Pour une grande première dans l’histoire du Grand Magal, dont l’initiative de l’organisation à Touba date de 1946 sous le khilaafat de Serigne Fallou Mbacké, le train risque de ne pas siffler pour cette présente édition 2018.
Si cette décision est maintenue en l’état, nous n’aurions pas droit, cette année, au slogan réunificateur et galvanisateur débité à partir de Klaxon du train qui entre en gare : « yanouy moom,,Seex Bamba yaa nuy moom, bu gnouy dund ak bugnouy dee yepp Seex Bamba yaa nouy moom. »
Jeunes écoliers à Ngaye Mékhé, une petite agglomération nichée dans la partie septentrionale du Cayor, nous délaissions nos cours pour nous ruer vers la gare ferroviaire où régnait déjà une ambiance carnavalesque annonciatrice du grand rendez-vous religieux. Le même décor prévalait sur tout le long du parcours emprunté par le train et sur toutes les gares traversées par le « gaal dieri », une autre version wolof du train dont la création est l’œuvre du plus grand maitre de la langue, de tous les temps, Cheikh Ahmadou Bamba (rta).
Pour son charme particulier et pour tout le pittoresque qui l’accompagne, le train a fini par conquérir ses titres de noblesse par son encrage profond dans le système de représentation et dans l’imaginaire collectif des fidèles de la mouridya. La contribution spécifique du train dans l’organisation du Grand Magal, a été magnifiée par le grand chantre de la poésie sénégalaise d’expression wolof, Cheikh Moussa Ka qui déclamait, dans l’une de ses œuvres devenue célèbre, les vers suivants : « Baaraay Mamadou Lamine, Mamadou lamine mooy Bara, autorail Touba lay dem Baari Sakhayaa. »
Rayer le train de l’univers du Magal, procèderait d’une grave méprise du rapport de celui-ci à l’histoire du Grand Magal et concomitamment, à celle de la communauté mouride même. Il faut également, par devoir de mémoire, avoir une pensée pour les pionniers et volontaires mourides qui ont consenti des efforts titanesques, parfois même jusqu’au sacrifice suprême, pour installer le tronçon Diourbel- Mbacke sur instructions du premier khalif de General des mourides Cheikh Mouhamadoul Moustapha Mbacke.
Je ne suis ni un syndicaliste du chemin de fer, ni même un cheminot tout court.
Je fais tout de même partie des nombreux fidèles de la communauté dont la décision ne rencontre pas l’agrément. Sous ces différents rapports, j’ai pris langue avec des professionnels du milieu qui ont condamné unanimement, la mesure inopportune de fermer le trafic au train. Selon eux, le prétexte de l’insécurité du réseau ferroviaire procède d’un argument de diversion à la fois faux, superfétatoire et à la limite même nul et non avenu.
L’administration du chemin de fer ne nous a même pas associés à la réflexion sur la question qui a été préméditée et planifiée mais différée aux calendes grecs.
L’année dernière, quand le réseau avait subi des dommages, entre Diourbel et Mbacké, ce sont les techniciens qui se sont mobilisés pour remettre en l’état le réseau ferroviaire, dans les délais raccourcis.
L’enjeu de l’affaire, que l’on cherche à dissimuler derrière le voile épais de l’insécurité du trafic ferroviaire se situe tout à fait ailleurs : le gouvernement cherche à faire une exploitation politicienne de la vitrine du Magal qui lui offre l’occasion rêvée de déployer sa redoutable machine de propagande électorale autour de l’autoroute « Ila Touba ». Derrière cet objectif perfide, nous flairons des coups fourrés administrés, en bas de la ceinture, par l’administration dont l’ambition, conspirée, pour le moment, est de démanteler notre outil de travail. »
Pour ce qui nous concerne localement, des éléments de ce puzzle commencent, déjà, à se dévoiler avec l’acharnement, sans retenue, sur le domaine ferroviaire, morcelé, spolié et cédé au plus offrant, par des spéculateurs fonciers qui mettent à profit la position ambigüe, côté cour, côté jardin, de l’administration qui souffle le chaud et le froid à propos de la réhabilitation du chemin de fer.
