Gaza : Ousmane Sonko pousse le Sénégal à rejoindre l’Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ

Dimanche 9 Juin 2024

Ousmane Sonko en meeting sur l'esplanade du Grand Théâtre de Dakar, le 9 juin 2024

Après une minute de prière en faveur du « peuple martyr de Palestine », le premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a lancé un appel solennel au Président de la République, « seul détenteur de la politique étrangère et diplomatique du Sénégal, d’engager le Sénégal aux cotés de l’Afrique du Sud et de tous les autres pays qui, aujourd’hui, ont entrepris des poursuites contre les dirigeants israéliens pour crime contre l’humanité ».

 

Le chef du parti Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) animait ce 9 juin 2024 un meeting politique sur l’esplanade du Grand Théâtre de Dakar devant des milliers de ses partisans. Une première depuis l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye le 2 avril dernier.

 

Dans son discours, Ousmane Sonko a indiqué que le peuple palestinien est victime d’un génocide de la part de l’Etat d’Israël « avec la complicité de toutes les puissances de ce monde ». Il a accusé les pays « qui se définissent comme les grandes démocraties » et qui se sont proclamés « défenseurs (des) droits de l’homme » comme parties prenantes aux souffrances actuelles du peuple palestinien. 

 

Plusieurs pays ont rejoint la procédure lancée par l’Afrique du Sud pour faire condamner Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) de la Haye, le dernier en date étant l’Espagne qui a été précédée par le Nicaragua et la Colombie. 

 

C’est en décembre 2023 que l’Afrique du Sud-africain a déposé une plainte devant la CIJ contre l’Etat d’Israël pour génocide contre les populations civiles palestiniennes victimes de bombardements aveugles et intensifs dans la bande de Gaza assiégée. En janvier, la CIJ ordonne à l’Etat juif de prendre des « mesures conservatoires » empêchant la commission d’actes de génocide. Une décision rejetée par Israël.

Les armées sont en roue libre à Gaza, multipliant les massacres dans toute l’enclave palestinienne, notamment à Rafah. Aujourd’hui, le bilan établi par les autorités de Gaza approche les 40 mille personnes tuées dont une majorité de femmes et d’enfants. 

 
Durant son présidence de 12 ans, Macky Sall avait tissé des liens très étroits avec Israël, en particulier dans le domaine sécuritaire, mais aussi dans l'agriculture. C'est une entité israélienne, Green 2000, qui avait été favorisée pour exécuter le juteux marché des domaines agricoles communautaires. Une affaire qui a fini en scandale économique et financier et qui devrait être éclairci par la justice sénégalaise. Et depuis le début de l'agression israélienne contre Gaza, toutes les manifestations contre l'Etat ont été systématiquement interdites par les autorités administratives. 

Mais l'arrivée au pouvoir en avril 2024 de Bassirou Diomaye Faye a mis un terme à cet alignement de la diplomatie sénégalaise sur Tel-Aviv. Lors de son discours au Sommet de l'Organisation de la coopération islamique en mai á Banjul, le Président sénégalais avait dénoncé l'inertie de la communauté internationale face au génocide des Palestiniens et réaffirmé le droit des Palestiniens à vivre dans un Etat viable et souverain avec pour capitale Jerusalem-Est.

Jusqu'où iront les autorités sénégalaises dans leurs rapports avec Israël ? Sous forme d'étapes et si la situation empire á Gaza et en Cisjordanie occupée, une rupture des relations diplomatiques reste envisageable. D'autant plus que Benyamin Netanyahu, bientôt objet de mandat d'arrêt international, a lié son avenir et celui d'Israël au sort qu'il réserve à Gaza.   

Momar Dieng
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