GAMBIE: des heurts lors d’une manifestation pour réclamer le départ du président Barrow

Dimanche 26 Janvier 2020

Des heurts ont opposé dimanche à Banjul des manifestants réclamant le départ immédiat du président gambien Adama Barrow aux forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène et procédé à des arrestations, a rapporté un correspondant de l’AFP.   Rassemblés à l’appel du mouvement « Three Years Jotna »  ( « Trois ans, il est temps » , dans un mélange d’anglais et de wolof), plusieurs centaines de manifestants ont réclamé qu’Adama Barrow quitte le pouvoir après trois ans, comme il s’y était engagé en devenant le candidat unique de l’opposition fin 2016.   Ils avaient déjà été des milliers à manifester pour la même cause à la mi-décembre, lors d’un rassemblement qui s’était déroulé sans incident.   Il y a deux semaines, des milliers d’autres Gambiens avaient en revanche défilé en faveur de son maintien au pouvoir pour cinq ans, la durée de son mandat inscrite dans la Constitution.   Dimanche, des heurts ont éclaté lorsque les manifestants, qui s’étaient rassemblés dans les quartiers d’Old Jeshwang et Stink Corner, à quelque 9 km de Banjul, ont voulu dévier de leur itinéraire pour se rapprocher du centre de la capitale gambienne.   La police a fait usage de gaz lacrymogène et les manifestants ont répliqué en lançant des pierres sur les forces de l’ordre et en allumant des pneus sur la voie rapide menant au centre-ville, selon un correspondant de l’AFP, qui a assisté à l’interpellation de cinq manifestants.
L’intervention de la police a dispersé les manifestants.  « Nous protesterons jusqu’à la démission d’Adama Barrow. C’est un traître qui a trahi la confiance de la population, nous lui apprendrons une leçon » , a déclaré un manifestant, Amadou Sanyang.   «Allons-y et brûlons tout ce qui appartient à Adama Barrow et à sa famille proche», a lancé l’un des manifestants à ses camarades, pendant qu’ils reculaient face à la police, selon le journaliste de l’AFP.    « C’est juste le début de notre combat pour le déloger du pouvoir », a affirmé un autre manifestant, Musa Jammeh.   Investi par une coalition de l’opposition pour défier le président Yahya Jammeh, qui dirigeait l’ancienne colonie britannique d’une main de fer depuis 22 ans, Adama Barrow a remporté la présidentielle du 1er décembre 2016. Il avait prêté serment à l’ambassade de Gambie à Dakar le 19 janvier 2017, alors que Yahya Jammeh se résignait à partir en exil après une intervention politico-militaire régionale.   Selon la charte fondatrice de la  »Coalition 2016« , le nouveau président devait diriger un gouvernement provisoire pendant trois ans, avant d’organiser une nouvelle élection à laquelle il ne pourrait pas se présenter.   Fin septembre, une partie de la coalition a accepté qu’il aille au bout de son mandat de cinq ans. Mais deux partis de la coalition, dont l’UDP, principale formation du pays et ex-parti d’Adama Barrow, n’ont pas adhéré à ce changement.   Adama Barrow a toutefois assuré récemment que  »personne ne pourra (le) forcer à quitter la présidence avant 2021".   Des milliers de partisans de Yahya Jammeh ont manifesté jeudi pour réclamer son retour d’exil, tandis que des centaines de victimes de son régime ont défilé samedi dans les rues de Banjul pour demander qu’il soit traduit en justice. (AFP)
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