Youssoupha BABOU
Instituteur de classe exceptionnelle
A la retraite, ancien adjoint au maire de Mbacké
Youbabou@yahoo.fr
Si cette décision est maintenue en l’état, nous n’aurions pas droit, cette année, au slogan réunificateur et galvanisateur débité à partir de Klaxon du train qui entre en gare : « yanouy moom,,Seex Bamba yaa nuy moom, bu gnouy dund ak bugnouy dee yepp Seex Bamba yaa nouy moom. »
Jeunes écoliers à Ngaye Mékhé, une petite agglomération nichée dans la partie septentrionale du Cayor, nous délaissions nos cours pour nous ruer vers la gare ferroviaire où régnait déjà une ambiance carnavalesque annonciatrice du grand rendez-vous religieux. Le même décor prévalait sur tout le long du parcours emprunté par le train et sur toutes les gares traversées par le « gaal dieri », une autre version wolof du train dont la création est l’œuvre du plus grand maitre de la langue, de tous les temps, Cheikh Ahmadou Bamba (rta).
Pour son charme particulier et pour tout le pittoresque qui l’accompagne, le train a fini par conquérir ses titres de noblesse par son encrage profond dans le système de représentation et dans l’imaginaire collectif des fidèles de la mouridya. La contribution spécifique du train dans l’organisation du Grand Magal, a été magnifiée par le grand chantre de la poésie sénégalaise d’expression wolof, Cheikh Moussa Ka qui déclamait, dans l’une de ses œuvres devenue célèbre, les vers suivants : « Baaraay Mamadou Lamine, Mamadou lamine mooy Bara, autorail Touba lay dem Baari Sakhayaa. »
Rayer le train de l’univers du Magal, procèderait d’une grave méprise du rapport de celui-ci à l’histoire du Grand Magal et concomitamment, à celle de la communauté mouride même. Il faut également, par devoir de mémoire, avoir une pensée pour les pionniers et volontaires mourides qui ont consenti des efforts titanesques, parfois même jusqu’au sacrifice suprême, pour installer le tronçon Diourbel- Mbacke sur instructions du premier khalif de General des mourides Cheikh Mouhamadoul Moustapha Mbacke.
Je ne suis ni un syndicaliste du chemin de fer, ni même un cheminot tout court.
Je fais tout de même partie des nombreux fidèles de la communauté dont la décision ne rencontre pas l’agrément. Sous ces différents rapports, j’ai pris langue avec des professionnels du milieu qui ont condamné unanimement, la mesure inopportune de fermer le trafic au train. Selon eux, le prétexte de l’insécurité du réseau ferroviaire procède d’un argument de diversion à la fois faux, superfétatoire et à la limite même nul et non avenu.
L’administration du chemin de fer ne nous a même pas associés à la réflexion sur la question qui a été préméditée et planifiée mais différée aux calendes grecs.
L’année dernière, quand le réseau avait subi des dommages, entre Diourbel et Mbacké, ce sont les techniciens qui se sont mobilisés pour remettre en l’état le réseau ferroviaire, dans les délais raccourcis.
L’enjeu de l’affaire, que l’on cherche à dissimuler derrière le voile épais de l’insécurité du trafic ferroviaire se situe tout à fait ailleurs : le gouvernement cherche à faire une exploitation politicienne de la vitrine du Magal qui lui offre l’occasion rêvée de déployer sa redoutable machine de propagande électorale autour de l’autoroute « Ila Touba ». Derrière cet objectif perfide, nous flairons des coups fourrés administrés, en bas de la ceinture, par l’administration dont l’ambition, conspirée, pour le moment, est de démanteler notre outil de travail. »
Pour ce qui nous concerne localement, des éléments de ce puzzle commencent, déjà, à se dévoiler avec l’acharnement, sans retenue, sur le domaine ferroviaire, morcelé, spolié et cédé au plus offrant, par des spéculateurs fonciers qui mettent à profit la position ambigüe, côté cour, côté jardin, de l’administration qui souffle le chaud et le froid à propos de la réhabilitation du chemin de fer.
Youssoupha BABOU
Instituteur de classe exceptionnelle
A la retraite, ancien adjoint au maire de Mbacké
Youbabou@yahoo.fr