« Nous sommes à court d’argent et bientôt à court de temps » : selon la Maison-Blanche, l’aide militaire américaine à l’Ukraine pourrait être coupée net dans les prochaines semaines, faute d’accord budgétaire avec l’opposition républicaine.
« Si le Congrès n’agit pas, d’ici la fin de l’année nous serons à court de ressources pour livrer plus d’armes et d’équipements à l’Ukraine et pour fournir du matériel venant des stocks militaires américains », a écrit par ailleurs la directrice du Budget de la Maison-Blanche Shalanda Young, dans un courrier adressé à Mike Johnson, patron de la Chambre des représentants, à majorité républicaine.
Lequel lui a renvoyé sèchement la balle sur le réseau social X : « L’administration Biden est incapable de répondre aux inquiétudes légitimes [des conservateurs] de mon groupe parlementaire sur l’absence de stratégie claire pour l’Ukraine, sur une issue au conflit, ou sur la manière de superviser l’emploi de l’argent des contribuables américains. »
Le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, a affirmé ensuite lors d’une conférence de presse que « le Congrès doit décider s’il faut continuer à soutenir le combat pour la liberté en Ukraine […], ou s’il ignorera les leçons que nous avons apprises de l’Histoire et permettra [au président russe Vladimir] Poutine de l’emporter ».
La lettre de Shalanda Young est publiée au moment où l’Ukraine a reconnu l’échec de sa contre-offensive estivale, et alors que la Russie lance des assauts répétés en particulier contre la ville d’Avdiïvka, dans l’est du pays.
« Il n’y a pas de financement magique disponible pour faire face à l’urgence. Nous sommes à court d’argent et bientôt à court de temps », assène Shalanda Young dans son courrier.
Le président démocrate Joe Biden avait demandé le 20 octobre au Congrès de voter une enveloppe exceptionnelle de plus de 100 milliards de dollars pour répondre aux urgences du moment, à savoir aider Israël et l’Ukraine, tenir tête à la Chine et répondre aux arrivées de migrants à la frontière sud.
Sur ce montant, plus de 60 milliards de dollars doivent aller à l’Ukraine, dont les États-Unis sont de loin le premier soutien depuis l’invasion par la Russie à la fin du mois de février 2022.
« C’est maintenant ! »
« Ce n’est pas un problème pour l’année prochaine. C’est maintenant qu’il faut aider l’Ukraine démocratique à se battre contre l’agression russe », conclut la directrice du Budget.
La Maison-Blanche tient à assurer le financement de l’aide à l’Ukraine au moins jusqu’à la présidentielle de novembre 2024, qui pourrait bien opposer de nouveau Joe Biden à l’ancien président Donald Trump.
Vladimir « Poutine ne s’engagera pas vers la paix avant de voir le résultat de notre élection », confiait récemment un haut responsable de la diplomatie américaine.
Les États-Unis se trouvent depuis des mois dans le plus grand flou budgétaire, en raison de turbulences parlementaires à n’en plus finir.
Le Congrès de la première puissance mondiale — composé du Sénat à majorité démocrate et de la Chambre des représentants à majorité républicaine — n’a toujours pas voté de budget pour l’année fiscale entamée le 1er octobre dernier.
L’État fédéral fonctionne pour l’instant grâce à une rallonge d’urgence qui expirera à la mi-janvier.
Lorsque Joe Biden avait demandé, très solennellement, son énorme enveloppe budgétaire, la Chambre des représentants se trouvait en plein chaos pour cause de dissensions au sein du parti républicain.
Elle s’est depuis dotée d’un président, ou « speaker », Mike Johnson, ce qui a permis la reprise des débats budgétaires.
Lesquels s’annoncent donc ardus.
Le patron des députés conservateurs demande, en échange du soutien à une nouvelle enveloppe pour l’Ukraine, un net durcissement de la politique migratoire face aux arrivées de migrants à la frontière avec le Mexique.
« Les élus républicains à la Chambre veulent que tout financement supplémentaire de notre sécurité nationale commence par notre propre frontière », a indiqué lundi Mike Johnson. [AFP]