Ghana - La crise économique impose l'alternance politique, l'opposant John Mahama (NDC) écarte Mahamudu Bawumia (NPP) qui admet sa défaite

Dimanche 8 Décembre 2024

Apres huit ans de pouvoir continu, le NPP du président sortant Nana Akufo-Addo retourne dans l’opposition. La défaite attendue de son candidat, le vice-président sortant Mahamadu Bawumia, intervient dans le contexte d’une crise économique et financière aiguë qui a contraint le Ghana à se jeter dans les bras du Fonds monétaire international (FMI). Une réalité avec laquelle Johan Dramani Mahama (NDC), vieux routier de retour au pouvoir, devra composer pour redonner sourire et marge de manoeuvre sociale à ses compatriotes éreintés par une inflation à deux chiffres.

John Mahama, opposant vainqueur de la présidentielle du 7 décembre 2024 au Ghana

Le suspense de l’élection présidentielle organisée au Ghana le 7 décembre 2024 n’a pas duré bien longtemps. Le vice-président de la République et candidat du New Patriotic Party (NPP, au pouvoir) a admis sa défaite lors d’une conférence de presse tenue dimanche matin à Accra. Selon Mahamudu Bawumia, « le peuple ghanéen s’est exprimé, il a voté pour le changement et nous le respectons avec humilité », rapporte l’AFP. Ce banquier central affirme avoir appelé son adversaire pour le féliciter de sa victoire.

 

Sur son compte X, John Dramani Mahama, chef du National Democratic Council (NDC), confirme avoir reçu l’appel téléphonique du vice-président sortant.

 

« Ce matin, j’ai reçu au téléphone les félicitations de mon frère, le Dr Mahamudu Bawumia, saluant ma victoire à l’élection de dimanche 7 décembre », écrit l’opposant. 

 

Mahamudu Bawumia a également annonce la victoire du NDC aux élections législatives qui étaient couplées à la présidentielle, se basant sur les estimations compilées par son parti.

 

John Dramani Mahama, ancien président de la République, a donc tiré profit de la situation économique difficile du Ghana pour revenir au pouvoir qu’il a exercé entre 2012 et 2016 avant de laisser place à un double mandat pour Nana Akufo-Addo du NPP, chef de l’Etat sortant. 

 

Une inflation flirtant avec les 30 % selon les statistiques officielles pèse lourdement sur les conditions de vie des populations. L’endettement public est à 84 % du produit intérieur brut (PIB), selon le Fonds monétaire international (FMI). Ces deux éléments macro-économiques ont contribué à ruiner les chances du candidat Bawumia de succéder à son mentor. 

 

Les indicateurs économiques globaux du pays sont tels, selon les observateurs, que même l’annonce, à trois jours du scrutin, d’un concours financier de 224 milliards de francs CFA du FMI au gouvernement ne semble pas avoir influencé le désir des Ghanéens de donner une chance à l’alternance politique après huit ans de pouvoir du NPP.

 

En 2022, le Ghana avait été contraint de s’en remettre au FMI en signant un accord de 3 milliards de dollars pour mettre en application une politique de stabilité macro-économique. La matrice de cette contrainte de l'institution de Bretton Woods est la mise en oeuvre de politiques d’austérité générale, en particulier dans les secteurs à fort impact social. Sous cet angle, il n’est pas acquis que le nouveau régime de John Dramani Mahama ait les moyens de remettre en cause les orientations souscrites par le pouvoir sortant auprès du FMI. 

 

 

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