le président Macky Sall recevant un rapport de l'ex présidente de l'Ofnac Nafi Ngom Keïta. Il finira par la virer sans motif crédible !
Douze mois et rien ne bouge ! Le Sénégal reste englué dans la « Zone rouge » considérée par Transparency International dans l’Indice de perception de la corruption pour l’année 2022. Avec une note égale à 43/100 comme en 2021, notre pays « stagne dangereusement dans la zone rouge », écrit sur son compte Twitter Birahime Seck, coordonnateur du Forum civil, la branche locale de TI.
La lutte contre la corruption demeure l’une des plus grandes faiblesses du pouvoir en place depuis avril 2012. La succession des scandales financiers et des détournements de deniers publics et l’incapacité des autorités à prendre les mesures indispensables à leur limitation ont sans doute incité beaucoup de responsables politiques et administratifs au sommet de l’Etat à ne plus craindre des sanctions. Les enquêtes récentes dévoilées par la Cour des comptes concernant le vagabondage financier sur les fonds Covid-19 et les atermoiements du gouvernement sont révélatrices de cette situation qui maintient le Sénégal dans la zone rouge de l’IPC.
En outre, la lutte contre la corruption souffre beaucoup de la domestication de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) dont les tentatives visant à faire sanctionner les autorités et personnalités gestionnaires de crédits sont quasiment réduites à néant. En particulier depuis le limogeage express de Nafi Ngom Keïta. Après les deux mandats de la magistrate Seynabou Ndiaye Diakhaté (6 ans), c’est le très controversé ex-procureur de la République Serigne Bassirou Guèye qui a été porte à la tête de l’Ofnac.
Ce dernier est accusé d’avoir été le bras bloquant des dossiers judiciaires transmis au parquet dont il a été le chef administratif pendant neuf ans. C’est pourquoi sa nomination est considérée par beaucoup d’observateurs et d’acteurs de la classe politique et de la société civile comme une mission de « nettoyage » des placards de l’Ofnac où trônent plusieurs dizaines de dossiers mettant en cause des responsables et proches du président de la République et membres de son régime.
Dans cette ambiance de corruption qui règne à tous les étages (ou presque) de l’Etat et de la République, la neutralisation des grands corps de contrôle se poursuit. Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, le chef de l’Etat a « mis le coude » sur un nombre indéterminé de dossiers présumés scandaleux, selon sa propre expression. En particulier ceux de l’Inspection générale d’Etat (IGE) dont les bureaux auraient d’ailleurs été transférés depuis belle lurette à la présidence de la république.
Il est utile de rappeler que c’est sur la base d’une enquête demandée par le président Sall qu’un Rapport de l’Inspection générale d’Etat a été utilisé pour condamner Khalifa Ababacar Sall lors de son fameux procès. Une condamnation à l’issue de laquelle les lois électorales ont été modifiées pour lui faire perdre ses droits politiques, ce qui l’a empêché de participer à plusieurs élections dont la présidentielle de février 2019.