Gaza: négociations en cours sur la libération d'otages au milieu de l'exode des Palestiniens

Mercredi 8 Novembre 2023

Des milliers de civils palestiniens ont fui mercredi le nord de la bande de Gaza pilonnée par les bombardements d'Israël, qui affirme resserrer son "emprise" sur la ville de Gaza pour écraser les combattants du Hamas, rejetant de nouveau tout cessez-le-feu avant la libération des otages.

 

Une source proche du Hamas à Gaza a indiqué à l'AFP que des négociations menées par le Qatar portaient sur la libération de douze otages sur les 239 encore aux mains du Hamas, dont six Américains, en échange d'une trêve humanitaire de trois jours dans le territoire soumis à un blocus total d'Israël depuis l'attaque sanglante du 7 octobre sur son sol.

 

Cette trêve devait aussi permettre "d'acheminer davantage d'aide humanitaire" depuis l'Egypte, via le terminal de Rafah, selon la même source.

 

Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté de nouveau tout cessez-le-feu, malgré les appels de l'ONU, d'ONG et de capitales étrangères à un arrêt des combats. "Il n'y aura pas de cessez-le-feu sans la libération de nos otages. Tout le reste est futile", a-t-il dit.

 

L'armée israélienne a indiqué que 50.000 civils ont fui mercredi par le "couloir d'évacuation" ouvert pendant quelques heures sur la route entre le nord et le sud de Gaza, contre 15.000 dénombré mardi par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

 

- "Nous sommes épuisés" -

 

Fuyant les bombardements et les combats acharnés au sol, des milliers de Palestiniens désespérés ont quitté leurs foyers les mains vides ou n'emportant que le strict nécessaire. Ils ont pris à pied ou en charrette la direction du sud du territoire où s'entassent déjà des centaines de milliers de déplacés. Selon l'ONU, 1,5 million de personnes sur les 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre.

 

"C'est une situation difficile", a dit à l'AFP Ehsan Abu Sleem, montrant son fils âgé d'à peine deux mois. "Nous sommes épuisés, nous venons de loin et nous ne savons pas combien de temps il nous reste à marcher."

 

"Hier (mardi) nous avons pris la décision de partir parce que les bombardements étaient très intenses", a-t-il ajouté. "Les enfants et les femmes étaient terrifiés et nous ne pouvions plus le supporter."

 

Israël a juré de "détruire le Hamas" en représailles à l'attaque d'une violence et d'une ampleur sans précédent depuis la création d'Israël en 1948, menée par les commandos du mouvement islamiste, au pouvoir dans le territoire palestinien.

 

Au moins 1.400 personnes sont mortes en Israël depuis le début de la guerre déclenchée par cette attaque, en majorité des civils tués le 7 octobre, selon les autorités israéliennes.

 

Les représailles d'Israël dans la bande de Gaza ont fait 10.569 morts, dont 4.324 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

 

- Tunnels neutralisés -

 

L'armée israélienne affirme resserrer son "emprise" sur la ville de Gaza où les combats au sol font rage et dans lesquels 33 militaires sont morts depuis le lancement de l'offensive terrestre le 27 octobre.

 

Les soldats israéliens se trouvent désormais "au coeur" de Gaza-Ville, a déclaré mardi soir le ministre de la Défense Yoav Gallant.

 

"Gaza est la plus grande base terroriste jamais construite", avait-il affirmé, alors que la ville est la partie la plus densément peuplée du territoire où se trouve, selon Israël, le "centre" du Hamas retranché dans un réseau de tunnels.

 

L'armée israélienne a diffusé mercredi des images montrant ses troupes au sol localisant puis faisant exploser ces souterrains qui s'entrecroisent sur plusieurs centaines de kilomètres selon les experts. Quelque 130 entrées de tunnels ont été découvertes depuis le début de l'opération terrestre, selon l'armée.

 

Selon le Croissant rouge palestinien, de nouvelles frappes touchent depuis mardi soir les environs de l'hôpital Al-Quds dans le nord de Gaza, bloquant toutes les routes vers l'hôpital et empêchant les équipes médicales de se rendre auprès des blessés.

 

- Une "goutte" d'aide -

 

De multiples appels ont été lancés en faveur d'un arrêt des combats pour acheminer de l'aide à la population du territoire de 362 km2 privée d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.

 

Gaza, miné par la pauvreté, était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

 

Treize ONG, dont Médecins sans frontières (MSF) et Amnesty International, ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat" dans la bande de Gaza, à la veille de la conférence internationale humanitaire organisée par le président français Emmanuel Macron à Paris.

 

Les chefs de diplomatie des pays du G7, réunis à Tokyo, ont eux plaidé pour des "pauses et couloirs humanitaires" à Gaza.

 

La situation humanitaire s'aggrave de jour en jour dans la bande de Gaza, selon les ONG, alors que l'aide internationale arrive au compte-gouttes par Rafah.

 

Dans le nord, "de nombreuses personnes cherchant désespérément de la nourriture se sont introduites dans les trois dernières boulangeries où il restait des stocks de farine de blé", selon l'OCHA. Dans le sud, il faut "quatre à six heures d'attente en moyenne pour recevoir la moitié d'une portion de pain normale", a précisé l'organisation onusienne.

 

"L'aide qui arrive n'est qu'une goutte et a une portée géographique très limitée", a constaté le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, en visite mercredi à Rafah.

 

- Pas d'"occupation" -

 

Certains réfugiés ont également réussi à quitter Gaza pour l'Egypte. Mercredi, 43 ressortissants ukrainiens ont été évacués, ainsi que 36 citoyens moldaves.

 

Le gouvernement israélien a jugé mercredi "très prématuré" d'évoquer des "scénarios" pour l'avenir de la bande de Gaza qui doit être "démilitarisée" pour empêcher un retour du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

 

"Une fois que le Hamas ne sera plus au pouvoir et après le démantèlement de son infrastructure, Israël devra avoir une responsabilité générale de sécurité pour une période indéfinie", a déclaré sur la chaîne américaine MSNBC Ron Dermer, ministre israélien des Affaires stratégiques.

 

Il n'a pas précisé ce que couvrirait cette responsabilité, soulignant qu'il "ne s'agira pas d'une occupation" du territoire, d'où Israël s'est retiré en 2005.

 

Pour aboutir à "une paix et une sécurité durables" dans la région, les Etats-Unis pensent qu'il faut bannir "les déplacements forcés de Palestiniens de Gaza", empêcher ce territoire "d'être utilisé comme une plateforme pour le terrorisme" tout en évitant de le "réoccuper" à la fin du conflit, a indiqué de son côté le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, à Tokyo.

 

La communauté internationale craint une extension du conflit, notamment à la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l'Iran. Selon un décompte de l'AFP, les violences ont fait 83 morts côté libanais (61 combattants du Hezbollah, 11 combattants d'autres groupes et 11 civils).

 

Les violences se multiplient également en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où plus de 150 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, d'après l'Autorité palestinienne. [AFP]

 
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