a pas eu lieu, le RN réalise un score important mais pas spectaculaire comparé à celui de 2014», a résumé Zaki Laïdi, politologue au Cevipof.
L'entourage du chef de l'Etat a défendu un «score honorable» dans un contexte national difficile, avec la crise des «gilets jaunes», sur fond de poussée eurosceptique en Europe. Mais «quand on termine deuxième, on ne peut pas dire qu'on a gagné», a reconnu le Premier ministre Edouard Philippe.
Emmanuel Macron s'était beaucoup engagé dans la campagne en affirmant sa détermination à battre le RN. Pari manqué. Pour autant, l'Elysée a annoncé que le chef de l'Etat n'allait pas changer de cap et même «intensifier l'acte 2 de son quinquennat». Mais pour le RN, «le pouvoir en place essuie un véritable échec», a fustigé M. Bardella, devant des partisans enthousiastes.
Dans un bar de l'Est parisien, on a également sabré le champagne pour célébrer la tête de liste d'EELV, Yannick Jadot, qui a salué «une vague verte européenne», en faisant allusion à la percée des Verts allemands au-delà des 20%. Alors que tous les candidats ont verdi leurs programmes, «les électeurs ont préféré ceux qui ont toujours défendu l'écologie», a commenté auprès de l'AFP Daniel Boy, professeur à Sciences-Po.
L'ambiance était en revanche plombée chez les Républicains qui réalisent le pire score de l'histoire de la droite (8,48%), très loin du résultat de l'UMP en 2014 (20,81%). «La droite traverse une crise profonde, tout est à reconstruire», s'est désolé la tête de liste François-Xavier Bellamy. Cette reconstruction «sera longue et exigeante», a reconnu le patron du parti, Laurent Wauquiez, fragilisé.
LFI loin du compte
Les mines étaient lugubres aussi à LFI (6,31%), qui termine très loin des 19,58% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. «Très décevant», a jugé ce dernier, le visage sombre. Quant à l'alliance Parti Socialiste-Place Publique, elle recueille 6,19%, là aussi son plus mauvais score à des européennes, mais qui lui permet au moins de garder des eurodéputés, ce qui était la priorité N.1.
PS et LR, qui ont gouverné alternativement la France pendant plus de 35 ans (1981-2017), dépassent à peine les 15% cumulés ce dimanche. «Les anciens clivages ne sont plus», a commenté Edouard Philippe.
Les autres listes ont obtenu moins des 5% nécessaires pour envoyer des représentants au Parlement européen. Un nombre record de 34 listes, dont deux issues des «gilets jaunes» à 0,5% cumulé, concouraient à cette élection qui renouait avec une circonscription nationale unique. Le parti animaliste a obtenu un score surprenant de 2,1%.
Sur les 79 sièges dévolus à la France au Parlement européen, le RN et LREM obtiendront chacun une vingtaine de sièges, alors que les grandes manœuvres vont commencer à Strasbourg et Bruxelles pour bâtir des groupes et construire une majorité. Malgré les victoires de Marine Le Pen en France, Matteo Salvini en Italie et Nigel Farage au Royaume-Uni, la poussée eurosceptique semble avoir été contenue.
Mais si le Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates (S&D) restent les deux principales formations de l'hémicycle européen, ils perdent leur capacité à réunir à eux seuls une majorité. Ils devront composer avec les écologistes, qui passent de 52 à 67 sièges, et les Libéraux (Alde), dont le parti d'Emmanuel Macron, qui obtiennent 108 sièges contre 69 actuellement.
Mme Le Pen espère, avec la Ligue de Matteo Salvini arrivée sans surprise en tête en Italie, fédérer une large alliance de partis nationalistes, eurosceptiques et populistes. Leur groupe parlementaire, l'ENL, est crédité de 55 sièges contre 37. (afp/nxp)