Guinée: un policier tué, 5 jours de deuil des opposants après la mort d'un 100e manifestant

Jeudi 8 Novembre 2018

Un blessé évacué sur une civière
Conakry - Un policier a été tué jeudi en Guinée, où l'opposition a annoncé un "deuil de cinq jours" après la mort mercredi de deux manifestants portant, selon elle, à 100 le nombre de victimes de violences policières et militaires depuis l'arrivée au pouvoir du président Alpha Condé en 2010.

Le policier est décédé à la mi-journée après avoir été "copieusement bastonné" par des jeunes de Wanidara, un fief de l'opposition dans la banlieue de Conakry, a affirmé à l'AFP le directeur régional de la police de la capitale guinéenne, Boubacar Kassé.
 
"Le brigadier chef Bakary Camara a été blessé par des jeunes qui lui ont administré des sévices corporels graves qui ne lui ont laissé aucune chance de vie", a t-il dit. Cette nouvelle victime porte à 13 le nombre de tués parmi les forces de l'ordre depuis 2010, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels.

Deux jeunes avaient été tués mercredi soir dans ce même quartier par des tirs de militaires dans des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.

L'opposition multiplie depuis le début du mois d'octobre les journées ville morte et les manifestations pour protester contre la violation, selon elle, par le pouvoir d'un accord conclu en août sur l'installation des élus locaux après le scrutin contesté du 4 février.

"Avec ce double meurtre d'hier, on a franchi la barre de 100 victimes de M. Alpha Condé", a dénoncé le chef de file de l'opposition, Cellou Dalein Diallo, accusant des "bérets rouges", une unité d'élite militaire, d'être responsables de la mort des deux manifestants mercredi. 

"Le crime a été trop atroce, on va demander cinq jours de deuil jusqu'à lundi" en solidarité avec les familles, a-t-il ajouté devant des militants, en promettant que les manifestations reprendraient la semaine prochaine.

Un conseil des ministres extraordinaire uniquement consacré à ces violences s'est tenu en fin de journée, a indiqué le gouvernement dans un communiqué, en évoquant "un moment où le pays est confronté à des émeutes politiques récurrentes et de nombreuses tentatives de remettre en cause l'ordre public".

"Le conseil a été informé des échauffourées ayant opposé les forces de maintien d'ordre à des groupes de jeunes qui, sous le prétexte de l'appel à la ville morte lancé par l'opposition, se sont livrés à des actes de violence, d'agression de paisibles citoyens et de vandalisme dans la banlieue de Conakry", selon le texte.

"Fort malheureusement, les affrontements qui ont suivi ont causé d'importants dégâts matériels et provoqué surtout la mort de trois personnes, dont un policier dans l'exercice de ses fonctions", ajoute le gouvernement, qui a "déploré et condamné fermement la mort d'innocents citoyens" et a indique avoir "interpellé la justice pour mettre fin à ce cycle funeste qui affecte la crédibilité de l'Etat et l'honneur de notre pays".

Le gouvernement a aussi "réitéré son appel à la retenue et au calme" de toutes les parties et "réaffirmé toute sa disponibilité et sa volonté à résoudre par le dialogue et la concertation tous les problèmes".

Amnesty International s'était inquiétée le 31 octobre du nombre de tués --18 depuis début de l'année-- au cours des manifestations de l'opposition, demandant aux autorités de Conakry de veiller à ce que "personne d'autre ne perde la vie".
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