Ibrahima Ndoye est le nouveau procureur de la République. Il remplace à ce poste Abdou Karim Diop. La décision a été prise lors de la réunion du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) tenue ce 9 août au palais de la République. Son bras droit au poste de procureur adjoint sera Moussa Thiam.
Magistrat d’expérience et jouissant d’une solide réputation d’intégrité professionnelle et morale, Ibrahima Ndoye occupait jusqu’ici le poste d’avocat général près la cour d’appel de Dakar.
Sa nomination sonne comme le véritable début de la reddition des comptes concernant plusieurs dizaines de dossiers judiciaires dont il héritera de son prédécesseur et d’autres brandis depuis l’arrivée du nouveau régime.
Mais son arrivée comme chef du parquet coïncide avec un contexte ou la justice tente de redorer son blason après avoir été au coeur de batailles politiques dans lesquelles le parti-pris de certaines de ses franges en faveur du régime de l’ancien président Macky Sall ont été fortement dénoncées dans l’opinion publique.
Les dérives du désormais ex procureur, Abdou Karim Diop, ont été une des raisons de la tenue des Assises de la justice en fin mai début juin 2024 sur initiative du président Bassirou Faye. Dans le rapport final remis au chef de l’Etat, il a été proposé la création d’un poste de juge des libertés en charge de contrebalancer la « toute-puissance » d’un parquet alors prompte à délivrer des mandats de dépôts aux opposants politiques et activistes de la société civile.
Cette réunion du Conseil supérieur de la magistrature est la première à laquelle participe le chef de l’Etat Bassirou Faye depuis sa prise de fonction du 2 avril 2024.
Président du CSM, il pourrait toutefois conserver le poste (ou le quitter) selon les préconisations adoptées par les participants aux assises de la justice de Diamniadio, près de Dakar. Deux courants s’opposent à ce sujet : ceux qui militent pour son maintien à la tête du conseil pour, dit-il, éviter au Sénégal de virer en une République des juges ; et ceux qui le pressent de le quitter au nom du principe de la séparation des pouvoirs.
Mais pour le moment, l’indécision du président Faye perdure car il veut prendre le temps nécessaire pour écouter tout le monde et prendre en compte tous les arguments.