Guerre en Ukraine - Nouvelles frappes russes avant un G7 d’urgence

Mardi 11 Octobre 2022

La Russie a revendiqué mardi de nouvelles frappes « massives » sur les infrastructures de l’Ukraine, au lendemain de bombardements de grande ampleur qui ont suscité un tollé occidental.
 
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit participer mardi à la réunion virtuelle d’urgence du G7 prévue à partir de 12 h GMT (8 h HAE) et consacrée à cette offensive russe.
Dans la matinée, la Russie a poursuivi les tirs contre son voisin, frappant notamment très loin du front les installations énergétiques de l’Ouest. La mairie de Lviv a indiqué que la ville était privée à 30 % d’électricité.
 
La ville de Zaporijjia (sud), non loin du front et pilonnée par des bombardements russes ces dernières semaines, a essuyé mardi, selon les autorités ukrainiennes, une salve de douze missiles de type S-300 qui se sont abattus sur des infrastructures « civiles » faisant un mort.  
 
Le ministère russe de la Défense s’est félicité que ces « frappes massives » contre des « cibles de commandement militaire et du système énergétique de l’Ukraine » aient « atteint leur objectif ».
 
À Kyiv, les sirènes d’alerte ont résonné plus de cinq heures d’affilée dans la matinée, mais contrairement à lundi, aucun missile n’est tombé sur la capitale ukrainienne.
 
Les bombardements étaient dans l’immédiat d’ampleur moindre que lundi, lorsque des dizaines de missiles, roquettes et drones se sont abattus sur l’Ukraine en représailles de l’attaque, « terroriste » selon Vladimir Poutine, qui a partiellement détruit samedi le pont reliant la Russie à la Crimée annexée en 2014.
 
Coupures de courant
 
Hautement symbolique et stratégique, ce viaduc sert à l’approvisionnement des troupes russes dans le sud ukrainien où les forces de Kyiv mènent une contre-offensive.
 
Les frappes ont visé des infrastructures militaires, énergétiques et de communication ukrainiennes, mais ont également touché des sites purement civils, comme une université, un terrain de jeu, des parcs ou un pont piéton en plein centre-ville. Le dernier bilan fait état de 19 morts et 105 blessés dans le pays.
 
Plus de 300 localités restaient privées d’électricité dans l’ensemble du pays.
L’opérateur électrique desservant la capitale, DTEK, a annoncé que, faute de puissance suffisante, « dès mardi » des coupures d’électricité régulières allaient affecter différents quartiers au moment où l’hiver approche et que les Ukrainiens craignent des pénuries d’eau, de chauffage et d’électricité.
 
De son côté, Vladimir Poutine doit recevoir le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, pour parler notamment de la sécurité de la centrale ukrainienne de Zaporijjia que la Russie occupe depuis mars, et qu’elle s’est appropriée en revendiquant fin septembre l’annexion de quatre régions ukrainiennes.
 
Depuis des mois, Russes et Ukrainiens s’accusent de tirer dans la zone et de risquer de provoquer un accident nucléaire.  
 
Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a pour sa part lancé un appel à un cessez-le-feu « dès que possible » entre les belligérants. Et un responsable turc a indiqué mardi à l’AFP que le président Recep Tayyip Erdogan rencontrerait Vladimir Poutine mercredi à Astana, en marge d’un sommet régional dans la capitale du Kazakhstan.
 
Seul progrès russo-ukrainien du jour, Kyiv a annoncé avoir récupéré les corps de 62 soldats tués, dont certains étaient parmi les victimes d’une frappe en juillet contre la tristement célèbre prison d’Olenivka, en territoire sous contrôle russe. Moscou et Kyiv s’accusent l’un l’autre de ce bombardement qui a fait des dizaines de morts.  
 
Les Occidentaux ont eux réaffirmé leur soutien à Kyiv après la vague de bombardements de lundi, Joe Biden promettant des « systèmes perfectionnés » de défense antiaérienne, tout comme l’Allemagne.
 
L’Union européenne a estimé que les frappes sur des cibles civiles s’apparentaient à des « crimes de guerre ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé « une escalade inacceptable ». Le président ukrainien a lui martelé que son pays « ne peut pas être intimidé ».
 
Menace de la Biélorussie
 
M. Poutine a accusé dimanche l’Ukraine d’avoir organisé l’explosion qui a détruit une partie du pont de Crimée, construit à grands frais. Kyiv n’a ni confirmé ni démenti son implication.
 
