Guerre en Ukraine, jour 365 - Un an après le début de la guerre, l’ONU votera un texte exigeant le retrait russe d’Ukraine

Jeudi 23 Février 2023

À la veille de l’anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Assemblée générale de l’ONU doit se prononcer jeudi sur une résolution réclamant à nouveau un « retrait immédiat » des troupes russes, Kyiv et ses alliés espérant recueillir une majorité écrasante de voix.
 
« Nous n’avons pas craqué, nous avons surmonté de nombreuses épreuves et nous triompherons. Nous demanderons des comptes à tous ceux qui ont apporté ce mal, cette guerre sur notre terre », a affirmé jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
 
« Les occupants [russes] préparent » des provocations à une grande échelle, très probablement, a indiqué de son côté le renseignement ukrainien qui a détecté un mouvement de convois transportant du matériel militaire près de la frontière avec la région de Tchernihiv (nord).
 
« Ils prévoient une frappe de missile mineure les 23 et 24 [février], ils ont deux dates. Croyez-moi, nous avons déjà survécu à cela plus de 20 fois », a déclaré pour sa part Kyrylo Budanov, le chef de la principale direction du renseignement du ministère de la Défense à Ukrainiska pravda.
 
À Moscou, le président Poutine est, lui, allé déposer des fleurs sur la tombe du Soldat inconnu à l’occasion de la Journée du défenseur de la patrie, avant d’aller s’entretenir sous un ciel bleu et par -10 °C avec des militaires sur la Place rouge.
 
« C’est l’obligation sacrée de l’État de s’occuper de ceux qui défendent le pays », a-t-il dit.
Le président Zelensky veut discuter avec la Chine de son plan de paix
 
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit jeudi vouloir discuter avec Pékin du plan de paix chinois pour l’Ukraine, jugeant « positive » l’implication de ce proche partenaire de Moscou, mais précisant ne pas avoir vu le document.
 
« Nous aimerions avoir une réunion avec la Chine. C’est dans l’intérêt de l’Ukraine aujourd’hui », a déclaré M. Zelensky pendant une conférence de presse avec le premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
 
« Que la Chine commence à parler de l’Ukraine et envoie certains signaux, c’est un point très positif », a-t-il également estimé, soulignant toutefois qu’il n’avait « pas encore » pu prendre connaissance du plan de paix chinois et qu’il était ainsi « trop tôt pour l’évaluer ».
 
La Chine cherche depuis quelques semaines à jouer un rôle de médiateur dans le conflit ukrainien, évoquant publiquement un plan – pour l’heure très vague – en vue de trouver une solution politique.
 
Pékin a promis de rendre publique sa proposition cette semaine, à temps pour le premier anniversaire du déclenchement de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022.
 
Pour ce faire, le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a rencontré son homologue ukrainien Dmytro Kouleba pendant la conférence sur la sécurité organisée à Munich (Allemagne) et s’est rendu à Moscou où il s’est entretenu mercredi avec Vladimir Poutine et a affiché la bonne entente entre Pékin et Moscou.
 
Dmytro Kouleba avait affirmé avoir seulement reçu « des éléments clés du plan de paix chinois », mais attendre de « recevoir ce texte pour l’étudier en détail ». Mercredi, un haut responsable ukrainien a affirmé à l’AFP, requérant l’anonymat, que la Chine n’avait pas consulté l’Ukraine en préparant ce document.
 
Proche alliée de la Russie, la Chine n’a jamais appuyé ni critiqué publiquement l’offensive russe en Ukraine, tout en exprimant plusieurs fois son soutien à Moscou face aux sanctions occidentales.
 
Mais elle a aussi appelé à plusieurs reprises au respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, alors que la Russie revendique l’annexion de cinq régions ukrainiennes qu’elle contrôle partiellement.
 
