Gaza-Jérusalem : ces pogroms anti-palestiniens qui font les affaires de Netanyahu

Mardi 18 Mai 2021

Pour échapper à son procès pour corruptions, fraudes et abus de confiance dans trois affaires différentes, le premier ministre intérimaire d’Israël Benjamin Netanyahu a déplacé le jeu politique dans une stratégie de survie personnelle dont l'ultime avatar est la guerre aveugle et meurtrière contre les mouvements de résistance palestiniens. Au prix de centaines de tués sous les bombes de Tsahal, son armée terroriste.


Benjamin Netanyahu au tribunal en avril dernier
Benjamin Netanyahu qui partirait en paix après quinze années cumulées au poste de premier ministre de 1996 à aujourd’hui, c’était trop beau pour être vrai ! L’insubmersible «Bibi» donne l’impression de devoir lier, malgré lui, le restant de sa vie à une fonction qu’il exerce en continu depuis 2009, année de sa seconde arrivée au pouvoir sous la bannière du Likoud. Contraint au rôle de chef de gouvernement intérimaire après les élections législatives de mars dernier, Netanyahu pourrait bien ne pas partir au vu de la situation explosive qui règne depuis une dizaine de jours dans les territoires palestiniens sous occupation israélienne et à laquelle il serait difficilement étranger.
 
Sous le coup de plusieurs inculpations judiciaires pour corruption, fraudes et abus de confiance dans trois dossiers différents, le chef du Likoud a fait face au tribunal en février dernier. Il a plaidé non coupable. Après les législatives de mars où son parti est arrivé en tête au nombre de sièges, il n’a pu former un gouvernement avec ses alliés «naturels» de la droite nationaliste et religieuse. Son successeur désigné, l’ancien journaliste Yaïr Lapid, tente de faire mieux que lui. Un pari loin d’être gagné au vu de la flambée de violence qui embrase la Palestine.
 
C’est dans l’attente de la formation éventuelle d’une nouvelle équipe gouvernementale qu’un tribunal a décidé de solder les dossiers d’expulsions de quatre familles palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, un secteur palestinien annexé et occupé par Israël. C’est d’ici qu’est parti le feu aux poudres. Benyamin Netanyahu et ses réseaux d’ultra-droite ne pouvaient ignorer que la mise en œuvre d’une telle décision judiciaire contre des familles palestiniennes aurait des conséquences immédiates graves et incontrôlables : le soulèvement des Palestiniens de la vieille ville et, partant, le ralliement des populations d’autres localités. Il ne pouvait ignorer également que les organisations de la résistance palestinienne, qu’elles soient de la Bande de Gaza ou des autres foyers nationaux palestiniens, ne resteraient pas spectateurs de cette énième spoliation foncière programmée en plein mois de Ramadan.
 
Le feu aux poudres par la spoliation foncière
 
Benjamin Netanyahu a clairement attisé le feu de la guerre et de la violence en privilégiant une stratégie de survie personnelle dont l’objectif est de rebattre la carte des rapports de forces politiques en cette période d’incertitudes autour du prochain gouvernement israélien. Pour lui, cette volonté de rester premier ministre passe par l’organisation de nouvelles élections législatives à partir desquelles il espère mettre en place une majorité parlementaire stable et non soumise à d’autres courants de la galaxie droitière et religieuse.
 
Cette quête presque mystique du salut face aux humiliations judiciaires que la justice lui fait endurer (ainsi qu’à sa femme Sara) depuis environ trois ans explique en grande partie la violence extrême avec laquelle les armées d’Israël assurent les bombardements massifs sur la Bande de Gaza, sur les infrastructures civiles et militaires, sur les terres agricoles, sur les bâtiments d’habitations, sur les réseaux électriques et téléphoniques…sur tout ce qui bouge. La destruction de la Tour de presse Jala, lieux d’implantation d’une vingtaine de médias indépendants, par un missile de Tsahal constitue le symbole de cet aveuglement illuminatif qui fait fonctionner Netanyahu. « Bibi » cherche à tout prix à échapper à son procès pour corruptions.

C’est là sa motivation fondamentale. Le reste, les crimes de guerre, relève de l’accessoire.
 
Depuis plusieurs années, cet homme s’échine à cultiver les lignes de fracture dans la société israélienne en promouvant le séparatisme et le racisme mais aussi et surtout en rendant le jeu politique dépendant de courants religieux et sionistes aux discours totalement violents et surannés par rapport à la démocratie israélien.
 
Qu’il reste ou qu’il parte, Benjamin Netanyahu pourrait bien avoir laissé en héritage à Israël les germes d’une autodestruction pour laquelle il travaille avec inconscience depuis plusieurs décennies.   
Nombre de lectures : 282 fois