Grands Lacs: un nouvel émissaire américain qui défendait la partition de la RDC

Vendredi 9 Novembre 2018

Washington - Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé vendredi la nomination d'un nouvel émissaire pour l'Afrique des Grands Lacs, Peter Pham (photo), qui a défendu par le passé la partition de la République démocratique du Congo (RDC).

Le nouvel "envoyé spécial" était jusque-là vice-président du cercle de réflexion Atlantic Council à Washington, directeur de son programme sur l'Afrique. Sur le site du think tank, il est présenté comme un "ardent défenseur d'une relation forte entre les Etats-Unis et l'Afrique".

Peter Pham, qui remplace un précédent "haut coordinateur pour les Grands Lacs", Larry Wohlers, "sera chargé de coordonner la mise en oeuvre de la politique américaine sur les questions transfrontalières en matière de sécurité, de politique et d'économie dans la région des Grands Lacs, en mettant l'accent sur le renforcement des institutions démocratiques et de la société civile", a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine Heather Nauert dans un communiqué.

Il veillera aussi "au retour volontaire et en toute sécurité des réfugiés et déplacés internes de la région", en proie aux tensions politiques et aux violences notamment en RDC et au Burundi.

Or le nouvel émissaire a tenu, par le passé, des propos pour le moins provocateurs sur la RDC, qui entre dans une phase délicate à l'approche de l'élection présidentielle sous haute tension de décembre.

Dans une tribune de 2012 dans le New York Times, celui qui n'était alors qu'un expert du continent africain avait plaidé pour une partition de cet Etat gigantesque qui ne parvient pas à s'extraire de la pauvreté et des conflits malgré des ressources naturelles insolentes.

"Pour sauver le Congo, laissons-le s'effondrer", s'intitulait cet article dans lequel Peter Pham estimait qu'il s'agissait d'un pays "artificiel" et "fictif" aux frontières héritées de l'ère coloniale et sans cesse tiraillé par des tentations séparatistes de ses régions et groupes ethniques.

"La communauté internationale n'a cessé d'ignorer cette réalité en favorisant de soi-disant accords de paix sans lendemain", écrivait-il, plaidant pour "l'éclatement d'un Etat en situation de faillite chronique en de plus petites entités dont les membres" partagent "des intérêts communs".

"Si le Congo était autorisé à se scinder en des entités plus petites, la communauté internationale pourrait consacrer ses ressources de plus en plus rares à l'aide humanitaire et au développement plutôt que de tenter, comme s'y est engagé le Conseil de sécurité des Nations unies, de préserver la +souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale+ d'un Etat fictif", insistait-il.

La mission de paix de l'ONU en RDC (Monusco) compte quelque 17.000 Casques bleus. Avec un budget annuel d'un peu plus d'un milliard de dollars, il s'agit de l'une des plus importantes dans le monde.
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