Kamala Harris, consciente que Donald Trump est considéré par bien des électeurs comme le meilleur candidat pour l'économie américaine, l'a vivement attaqué mercredi, en le peignant en ami des riches et en étrillant son bilan.
La vice-présidente et candidate démocrate à l'élection du 5 novembre a défendu ses projets pour la première économie mondiale et le pouvoir d'achat à Pittsburgh, capitale historique de l'acier, en Pennsylvanie.
Son rival républicain se rendra lui aussi prochainement dans cet Etat décisif sur le plan électoral, plus précisément à Butler, là même où il avait été visé par une tentative d’assassinat à la mi-juillet.
"Pour Donald Trump, l'économie doit être au service des propriétaires des grands gratte-ciel. Pas de ceux qui les construisent, ni de ceux qui installent l'électricité, ni de ceux qui lavent les sols", a critiqué Kamala Harris, en se présentant au contraire comme une enfant de la classe moyenne, qui "comprend la difficulté de joindre les deux bouts."
La démocrate, pour laquelle la vie chère reste un sérieux handicap électoral, a attaqué le bilan de son rival milliardaire à la Maison Blanche.
- Coût de la vie -
Elle l'a accusé d'avoir fait perdre 200.000 emplois industriels à l'Amérique et a assuré que la Chine "s'est constamment jouée" de son adversaire sur le plan technologique et commercial.
La candidate de 59 ans a toutefois reconnu que le coût de la vie restait "trop élevé" pour les ménages, en répétant ses quelques promesses concrètes: un crédit d'impôt pour les jeunes familles et pour les créateurs de petites entreprises, une aide à l'achat de logement, un contrôle du prix souvent exorbitant des médicaments...
Elle doit donner mercredi sa première interview télévisée en solo depuis qu'elle a repris à Joe Biden le flambeau de la course à la Maison Blanche. Cet entretien sera diffusé à 19H00 heure locale (23H00 GMT) par la chaîne MSNBC, prisée des progressistes.
"Kamala Harris a raison sur un point: il est temps de tourner la page. Elle a eu trois ans et demi pour montrer ce qu'elle savait faire, et elle a échoué", a contre-attaqué Karoline Leavitt, une porte-parole de campagne de Donald Trump.
Ce dernier avait lui dévoilé mardi une stratégie économique agressive, en promettant de "voler les emplois d'autres pays" s'il était réélu, à coups de baisses d'impôts et de droits de douane "très élevés".
- Iran et Ukraine -
Mercredi, le républicain, en campagne dans un autre Etat très convoité, la Caroline du Nord, s'en est surtout pris à l'Iran, en affirmant qu'il faudrait menacer de "détruire" le pays si Téhéran s'en prenait à un candidat à l'élection américaine.
Il faisait ainsi référence à son propre cas, après avoir annoncé la veille que sa vie était directement menacée par l'Iran, dans un contexte d'hostilités redoublées entre Israël et le Hezbollah, mouvement islamiste libanais allié de Téhéran.
Le candidat républicain a été ces derniers mois la cible de deux tentatives d'assassinat.
Donald Trump a aussi vivement critiqué Volodymyr Zelensky mercredi, accusant le président ukrainien de "refuser de conclure un accord" avec la Russie.
"Chaque fois qu'il est venu dans notre pays, il est reparti avec 60 milliards de dollars, je pense que c'est le meilleur commercial de la planète", a ironisé l'ancien président.
- Swing states -
Parmi les sept fameux Etats-pivots --Wisconsin, Michigan, Caroline du Nord, Géorgie, Arizona, Nevada et Pennsylvanie -- ce dernier fait figure de gros lot, car il offrira 19 grands électeurs à celui qui le remportera le 5 novembre. Le premier à atteindre 270 grands électeurs gagnera la présidentielle, qui est un scrutin indirect.
Pour Melissa DeRosa, stratège démocrate, il est crucial que la vice-présidente laboure ces Etats stratégiques et fasse des propositions très ciblées.
Donald Trump "est un très mauvais candidat" mais il a "des messages sur-mesure" en matière d'économie pour les électeurs indécis dans ces "swing states".
Le risque pour Kamala Harris est que son discours sur le pouvoir d'achat et l'économie "tombe à plat" s'il reste "trop abstrait", selon elle.
Dans une compétition extrêmement serrée, les électeurs disent avoir davantage confiance en Donald Trump sur l'économie. Mais l'écart avec Kamala Harris s'est considérablement réduit sur la question ces dernières semaines, confirment les sondages. [AFP]