Guerre en Ukraine : « Quand c’est en Afrique vous êtes moins atteints », s'interroge l'acteur Omar Sy ?

Dimanche 1 Janvier 2023

Omar Sy, troisième personnalité préféré des Français et héros du film Tirailleurs, s'étonne dans Le Parisien que les Français se sentent plus touchés par la guerre en Ukraine que par d'autres conflits plus lointains.

Il est la troisième personnalité préféré des Français, mais aussi le héros du film Tirailleurs qui sort mercredi 4 janvier en salles. Omar Sy qui s'est déjà fait connaître pour ses prises de positions concernant la minorité musulmane Rohingyas, s'exprime dimanche 1er janvier dans Le Parisien au sujet de la guerre en Ukraine.
 
Il s'étonne que les Français se sentent plus touchés par la guerre en Ukraine que par d'autres conflits se déroulant sur d'autres continents.
 
"Je suis surpris que les gens soient si atteints. Ça veut dire que quand c’est en Afrique vous êtes moins atteints?" lance l'acteur. "Moi, je me sens menacé de la même manière quand c’est en Iran, ou en Ukraine", assure-t-il. "Une guerre, c’est l’humanité qui sombre, même quand c’est à l’autre bout du monde", souligne-t-il.

"Quand c’est loin, on se dit que là-bas, ce sont des sauvages, nous, on ne fait plus ça. Comme le Covid, au début, on a dit: c’est que les Chinois'". "On se rappelle que l’homme est capable d’envahir, d’attaquer des civils, des enfants. On a l’impression qu’il faut attendre l’Ukraine pour s’en rendre compte", ajoute-t-il.

« Il faut accepter le récit des autres »

Omar Sy est le héros d'un film sur les tirailleurs sénégalais pendant la Première Guerre mondiale. Tourné en partie au Sénégal mais aussi dans les Ardennes, le film suit le destin d’un père, Bakary (Omar Sy) et de son fils Thierno (Alassane Diong), qui sont arrachés à leur famille et se retrouvent dans les tranchées de la Grande Guerre, sous uniforme tricolore.

Si "Tirailleurs" est d'abord le combat d'un père pour sauver son fils de la guerre, la portée politique de ce film est sans équivoque. "L'idée, c'est de questionner. Questionner le rapport historique de la France à ses anciennes colonies, qu'est-ce qu'on dit de ça aujourd'hui, est-ce qu'on sait ce qu'on a fait?", avait déclaré à l'AFP le réalisateur Mathieu Vadepied lors du Festival de Cannes.

S'il se défend d'avoir fait un film "frontalement politique", il espère qu'il permettra de nettoyer les "caries" du récit national. Et surtout, précise-t-il, "on ne fait pas comme si ça n'existait pas, on ne bouge pas sans. Ces histoires, il faut les raconter, les transmettre. Faut que tout le monde les connaisse". 

Les tirailleurs furent plus de 200.000 à se battre lors de la Première Guerre mondiale, 150.000 pour la Seconde, 60.000 en Indochine. C'est l'une des premières fois que leur histoire est portée à l'écran.

Omar Sy qui est co-producteur du film se dit heureux dans Le Parisien que le film 'Tirailleurs' "apaise" et aille "vers la réconciliation". L'acteur qui vit aujourd'hui aux États-Unis estime qu'aujourd'hui, les choses bougent enfin. "Ces récits-là vont sortir de sous le tapis".

"Il faut accepter le récit des autres. Un récit ne contredit pas l’autre, ne l’annule pas, ne le nie pas. C’est l’addition de tous ces récits qui fait notre histoire commune". (Orange avec Media Services)
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