Le parlement israélien a adopté une résolution contre la création d'un Etat palestinien, suscitant jeudi des critiques à l'international, au moment où Israël frappe sans relâche la bande de Gaza malgré les appels à un cessez-le-feu.
Au dixième mois de guerre dans le territoire palestinien, déclenchée le 7 octobre par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël, la résolution, symbolique, adoptée par la Knesset, "s'oppose fermement à la création d'un Etat palestinien à l'ouest du Jourdain" c'est-à-dire en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, ou dans la bande de Gaza.
"La création d'un Etat palestinien au coeur de la terre d'Israël constituera un danger existentiel pour l'État d'Israël", stipule la résolution votée avant une visite à Washington du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui s'exprimera le 24 juillet devant le Congrès.
Dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du Hamas a fait état d'au moins 37 morts, dont plus de la moitié des femmes et des enfants, dans des frappes aériennes contre les camps de Nousseirat et Al-Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, ainsi que Khan Younès et Rafah, dans le sud, et Jabalia, dans le nord.
"Nous regardons nos enfants mourir et nous nous réveillons et dormons dans la peur", se lamente sur les décombres de son habitation une Palestinienne, qui dit à l'AFP avoir perdu sa fille, ses petits-enfants et son gendre dans une frappe dans le secteur de Deir-Al-Balah (centre).
L'armée a affirmé avoir "éliminé" le commandant des forces navales du Jihad islamique, dans la ville de Gaza, et un autre combattant de ce groupe armé allié du Hamas, ayant "participé au massacre" du 7 octobre. Elle a indiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes" à Rafah.
- "Bain de sang" -
L'attaque du Hamas dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée.
L'offensive israélienne lancée en riposte à Gaza a fait jusque là 38.848 morts, en majorité des civils, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
"C'est le moment d'augmenter encore la pression" sur le Hamas, a dit mardi M. Netanyahu, qui veut poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, et la libération de tous les otages.
Benjamin Netanyahu fait face dans son pays à de vives critiques pour l'absence d'accord permettant la libération des otages. Mercredi, des centaines de proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv.
Il est aussi sous pression de ses alliés d'extrême droite. Dans une vidéo tournée sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a mis en garde contre "un accord de capitulation".
"Le bain de sang à Gaza doit cesser immédiatement", a pour sa part lancé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, appelant à "un cessez-le-feu immédiat et durable" et "la libération des otages israéliens".
- "Consternation" -
La France a exprimé sa "consternation" après le vote de la Knesset, "en contradiction avec les résolutions adoptées au Conseil de sécurité de l'ONU". L'Egypte et la Jordanie ont condamné ce vote.
La communauté internationale est favorable à la solution de deux Etats, palestinien et israélien, pour un règlement du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.
La guerre a plongé le territoire palestinien dans un désastre humanitaire et sanitaire, avec plus de la moitié de ses 2,4 millions d'habitants déplacés et manquant de tout.
Les organisations humanitaires ne cessent de dénoncer la multiplication des frappes et les obstacles mis par Israël aux livraisons humanitaires.
"Le très grand nombre de victimes (...) a poussé jusqu'au point de rupture" les établissements de santé dans le sud de Gaza, a souligné le Comité international de la Croix-Rouge.
L'ONG Oxfam a dénoncé "l'utilisation par Israël de l'eau comme arme de guerre". "La coupure par Israël de l'accès à l'eau, la destruction systématique des installations et l'obstruction délibérée de l'accès à l'aide ont réduit la quantité d'eau disponible à Gaza de 94%, à 4,74 litres par jour et par personne, soit moins du tiers de la quantité minimum recommandée dans les situations d'urgence."
Amnesty International a elle exhorté Israël à cesser de placer "au secret" des Palestiniens de Gaza et de les soumettre à une "torture généralisée" dans ses geôles. L'armée israélienne rejette "catégoriquement les allégations concernant des maltraitances systématiques de détenus". [AFP]