La sortie médiatique du président Macky SALL, hier face à ses journalistes semble indiquer qu’il est en train de virer dans un sens souhaitable. Tant mieux si c’est le cas, car notre pays commence à se lasser de la situation de ni guerre ni paix qu’on y vit, qui, c’est évident, n’est propice ni à la marche des affaires, ni au fonctionnement des établissements d’enseignement, ni à la rentabilité d’une manière générale des efforts que font les travailleurs, où qu’ils exercent leur profession.
Vais-je trop vite en besogne ? Suis-je naïf de donner ainsi ma langue au chat sur la base des propos lénifiants du chef de l’Etat, lors de sa conférence de presse d’hier 22 février 2024 ?
Beaucoup parmi nous, après l’avoir entendu dire : « le 02 avril 2024 ma mission se termine à la tête du Sénégal » ont vu en cet engagement, une promesse qui pourrait ne pas avoir de suivi comme d’autres promesses avant elle. Mais malgré tout, soyons optimiste. Cette déclaration est, pour certains, à ne pas applaudir tant qu’on n’en verra pas un début d’exécution irréversible. Ces propos marqueraient-ils une volonté de leur auteur de polir son image après « la campagne nauséabonde » qui l’aurait souillée ? Soit dit en passant, le fait que le Président SALL se soucie de ce qu’une campagne qu’il qualifie de nauséabonde contre son image serait menée, signifie qu’implicitement il aurait posé des actes répréhensibles. Si tel est le cas, il ne peut pas ne pas se souvenir desquels et s’en défendre à l’occasion de sa conférence de presse d’hier, ou dans le cas contraire faire son mea-culpa, suite à une introspection à laquelle il aurait procédé .
Les auditeurs et autres télespectateurs qui l’avaient entendu prononcer les mots « loi d’amnistie » en ce qui concerne SONKO avaient failli mettre la charrue avant les bœufs, en applaudissant, mais ils ont dû se retenir, se disant peut-être que « c’est trop beau pour être vrai », compte tenu de l’acharnement inhumain que d’aucuns ont exercé sur celui-ci, qui est révélateur d’autre chose. Chacun de ceux qui ont trempé dans l’acharnement contre SONKO sait en âme et conscience, qu’il n’a pas commis un seul de la pléthore de torts et de crimes dont on l’accable. Aucun des agents de l’Etat qui ont contribué à l’une quelconque des manigances qui ont servi de prétexte pour motiver l’entrée en prison de SONKO, et son si long maintien là-bas, coupé du monde si l’on sait les tracasseries qui découragent plus d’un à demander l’autorisation de lui rendre visite, tout comme c’est le cas pour Bassirou Diomaye FAYE et tous leurs amis et camarades, qui souffrent comme eux pour leur cause, n’a jamais ignoré que leur seul tort est d’œuvrer vaille que vaille pour l’intérêt absolu de leurs concitoyens. Souci qui ne semble pas très partagé chez certains. Il est donc ridicule, fallacieux de prétendre qu’ils ne sont pas des détenus politiques. Ils le sont bel et bien, et aucun des observateurs, un tant soit peu doué de raison, de quelque bord politique qu’il puisse être, à quelque confession religieuse qu’il puisse appartenir, ne peut l’ignorer.
Il est manifeste que quiconque, dévêtu ou pas de ses atours de musulman ou de chrétien, pour avoir participé tant soit peu à ce qui cause les souffrances multiformes vécues pour des raisons politiques, sait qu’il ne lui manque pas de quoi se reprocher, durant tout le temps qu’il lui reste à vivre.
Une faute avouée est à moitié pardonnée, dit-on.
Mais même s’il ne faut pas s’attendre à ce que les agents de l’Etat qui ont trempé dans les combines ayant valu à Ousmane SONKO, à Bassirou Diomaye FAYE et à d’autres encore, de rentrer en prison sans pouvoir bénéficier de la liberté provisoire, malgré les raisons objectives exposées dans les lettres de demande de liberté de leurs avocats défenseurs, adressées à leurs juges d’instruction, que tous ceux qui, bien qu’étant à l’air libre, mais qui partagent d’une certaine façon le calvaire que vivent ces détenus spéciaux, peuvent apprécier à sa juste valeur la tendance à une paix qui ne peut avoir lieu au moment où des détenus politiques croupissent en prison.
J’appelle à une attitude générale, généreuse de nature à encourager le président Macky Sall à poursuivre sur la lancée qu’il a fait transparaître dans ses propos d’hier, à œuvrer pour vider de nos prisons ceux des détenus qui y sont absolument à tort, pour qu’ils cèdent la place à certains dont le fait de pointer du doigt tout le mal économique qu’ils auraient causé à notre pays, peut coûter des mandats de dépôt aux téméraires qui s’y risquent.
Sur le plan politique, il me semble, après avoir analysé la sortie du président Macky Sall, que pour peu que, qui de droit lui tende la main et que certains autour de lui comprennent que perdre le « blakhal madaa » que confère une proximité avec un tout puissant régnant n’est pas la fin du monde, il sera plus disponible pour sauter le rubicond, c'est-à-dire libérer une bonne fois Ousmane SONKO, Bassirou Diomaye FAYE. En ce qui concerne particulièrement ce dernier, le maintenir en prison au moment où ses concurrents pour les élections présidentielles battent campagne, équivaut à le handicaper très sérieusement.
Le 23 février 2024
Me Wagane FAYE