Hillary Clinton: "je serais présidente" sans les piratages russes et le FBI

Mercredi 3 Mai 2017

A défaut d'un véritable mea culpa, Hillary Clinton a livré mardi son interprétation la plus claire à ce jour de sa défaite face à Donald Trump, accusant le directeur du FBI James Comey, Vladimir Poutine et Wikileaks de lui avoir volé une victoire quasi-acquise.

"J'étais sur le chemin de la victoire jusqu'à ce que la lettre de Jim Comey le 28 octobre et le Wikileaks russe créent le doute dans la tête des gens qui penchaient en ma faveur, et qui ont fini par prendre peur", a déclaré l'ancienne candidate à New York, interrogée par une journaliste lors d'un événement de l'ONG Women for Women International.

"Si l'élection avait eu lieu le 27 octobre, je serais votre présidente", a-t-elle dit.

Hillary Clinton a participé à quelques événements publics depuis novembre, mais elle s'était peu exprimée sur les raisons de son échec. On savait, par son entourage, qu'elle entretenait une amertume vis-à-vis du FBI, qui a relancé quelques semaines avant le scrutin l'affaire de ses emails.

Début avril, elle s'était dite certaine que la misogynie avait "joué un rôle", et avait évoqué le double effet négatif de M. Comey et des fuites de messages privés sur Wikileaks.

Mais c'est la première fois qu'elle expliquait en longueur son interprétation du résultat de l'élection.
Hillary Clinton a remonté le temps jusqu'au 7 octobre, un mois avant le scrutin.

Octobre noir
Ce vendredi après-midi-là, le Washington Post divulguait une vidéo de Donald Trump se vantant en 2005 d'attraper les femmes "par la chatte". La vidéo faisait l'effet d'une bombe.

Mais dans la demi-heure, des milliers de messages Gmail du président de son équipe de campagne, John Podesta, étaient publiés par le site Wikileaks. Depuis, on a appris que des hackers liés au renseignement russe avaient piraté la messagerie des mois auparavant.

"Quelle coïncidence", a ironisé Hillary Clinton, insinuant que la fuite avait été orchestrée pour atténuer l'impact de la vidéo salace sur la campagne républicaine.

Ces messages, dont des dizaines de milliers seront distillés jusqu'à l'élection, racontaient les coulisses et machinations de la campagne démocrate, alimentant la presse et brouillant son message. Y figurait notamment le texte de discours d'Hillary Clinton à Wall Street, qu'elle avait obstinément refusé de publier.

Puis, le 28 octobre, le directeur du FBI annonçait au Congrès que ses enquêteurs avaient trouvé de nouveaux messages justifiant une relance des investigations closes au mois de juillet précédent sur les emails de l'ancienne secrétaire d'État, remettant à la une cette affaire.

Ce n'est que deux jours avant le scrutin que M. Comey annoncera n'avoir finalement rien trouvé d'incriminant.

Mea culpa minimal
"Ai-je fait des erreurs ? Mon Dieu, oui", a dit Mme Clinton mardi, promettant une "confession" et une "demande d'absolution" dans un livre à l'automne. "J'assume absolument ma responsabilité personnelle. La candidate, c'était moi".

"Mais la raison pour laquelle nous avons perdu se trouve dans les événements des dix derniers jours" de la campagne, a-t-elle poursuivi, martelant que le vote anticipé, les sondages et les remontées de terrain la montraient gagnante jusqu'à fin octobre.

Reprenant les conclusions de l'administration Obama, elle a accusé le président russe Vladimir Poutine, supposé entretenir une haine tenace à son égard depuis qu'elle a critiqué le déroulement d'élections russes en 2011.

"Quand vous regardez mon adversaire et les déclarations de sa campagne, ils se sont assez coordonnés avec les objectifs du leader dont je tairai le nom", a-t-elle dit, sans aller jusqu'à directement accuser MM. Trump et Poutine de collusion.

"J'ai gagné trois millions de voix de plus que mon adversaire", s'est vantée la démocrate. M. Trump a perdu le suffrage populaire, mais remporté l'élection au suffrage indirect.

Les déclarations de Mme Clinton risquent de renforcer son image de mauvaise perdante, alors qu'une partie des démocrates estime que c'est bien sa stratégie électorale, peu focalisée sur les classes populaires blanches, qui est en cause.

"Ce n'est jamais de sa faute", a tweeté l'élu républicain Jeff Duncan.

Donald Trump, lui, a souvent dit que les démocrates utilisaient la tentative d'ingérence russe comme une excuse pour masquer leur humiliation dans les urnes.
Mais Mme Clinton n'a aucune intention de s'effacer. "Je suis de nouveau une citoyenne active, membre de la résistance", a-t-elle lancé. (AFP)
 
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