Guerre en Ukraine - La Russie agit « comme il faut », estime Poutine

Vendredi 14 Octobre 2022

Il s’exprimait devant la presse depuis le Kazakhstan à l’issue de sommets régionaux. Le même jour, l’Ukraine célébrait, elle, sa Journée des défenseurs du pays qui a été l’occasion pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky de promettre la victoire aux siens.
 
« Ce n’est pas agréable ce qui se passe maintenant, mais] si la Russie n’avait pas attaqué l’Ukraine le 24 février], on aurait été dans la même situation un peu plus tard, juste les conditions auraient été plus mauvaises pour nous. Donc, nous faisons tout comme il faut », a répondu le président russe à un journaliste qui lui demandait s’il avait des regrets.
 
Vladimir Poutine s’est aussi montré satisfait des frappes massives qui ont touché des infrastructures essentielles ukrainiennes lundi et mardi, mais aussi des parcs et des habitations. Il a jugé que de nouveaux bombardements d’ampleur sur les villes d’Ukraine n’étaient pas nécessaires « pour l’instant ».
 
La Russie avait mené les bombardements du début de semaine en représailles à l’explosion qui a en partie détruit le pont russe de Crimée, une infrastructure clé.
 
Signe de la gêne des partenaires traditionnels de Moscou face au conflit en Ukraine, M. Poutine a reconnu pour la première fois vendredi que les pays d’ex-URSS étaient « préoccupés » par la situation.
 
L’Ukraine marquait de son côté vendredi la Journée des défenseurs du pays, célébrant cette fête de l’armée pour la première fois depuis le début de l’invasion.
 
Perdre ses deux fils
 
« On remercie […] tous ceux qui se sont battus pour l’Ukraine dans le passé et tous ceux qui se battent pour elle maintenant, ceux qui ont gagné à l’époque et ceux qui vont sans aucun doute gagner maintenant », a déclaré dans une vidéo M. Zelensky. Il a également déposé une gerbe de fleurs sur un monument aux morts de Kyiv.
 
« Ensemble vers la victoire ! », a pour sa part lancé le commandant en chef de l’armée ukrainienne Valery Zaloujny.
 
À l’occasion des commémorations, les photo-portraits de quelque 180 soldats ont été dressés sur la place devant la célèbre cathédrale Sainte-Sophie de Kyiv. Tous ont été tués à Marioupol, cité portuaire assiégée et ravagée des mois durant par l’armée russe avant de tomber en mai.
 
Galyna Golitsyna a perdu ses deux fils à la guerre. L’aîné en 2014, et Denys le 23 mars dernier à Marioupol. La mère, âgée de 61 ans, pose en pleurant une main, puis son front, sur le portrait de son cadet, mort à 32 ans.  
 
« Perdre un enfant c’est le plus terrible qui puisse arriver. Et moi, j’ai perdu mes deux enfants dans cette même guerre. C’est le jour de la mémoire pour moi », dit-elle à l’AFP en s’essuyant les yeux.
Forts de succès sur plusieurs fronts depuis début septembre, les autorités ukrainiennes affichent, elles, leur détermination.  
 
Si l’Ukraine n’a pas revendiqué l’explosion qui a éventré le pont de Crimée, elle s’est réjouie de la destruction partielle du viaduc, symbole des ambitions russes et infrastructure essentielle à l’approvisionnement des troupes qui occupent le sud de l’Ukraine et y font face à la contre-offensive ukrainienne.
 
Les dégâts sont suffisamment importants pour que le premier ministre russe Mikhaïl Michoustine fixe au 1er juillet 2023 le délai des travaux.
 
Deux tronçons routiers se sont effondrés dans la mer et la voie ferrée a subi un immense incendie. Le trafic routier et ferroviaire a pu néanmoins partiellement reprendre.
 
Dans le nord de la région de Kherson (sud de l’Ukraine), où l’armée russe compte sur le pont pour ses approvisionnements, les forces ukrainiennes ont continué toute la semaine d’avancer, village par village.
 
Jeudi, le dirigeant installé par Moscou, Vladimir Saldo, a demandé au Kremlin son aide pour évacuer des civils. Immédiatement après, le gouvernement russe a promis de s’y atteler.
220 000 mobilisés
 
Kirill Stremooussov, un autre responsable prorusse de cette région, a appelé, non sans un certain sens de l’euphémisme, la population à « saisir l’opportunité d’un séjour humanitaire et de repos en Russie ».
 
Les forces russes restent, elles, à l’initiative sur une partie du front oriental, où elles tentent de conquérir Bakhmout depuis le mois d’août.
 
En prenant cette cité ravagée par les bombardements, Moscou espère ouvrir la voie vers deux grandes villes de la région de Donetsk, Kramatorsk et Sloviansk.
 
Selon Andreï Marotchko, représentant des forces séparatistes de la région de Louhansk luttant dans la zone, « des combats sont en cours dans la localité », et les forces ukrainiennes seraient en train d’être repoussées « vers le nord-ouest et l’ouest de la ville ».
 
Ailleurs en Ukraine, l’armée russe a connu depuis début septembre une succession de revers, abandonnant des milliers de kilomètres carrés.
 
Ces échecs ont conduit fin septembre Vladimir Poutine à ordonner la mobilisation de 300 000 réservistes, des civils donc, pour tenter d’inverser la tendance.
 
Vendredi, il a assuré ne pas prévoir de nouvelle vague de conscription. Selon lui, 222 000 personnes ont été mobilisées, dont 16 000 sont déjà dans des « unités impliquées dans des combats ». (AFP)
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