GUINEE: Un troisième mort en deux jours, heurts et scènes de saccage

Mardi 14 Janvier 2020

Image d'archives
Les violences politiques ont fait un nouveau mort mardi en Guinée, en proie à une intensification de la contestation contre le projet de troisième mandat attribué au président Alpha Condé, a-t-on appris de sources gouvernementale et hospitalière.
 
La victime, identifiée comme Souleymane Barry par le ministère de la Sécurité, est au moins le troisième civil tué par balle depuis lundi. Au total, au moins 23 civils et un gendarme ont trouvé la mort depuis mi-octobre et le début d’une protestation à plusieurs reprises durement réprimée par les services de sécurité.
 
Le mouvement est monté d’un cran lundi avec le lancement par l’opposition d’une mobilisation « massive » et « illimitée ». Le pays, coutumier des protestations et des répressions brutales, est depuis le théâtre dans plusieurs villes de heurts entre protestataires et forces de sécurité, de saccages de locaux de la police ou de la gendarmerie ou d’attaques contre des bâtiments officiels, ont rapporté les autorités, des témoins et les médias.
 
A Labé (nord), les manifestants ont attaqué mardi la préfecture, le cantonnement de forces de sécurité, le siège d’une commission électorale et celui du parti présidentiel, a indiqué le ministère dans un communiqué. Un responsable de l’hôpital a indiqué que l’établissement avait « enregistré un cas de mort par balle et 3 blessés, également par balles ». Le ministère a confirmé un décès et promis une enquête.
 
La gendarmerie et le commissariat de police de Pita, à 200 km de Conakry, ont été attaqués à coups de pierres, saccagés et incendiés, a dit le ministère.
 
Au nombre de plusieurs centaines, les manifestants « en ont profité pour dérober des armes et des vivres, dont des sacs de riz », a dit à l’AFP un témoin ayant requis l’anonymat.
 
A Lelouma (nord), « un policier a été blessé par balle » et deux responsables de la police et de la gendarmerie « blessés par des jets de pierres », selon le ministère.
 
Dans la capitale Conakry, des heurts ont à nouveau opposé manifestants et forces de l’ordre, a rapporté un correspondant de l’AFP. Mais l’activité qui avait pratiquement cessé lundi dans les écoles, les banques et les stations essence a repris timidement, a-t-il dit.
 
Depuis mi-octobre, un collectif de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la société civile a fait descendre dans la rue à plusieurs reprises des dizaines ou des centaines de milliers de Guinéens. Il réclame que le président Condé, élu en 2010 et réélu en 2015, renonce au projet qu’elle lui prête de se représenter fin 2020 alors que la Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
 
M. Condé, 81 ans, se garde depuis des mois de se prononcer clairement. Mais l’opposition a été confortée dans ses craintes en décembre quand M. Condé a dit qu’il comptait soumettre aux Guinéens un projet de nouvelle Constitution.
 
Le front anti-Condé proclame le caractère pacifique de la mobilisation. Les défenseurs des droits humains dénoncent l’usage excessif de la force par les services de sécurité, des arrestations arbitraires et l’impunité des policiers et des gendarmes.
 
Le gouvernement se pose en garant de l’ordre public et de l’activité économique et met en cause des fauteurs de troubles. Il a dénoncé mardi soir dans un communiqué « ces actes de violence gratuite, d’incivisme, de vandalisme » et exprimé « son engagement et sa détermination à préserver l’ordre public sur toute l’étendue du territoire ».
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