Guerre en Ukraine, jour 681 - Bombardements accrus à Belgorod, les autorités russes proposent aux habitants d’évacuer

Vendredi 5 Janvier 2024

Les autorités de la région russe de Belgrorod, frontalière de l’Ukraine et visée par des bombardements ukrainiens qui s’intensifient, ont proposé vendredi aux habitants le souhaitant d’évacuer et les ont invités à sécuriser leurs fenêtres pour se protéger des éclats d’obus.

 

Parallèlement, l’armée ukrainienne a indiqué ne pas pouvoir corroborer à ce stade l’usage par la Russie de missiles nord-coréens au lendemain d’accusations en ce sens des États-Unis.

 

« Dès aujourd’hui, nous sommes prêts à vous transporter à Stary Oskol et à Goubkine [plus éloignés de la frontière, NDLR], où vous serez dans des conditions très confortables, dans des chambres chaudes et sûres. Vous y resterez aussi longtemps que nécessaire », a annoncé le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, sur Telegram.

 

« Je vois des appels sur les réseaux sociaux, où l’on écrit : “ Nous avons peur, aidez-nous à nous mettre en sécurité ”. Bien sûr que nous le ferons ! Nous avons déjà déplacé plusieurs familles », a-t-il encore affirmé en référence à d’autres évacuations en 2023 de localités plus petites et plus proches de la frontière.

 

Cette mesure inédite pour une grande ville en Russie s’inscrit en porte-à-faux par rapport aux efforts du Kremlin qui s’est toujours efforcé de donner l’image, depuis près de deux ans d’invasion, que le conflit n’affecte pas directement le quotidien et la sécurité des Russes.

 

Cette stratégie a volé en éclat le 30 décembre quand 25 personnes ont perdu la vie à Belgorod dans une attaque ukrainienne, le bilan civil le plus meurtrier sur le sol russe depuis le début de l’assaut de Moscou le 24 février 2022.

 

Vendredi, Viatcheslav Gladkov a également promis d’appeler d’autres régions russes à la rescousse si la sienne devait être amenée à manquer de place dans des centres d’accueil.

 

Écoles fermées

 

Signe d’une inquiétude qui grandit, plus tôt dans la journée, la ville de Belgorod avait déjà appelé pour la première fois ses habitants à sécuriser leurs fenêtres pour « se protéger » d’éventuels éclats de verre face aux bombardements ukrainiens qui s’y multiplient.

 

La veille, les autorités régionales avaient elles annoncé repousser la rentrée scolaire du 9 au 19 janvier dans la ville et dans quelques localités environnantes.

 

Les hostilités se sont encore accrues entre Russes et Ukrainiens au tournant de la nouvelle année, avec une multiplication de frappes particulièrement meurtrières.

 

En représailles à l’attaque sans précédent sur Belgorod, Vladimir Poutine avait promis d’« intensifier » les frappes russes contre des « cibles militaires » en Ukraine.

 

Dans la nuit de jeudi à vendredi, la Russie a attaqué son voisin avec 29 drones « Shahed », selon l’armée de l’air ukrainienne qui a assuré en avoir abattu 21, sans évoquer les dégâts provoqués par ceux qui sont passés entre les mailles du filet.

 

Plus au Sud, le parquet général ukrainien a rapporté quatre blessés dans une frappe à Kherson, cible quasi-quotidienne de bombardements russes.

 

Dans ce contexte, les autorités municipales à Kyiv ont demandé « instamment » aux habitants de la capitale de ne pas prendre part samedi à des évènements de masse pour célébrer l’Épiphanie.

 

Le ministère russe de la Défense, lui, a rapporté avoir « détecté et détruit » à la mi-journée un missile ukrainien Neptune au-dessus de la mer Noire.

 

« Pas d’informations »

 

Pour appuyer sa campagne de frappes accrues, la Russie a utilisé le 30 décembre dans la région de Zaporijjia (Sud) et le 2 janvier plusieurs missiles livrés par la Corée du Nord, ont accusé les États-Unis jeudi.

 

Vendredi, les autorités ukrainiennes ont toutefois temporisé : « À ce stade, nous n’avons pas d’informations sur l’usage de tels missiles », a assuré le porte-parole de l’armée de l’air, Iouri Ignat.

 

« Les États-Unis ont fait une déclaration en ce sens, dès lors des experts vont étudier l’épave [de missile] et nous pourrons dire ensuite si c’est le cas ou non. Je ne peux pas encore confirmer », a-t-il ajouté.

 

La Russie a opéré un rapprochement accéléré avec la Corée du Nord depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.  

 

En septembre 2023, Kim Jong-un s’est rendu dans l’Extrême-Orient russe où il a rencontré le président russe Vladimir Poutine. Une relation qui inquiète Washington car Moscou pourrait aussi, en échange de munitions, muscler le régime nord-coréen pour faire face aux Occidentaux et leurs alliés d’Asie.

 

Si aucun accord militaire entre les deux pays sous sanctions occidentales n’a été annoncé à l’époque ni depuis, la Corée du Nord est d’ores et déjà soupçonnée d’avoir fourni à l’armée russe plus d’un million d’obus d’artillerie destinés aux opérations en Ukraine.
 

Moscou invoque la « sécurité » pour limiter l’accès de l’AIEA à Zaporijjia.

 

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a pas eu accès récemment aux salles de réacteurs de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia pour des raisons de « sécurité », a affirmé vendredi Moscou qui occupe le site depuis près de deux ans.

 

Aux mains des forces de Moscou depuis mars 2022, la centrale, la plus grande d’Europe, a été touchée à plusieurs reprises par des coupures de courant liées aux combats et l’armée russe accuse régulièrement l’Ukraine de la menacer.

 

Cette situation précaire fait craindre un accident nucléaire majeur, malgré la présence sur place d’experts de l’AIEA.

 

Les tensions entre Moscou et Kyiv sur le sujet sont récurrentes, et l’AIEA fait office de médiatrice, tout en s’assurant de la sécurité du site aux côtés des Russes.

 

Or mercredi, l’agence onusienne avait déploré que ses experts aient vu leur accès refusé à plusieurs parties de la centrale.

 

« Au cours des deux dernières semaines, ils n’ont pas été autorisés à accéder aux salles des réacteurs des unités 1, 2 et 6 », « une première » s’agissant de « l’enceinte d’un réacteur d’une unité à l’arrêt », a dit l’agence onusienne dans un communiqué.

 

Vendredi, un responsable de l’agence atomique russe Rosenergoatom, Renat Kartchaa, a justifié une telle décision, invoquant des mesures de « sécurité ».

 

« Lorsqu’un compartiment de réacteur est scellé et confiné, le personnel de la centrale ne peut être présent que dans les situations d’urgence ou pour effectuer des travaux de routine », a-t-il affirmé, cité par le quotidien russe RBK.

 

« Une enceinte de confinement, et en particulier une enceinte scellée, n’est pas un musée ou une zone de promenade libre », a-t-il encore lâché.

 

La centrale de Zaporijjia se situe à Energodar, le long du fleuve Dniepr qui fait office de ligne de front naturelle entre Russes et Ukrainiens. Le site se trouve aussi à 50 km à vol d’oiseau au sud-ouest de la ville même de Zaporijjia. [AFP]

 

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