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France : la traque policière après l’attaque sanglante d’un fourgon pénitentiaire s'intensifie

Mercredi 15 Mai 2024

La traque des auteurs d’un assaut sanglant contre un fourgon pénitentiaire en France se poursuit mercredi, au lendemain de cette attaque qui a choqué le pays, coûté la vie à deux agents et permis l’évasion d’un détenu, lui aussi activement recherché, y compris par Interpol.

 

L’attaque, spectaculaire et rarissime en France, a été perpétrée mardi en fin de matinée par un commando qui a lancé une voiture bélier contre un fourgon au péage d’Incarville, (nord-ouest) avant d’ouvrir le feu à l’arme automatique contre ses occupants.  

 

Deux agents sont morts et trois autres grièvement blessés. Le détenu, Mohamed Amra, qui était convoyé vers sa maison d’arrêt d’Evreux (nord-ouest) après une audition au tribunal judiciaire de Rouen, a pu prendre la fuite avec ses complices.  

 

Interpol, organisation internationale de coopération policière basée à Lyon (centre-est de la France), a annoncé avoir diffusé une « notice rouge » pour localiser le fugitif, surnommé « La Mouche » dans le milieu carcéral. Ces notices rouges permettent de transmettre au réseau des avis de recherche internationaux émis par la justice d’un pays à l’encontre de suspects.

 

« Nous avons mis beaucoup de moyens pour retrouver non seulement la personne qui s’est évadée (et), le gang qui l’a libéré dans des conditions ignobles », a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur la radio RTL.  

 

L’attaque, qualifiée de « choc » par le président français Emmanuel Macron, a soulevé une vague d’émotion chez les surveillants de prison, dont plusieurs centaines ont observé mercredi matin une minute de silence devant les prisons en mémoire des deux agents tués.

 

Les syndicats de l’administration pénitentiaire ont lancé une opération «  prisons mortes » pour protester contre le manque de moyens des agents pénitentiaires, une action suivie dans de nombreux établissements français et qu’ils ont appelé à reconduire jeudi dans l’attente d’un accord écrit du ministère de la Justice sur un certain nombre de revendications.

 

Reçus par le ministre de la Justice dans l’après-midi, les représentants syndicaux ont déclaré avoir obtenu des « engagements », notamment pour améliorer l’armement des agents lors des transferts, et pour limiter ces transferts en développant les auditions judiciaires en visioconférence, a déclaré Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO Justice.

 

Face au commando, les agents n’avaient qu’« un simple Sig Sauer contre des armes de guerre », a accusé Frédéric Liakhoff, responsable du syndicat FO-Justice au Centre pénitentiaire de Caen (nord-ouest).  

 

C’est la première fois depuis 1992 qu’un agent de la pénitentiaire est tué dans l’exercice de ses fonctions en France.

 

« Moyens considérables »

 

Depuis mardi, les forces de l’ordre ont lancé une vaste traque pour tenter de retrouver le fugitif et les membres du commando.

Mardi, « plus de 450 policiers et gendarmes » ont été mobilisés « rien que pour le département de l’Eure », a indiqué M. Darmanin.

 

Dénonçant une « barbarie », le ministre a par ailleurs appelé à faire le « procès de cette sauvagerie qui touche notre société », pointant du doigt le « narcobanditisme ».

 

Le détenu en fuite, âgé de 30 ans, a déjà été condamné à treize reprises, mais « aucune à ce jour pour infraction à la législation sur les stupéfiants », avait toutefois précisé mardi soir la procureure de Paris Laure Beccuau.  

 

La dernière condamnation en date remonte au 7 mai, par le tribunal d’Evreux (nord-ouest) « pour un vol avec effraction » qui lui a valu 18 mois de prison. Il était en outre en détention provisoire pour d’autres dossiers, dont une mise en examen dans la région de Marseille (sud-est), haut lieu du narcobanditisme en France, pour complicité d’assassinat en bande organisée, enlèvement et séquestration.

 

Durant sa courte détention à Evreux, où il avait été transféré en avril pour être jugé, les barreaux de sa cellule avaient commencé à être sciés, selon la magistrate.  

 

« C’est assez incompréhensible, j’ai peine à imaginer que ce garçon puisse être impliqué » dans l’attaque du commando, avait réagi l’avocat de M. Amra, Hugues Vigier.

 

Cette opération « ne correspond pas au profil que j’avais perçu de lui, s’il est impliqué c’est que véritablement je m’étais trompé sur son fonctionnement et ce dont il était capable », a-t-il ajouté. [AFP]

 
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