Une résolution « symbolique »
 
« Dans un an, nous ne devons pas nous retrouver pour marquer le deuxième anniversaire de cette guerre d’agression absurde », a lancé à la reprise des débats jeudi le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi, espérant à la place un « sommet pour la paix » en 2024.
 
Mais « la Russie ne montre aucun désir pour la paix […] Elle ne connaît de paix que celle du silence des morts et des ruines », a mis en garde son homologue française Catherine Colonna, à la tribune de l’ONU.
 
« La Russie tente de convaincre certains d’entre vous que ses tentatives pour bouleverser l’ordre mondial et d’imposer un ordre basé sur la force joueront en leur faveur. C’est une illusion », a-t-elle ajouté, joignant sa voix aux dizaines d’États appelant à soutenir la résolution qui sera soumise au vote à l’issue des discours jeudi.
 
« Jamais dans l’Histoire récente la ligne entre le bien et le mal n’a été aussi claire. Un pays veut simplement survivre. L’autre veut tuer et détruire », avait souligné mercredi le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, en appelant à la « solidarité » de la communauté internationale.
 
L’Ukraine et ses alliés espèrent que le texte obtiendra au moins autant de voix qu’en octobre, quand 143 pays avaient voté pour la résolution condamnant les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie.  
 
Mais cette résolution est surtout « symbolique », note Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group, même si elle aura le mérite de souligner l’isolement de la Russie.
 
Comme de précédentes résolutions, toutes non contraignantes, le projet de texte réaffirme l’« attachement » à « l’intégrité territoriale de l’Ukraine », « exige » que la Russie « retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays », une référence aux territoires annexés par la Russie.
 
Le texte co-signé par des dizaines d’États (États-Unis, Royaume-Uni, France, Turquie, Argentine, Japon…) appelle également à une « cessation des hostilités » et « souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations unies ».
 
Parfum de Guerre froide
 
La Biélorussie, allié de Moscou, a déposé des amendements à cette résolution pour notamment retirer les références à l’agression de la Russie et à la demande de retrait immédiat de ses troupes, appelant les États membres à « s’abstenir d’acheminer des armes vers la zone de conflit ».
 
Mercredi à l’ouverture de cette session spéciale, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait fustigé « l’affront à notre conscience collective » que représente l’invasion de l’Ukraine.
 
« Les possibles conséquences de l’escalade du conflit sont un danger clair et déjà là », avait-il lancé, évoquant les « menaces implicites » de recours aux armes nucléaires et les activités militaires « irresponsables » autour des centrales nucléaires.
 
Mais le président Vladimir Poutine a juré cette semaine de poursuivre « méthodiquement » son offensive en Ukraine, dans un discours à la rhétorique anti-occidentale rappelant la Guerre froide.
 
Son ambassadeur à l’ONU Vassili Nebenzia s’en est également pris aux Occidentaux. « Dans leur désir d’infliger une défaite à la Russie de toutes les manières possibles, ce n’est pas seulement l’Ukraine qu’ils peuvent sacrifier, ils sont prêts à plonger le monde entier dans les abysses de la guerre », a-t-il accusé.
 
Cette guerre n’est pas une question « de l’Occident contre la Russie », avait répondu le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. « Cette guerre illégale concerne tout le monde : le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest ».
 
Dans ce contexte, la Chine, qui comme l’Inde s’est généralement abstenue lors des votes à l’ONU sur l’Ukraine, a promis de rendre publique cette semaine une « solution politique » dont elle a présenté des éléments à Kyiv et Moscou.
 
Les trois résolutions liées à l’agression russe votées par l’Assemblée générale depuis un an ont recueilli entre 140 et 143 voix pour, avec cinq pays votant systématiquement contre (Russie, Biélorussie, Syrie, Corée du Nord et Érythrée) et moins de 40 s’abstenant.
 
Une quatrième un peu différente en avril, qui a suspendu la Russie du Conseil des droits de l’Homme, avait été moins consensuelle (93 voix pour, 24 contre, 58 abstentions). (AFP)
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