Grave confrontation entre Israël et le Hamas à Gaza

Mardi 13 Novembre 2018

Israël et les groupes armés palestiniens de Gaza sont engagés dans leur plus grave confrontation depuis le conflit de 2014, même si l'affrontement a perdu en intensité mardi après-midi.

Des roquettes ont continué à décoller du territoire palestinien en direction d'Israël, d'où se sont poursuivies les frappes contre des positions dans l'enclave.

Mais les échanges se sont faits plus sporadiques après la flambée de violences commencée lundi après-midi et qui a persisté jusque dans la matinée de mardi. Des informations non confirmées ont alors commencé à faire état d'une possible cessation des tirs par les Palestiniens.

En moins de 24 heures, au moins six Palestiniens ont été tués et 25 blessés par la riposte israélienne aux centaines de roquettes tirées de Gaza, qui ont fait un mort et des dizaines de blessés en territoire israélien.

Des dizaines de milliers d'Israéliens d'Ashkélon et d'autres localités proches de l'enclave ont passé la nuit au rythme ininterrompu des sirènes les précipitant vers les abris ou les y confinant.

La bande de Gaza, territoire sous blocus coincé entre Israël, Egypte et Méditerranée, a, elle, résonné toute la nuit des frappes israéliennes. Ces frappes ont réduit à l'état de ruines des bâtiments de plusieurs étages comme le siège de la télévision du Hamas, anéanti dans des éclairs lumineux par de puissantes explosions soulevant d'immenses panaches de fumée et poussière.
 
Des Palestiniens se rassemblent sur le site d'un immeuble en ruines après des frappes aériennes israéliennes, le 13 novembre 2018 dans la bande de Gaza / © AFP / MAHMUD HAMS
- Nerfs à vif -

La vie était quasiment paralysée mardi dans l'enclave habituellement grouillante, dans la palpable appréhension d'une guerre aussi dévastatrice qu'en 2014. L'école a été annulée aussi bien dans Gaza que dans les localités israéliennes voisines de l'enclave de quelque deux millions d'habitants éprouvée par les guerres, la pauvreté, les pénuries et le chômage.

Les résidents israéliens trahissaient aussi des nerfs à vif après une nuit d'angoisse et exprimaient, pour certains, leur ressentiment contre un gouvernement qui devrait à leurs yeux frapper plus fort les groupes palestiniens.

"Ce n'est pas possible, et ce serait bien que le monde entier l'entende: ils (les Palestiniens) nous tirent dessus, nous les civils, et nous devrions nous en tenir aux règles internationales!", s'énervait Bar Tamari, habitante d'Ashkélon. "Qu'on nous laisse violer nous aussi les règles internationales. Qu'on me donne une roquette pour tirer sur leurs maison!"

Depuis lundi après-midi, environ 400 tirs de roquettes et de mortier ont été dénombrés par l'armée israélienne qui a indiqué avoir frappé en retour près de 150 positions militaires du mouvement islamiste Hamas et de son allié, le Jihad islamique.

Cette escalade, déclenchée par une incursion secrète des forces spéciales israéliennes qui a mal tourné dimanche, est survenue après des mois de tensions qui font redouter une quatrième guerre en dix ans entre Israël et le Hamas qui gouverne sans partage la bande de Gaza.

- "Grave attaque" -

L'armée israélienne a indiqué avoir envoyé des renforts d'infanterie et d'engins blindés sans, pour l'instant, rappeler les réservistes comme elle l'avait fait en 2014.

L'armée a aussi déployé des batteries antimissiles supplémentaires.

Israël a fait face entre lundi et mardi "sans doute aucun aux tirs de roquettes les plus intenses depuis l'été 2014" et "à la plus grave attaque de la part d'organisations terroristes contre les populations civiles israéliennes", a dit un porte-parole de l'armée, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.

L'engrenage militaire a été enclenché dimanche avec l'infiltration des forces spéciales israéliennes, opération à hauts risques qui s'est soldée par la mort d'un lieutenant-colonel israélien et de sept Palestiniens, dont un commandant local de la branche armée du Hamas, les brigades al-Qassam, et cinq autres membres de cette formation.

- Pressions égyptiennes -

En représailles, les brigades al-Qassam ont gravement blessé un soldat dans une attaque au missile antichar, lançant le cycle de la riposte israélienne et des tirs de roquettes.

Des dizaines d'Israéliens ont été légèrement blessés, essentiellement par des éclats, selon les secours.

La plupart des roquettes sont tombées dans des zones inhabitées, a indiqué l'armée, mais des bâtiments ont été directement touchés, dont l'un à Ashkélon.

Une femme a été extraite des décombres dans un état critique. Puis les sauveteurs ont découvert la dépouille d'un homme identifié en Cisjordanie comme Mahmud Abou Asba, 48 ans, originaire de ce territoire occupé. De nombreux Palestiniens travaillent en Israël.

Les frappes israéliennes ont causé mardi matin la mort de deux nouveaux Palestiniens, portant à six le nombre des tués sous le feu israélien, a dit le ministère gazaoui de la Santé.

L'armée israélienne a indiqué que son aviation avait tiré sur un Palestinien faisant partie d'un groupe tirant des projectiles en direction d'Israël, puis qu'un hélicoptère d'attaque avait ouvert le feu sur un autre groupe s'infiltrant en Israël. Elle ne s'est prononcée sur la mort de quiconque.

Gaza et ses alentours sont en proie depuis fin mars aux tensions qui ont culminé à de nombreuses reprises dans des flambées de violences jusqu'alors retombées au bout de quelques heures. 

Au moins 233 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis cette date. Deux soldats israéliens ont trouvé la mort. 
 
Grave confrontation entre Israël et le Hamas à Gaza / © AFP / Ahikam Seri
Les signes d'une possible détente s'étaient succédé ces dernières semaines, comme le transfert la semaine passée avec l'accord d'Israël de 15 millions de dollars versés par le Qatar, soutien de longue date du Hamas, pour payer au moins partiellement les fonctionnaires du Hamas.

L'opération allait de pair avec les efforts déployés depuis des mois par l'Egypte et l'ONU en vue d'une trêve durable entre Israël et le Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réuni mardi son cabinet de sécurité, forum restreint chargé des questions les plus sensibles, ont indiqué les médias.

L'envoyé spécial de l'ONU Nickolay Mladenov a dit continuer à travailler avec l'Egypte voisine pour éloigner Gaza des "bords de l'abîme".

L'Egypte, voisine et médiatrice historique, a intensifié ses contacts avec Israéliens et Palestiniens pour les presser de mettre fin à l'escalade et permettre aux négociations de reprendre, a dit la TV égyptienne.
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