Une frappe aérienne israélienne a ravagé un marché bondé dans le nord de la bande de Gaza lundi après-midi, tuant des dizaines de personnes, selon un secouriste et des témoins.
La frappe a transformé un quartier central du camp de réfugiés de Jabalia, au nord de Gaza, en une scène de dévastation méconnaissable. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux et diffusées par les agences de presse palestiniennes montrent des corps éparpillés au milieu des débris de ce qui, quelques instants plus tôt, était un marché animé où l’on vendait des produits et d’autres marchandises.
Le béton brisé et le métal tordu des bâtiments environnants remplissent la place, où les gens se précipitent à travers les décombres et les nuages de fumée à la recherche de survivants. Alors qu’un feu brûle en bordure de la place, un policier, ensanglanté et couvert de poussière, est assis sur le côté.
« Est-il mort ? Est-il mort ? », crie un homme dans une des vidéos.
Cette frappe s’inscrit dans la réponse d’Israël à l’attaque lancée samedi par le Hamas. Des centaines de combattants palestiniens ont alors franchi la frontière entre Israël et la bande de Gaza, tuant des civils et des soldats dans des fusillades et tirant des milliers de roquettes vers le centre du pays. Les combattants détiendraient 150 otages, civils et militaires. Plus de 900 personnes ont été tuées en Israël et plus de 2600 ont été blessées.
Dans un contexte de peur généralisée à Gaza quant à la réponse israélienne, de nombreuses personnes fuyant d’autres parties de l’enclave sous blocus sont venues chercher refuge dans le centre de Jabalia, où des magasins et des habitations entourent la place du marché.
La frappe de lundi a eu lieu tandis que les vendeurs et les clients s’y pressaient pour faire des provisions.
Soixante personnes ont trouvé la mort dans cette attaque, selon un secouriste du Croissant-Rouge qui a requis l’anonymat, car il n’était pas autorisé à parler à la presse. Le ministère de la Santé de Gaza n’a pas confirmé l’information dans l’immédiat.
« Les Israéliens ont perdu la tête »
Les frappes aériennes israéliennes ont commencé à pilonner la bande de Gaza samedi. Depuis, au moins 687 Palestiniens ont été tués, a déclaré lundi le ministère de la Santé de Gaza, et plus de 3700 autres ont été blessés.
Parmi les victimes, on compte 140 enfants et 105 femmes, dans certains cas des familles entières. Il n’a pas été possible de savoir combien de combattants figuraient parmi les victimes, qu’ils aient participé à l’attaque contre Israël ou qu’ils aient été tués par les frappes aériennes israéliennes.
« Les Israéliens ont perdu la tête », a déclaré Raji Sourani, avocat au Centre palestinien pour les droits de l’homme à Gaza.
« Ils sont en train d’anéantir des familles entières. » (Raji Sourani, avocat au Centre palestinien pour les droits de l’homme à Gaza)
Israël affirme que ses frappes visent les centres d’opération du Hamas, le groupe armé qui contrôle la bande de Gaza. Le pays a confirmé avoir frappé plusieurs mosquées, affirmant qu’il visait les infrastructures du Hamas ou les militants se trouvant à l’intérieur des bâtiments.
Les Nations unies et les responsables palestiniens ont déclaré qu’au moins deux hôpitaux et de nombreuses maisons ont également été touchés. De nombreux habitants de Gaza disent qu’ils n’ont nulle part où aller pour échapper à l’assaut des frappes israéliennes.
« Siège complet »
Le ministre israélien de la Défense a annoncé lundi l’instauration d’un « siège complet » de la bande de Gaza, précisant que « l’électricité, la nourriture, l’eau et le carburant ne seraient pas autorisés à y pénétrer ». L’enclave est soumise depuis 16 ans à un blocus étouffant de la part d’Israël et de l’Égypte, qui limite les entrées dans la bande de Gaza et empêche la plupart des habitants d’en sortir.
Lundi, des frappes ont touché quatre mosquées dans le camp de réfugiés de Shati, renversant leurs dômes dans des attaques qui, selon les autorités gazaouies, ont tué les fidèles qui s’y trouvaient. Des témoins ont déclaré que des garçons jouaient au soccer à l’extérieur d’une mosquée lorsque la frappe a eu lieu.
Lundi après-midi, des voisins fouillaient les décombres de la mosquée, qui était presque méconnaissable en tant que lieu de culte.
Sumaya Ghabin, 30 ans, a été réveillée vers 6 h du matin par le bruit d’une frappe israélienne sur la mosquée Gharbia, qui se trouve à environ deux pâtés de maisons de son domicile et à proximité de la mosquée Sousi.
« Nous nous sommes réveillés et avons trouvé la maison pleine de poussière et d’éclats d’obus », a-t-elle déclaré. Les fenêtres avaient été soufflées, a-t-elle ajouté. Sa fille de 10 ans se cachait sous les couvertures en criant. [New York Times]