L’attaque contre le pont est intervenue après une série de derniers revers militaires russes dans le nord-est, l’est et le sud de l’Ukraine, face à une armée ukrainienne forte des approvisionnements en armes occidentales.
 
Signe de ces difficultés, Vladimir Poutine a ordonné la mobilisation de centaines de milliers de réservistes en septembre, une décision qui a provoqué le départ massif de Russes du pays. Il a promis lundi d’autres répliques « sévères » en cas de nouvelles attaques ukrainiennes contre la Russie, mais sans renouveler sa menace de recours à l’arme nucléaire proférée en septembre.
 
Seul allié de Moscou dans cette guerre, tout en s’étant gardé d’envoyer ses troupes en Ukraine, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a accusé Kyiv de préparer une attaque contre son pays annonçant en conséquence le déploiement des troupes russo-biélorusses, sans préciser leur localisation.
 
Mardi, Minsk a assuré que cette force commune était « purement défensive ». La Biélorussie a prêté son territoire à l’armée russe pour permettre l’invasion de l’Ukraine en février.  
 
« Sévères destructions » après des frappes sur des sites énergétiques
 
De nouvelles frappes russes visant des installations énergétiques dans la région de Dnipro, dans le centre de l’Ukraine, ont fait de « sévères destructions », a annoncé mardi le gouverneur régional, Valentin Reznitchenko.
 
« Les Russes ont tiré des missiles sur les infrastructures énergétiques des districts de Pavlograd et de Kamianské : il y a de sévères destructions », a-t-il indiqué, précisant que « de nombreux villages sont sans électricité ».
 
« Dans la région, un mode d’économie totale de l’électricité est mis en place afin que les hôpitaux, les transports et d’autres infrastructures sociales importantes puissent fonctionner », a-t-il ajouté, appelant les habitants à « économiser l’électricité ».
 
D’autres régions ont été touchées mardi par des frappes russes visant des infrastructures énergétiques.
 
Dans le Sud, « à la suite de frappes de drones et de missiles, deux sites ont été endommagés » dans la région de Vinnytsia (sud-ouest), faisant au moins deux blessés, selon le commandement sud de l’armée ukrainienne sur Facebook.
 
Plus tôt, le gouverneur de la région de Lviv (ouest) avait rapporté « trois explosions sur deux sites d’infrastructures de la région ».
 
La Russie a déclenché lundi une vague de frappes d’ampleur inégalée depuis plusieurs mois, qui a notamment touché Kyiv pour la première fois depuis fin juin et provoqué des coupures d’électricité importantes dans plusieurs régions, notamment celles éloignées de la ligne de front.
 
« Limiter » sa consommation d’électricité
 
Le gouvernement ukrainien a appelé mardi la population à « limiter » sa consommation d’électricité à la suite de frappes russes menées depuis la veille sur des sites énergétiques dans plusieurs régions.
 
« Aujourd’hui, nous vous demanderons de limiter la consommation d’électricité. Aussi, pendant les heures de pointe - de 17 h à 23 h-, veuillez ne pas allumer les appareils énergivores », a demandé le premier ministre ukrainien Denys Chmygal sur Telegram.
 
Le dirigeant ukrainien a notamment cité les « plaques électriques, les bouilloires électriques », ou encore « les radiateurs, les fours et fers à repasser, les micro-ondes, les cafetières, les machines à laver et les lave-vaisselle ».
 
« Ceci est très important pour le fonctionnement stable de notre système énergétique » et la nécessité de réparer les infrastructures endommagées, a-t-il fait valoir, alors que l’Ukraine est visée depuis lundi par de nombreuses frappes russes sur ses installations énergétiques, en représailles de la destruction partielle du pont de Crimée russe.
 
Pour la seule journée de lundi, « 3900 localités ont été privées d’électricité », selon le premier ministre ukrainien. « Depuis, le courant a été restauré dans 3800 » d’entre elles, a-t-il précisé faisant état de 33 bombardements enregistrés dans le pays depuis le début de la journée de mardi.
 
« Mais nous sommes unis et nous tiendrons bon », a assuré le chef de gouvernement selon lequel les Ukrainiens avaient déjà réduit leur consommation d’électricité de 10 % la veille, répondant au même appel des autorités.
 
« L’approvisionnement en électricité dans les régions de l’Ouest a été stabilisé », s’est-il aussi félicité, citant également la région de Kharkiv (nord-est). (AFP)
 
 
 
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