Hamon et Mélenchon au bord de la rupture

Dimanche 19 Février 2017

PARIS (Reuters) - La perspective d'une "alliance des gauches" entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle s'éloigne à l'issue d'un week-end marqué par une brusque glaciation entre le candidat socialiste et le chef de file de "La France insoumise".
 
Les deux hommes avaient engagé un dialogue tardif vendredi au téléphone avec la promesse d'une rencontre prochaine, mais les prémices d'une rupture sont vite apparues.
 
Dès vendredi soir, Jean-Luc Mélenchon avait provoqué le vainqueur de la primaire de "La Belle alliance" en prévenant sur BFM TV qu'il n'entendait pas s'"accrocher à un corbillard", en l'occurrence le Parti socialiste.
 
Puis samedi, dans un billet diffusé sur Facebook, l'ancien ministre de Lionel Jospin s'insurgeait contre le projet confié par Benoît Hamon à l'économiste Thomas Piketty d'un "Parlement de la zone euro".
 
"La monnaie unique comme identité et projet européen? Étrange invention technocratique! Ce projet ressort tout droit des vieux cartons du PS. On le croyait abandonné dans le siècle dernier", écrit-il notamment.
 
"Est-ce une façon de créer un problème insurmontable entre nous en 2017? Alors autant s'épargner les simagrées unitaires actuelles!", ajoute-t-il.
 
En déplacement samedi à Lisbonne, où le gouvernement socialiste d'Antonio Costa est soutenu par la gauche radicale et les communistes, Benoît Hamon a répliqué aux déclarations "assez brutales" du candidat d'extrême gauche.
 
"Je ne courrai pas après Jean-Luc Mélenchon, je ne cours après personne, je n'oblige personne", a-t-il lancé devant la presse, s'estimant "le mieux placé" pour faire gagner la gauche à la présidentielle.
 
"COVOITURAGE"
Dimanche, au "Grand Jury" RTL-Le Figaro-LCI, l'ancien ministre de l'Education s'est efforcé d'apaiser le climat tout en marquant sa détermination, "tenace" et "têtu".
"Moi, ma priorité, elle ne consiste pas à d'abord parler aux appareils, même si je les respecte", a-t-il dit.
 
"Nous ne pouvons pas nous permettre aujourd'hui d'assister passifs à un second tour entre la droite, qui est une droite dure, et l'extrême droite. (...) Je respecte les egos, ils existent, j'en ai moi-même un. Ce que je veux, c'est rassembler les électeurs, les hommes, les femmes. Et si la dynamique se confirme, vous verrez, elle parviendra à vaincre bien des réticences", a-t-il estimé.
 
Jean-Luc Mélenchon, a-t-il poursuivi, pose des "conditions fortes". "C'est vrai que si on fait du covoiturage et qu'on décide que l'on conduit, la couleur des sièges, et que les autres descendent au premier feu, ça marche rarement le covoiturage dans ces conditions-là. Je dois me placer au-dessus de cela."
 
Réplique du candidat de La France insoumise, qui présentait dimanche le chiffrage de son programme économique : "C'est consternant. (...) J'apprends que j'aurais fermé la porte? Mais c'est quand même moi qui ai fait le pas", a-t-il dit sur BFM TV et LCI.
 
"Je ne vais pas passer ma vie là-dessus, je ne suis pas un amoureux éconduit. (...) Je ne suis pas en train de faire le congrès du PS, mon problème, ce n'est pas la synthèse foireuse à deux heures du matin avec des points et des virgules", a-t-il ajouté.
 
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